Patrick Bruneteaux est chercheur en sociologie politique au CNRS et membre du Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP-CRPS, CNRS/Paris 1). Il travaille depuis une quinzaine d’années sur la question sociale et les violences sociales. sur les politiques sociales en direction des SDF, ainsi que sur la Martinique et en l’anthropologie. Il a publié notamment Le carnaval des travestis. Les travestis makoumé (2006), Devenir un dieu. Le nazisme comme nouvelle religion politique (2004), Les nouvelles figures du sous-prolétariat 1999, Maintenir l’ordre - Les transformations de la violence d’Etat en régime démocratique (1995).
Le colonialisme oublié. De la zone grise plantationnaire aux élites mulâtres à la Martinique , Bellecombe en Bauges, Les Editions du Croquant, 2013 .
Intégrer les Rroms ? Travail militant et mobilisation sociale auprès des familles rroms de Saint-Maur, Paris, L’Harmattan, 2013 (avec N. Bénarrosh)
Les Enfants de Don Quichotte (dir.), Vincennes, Presses Universitaires de Vincennes, 2013
avec Véronique Rochais, Le carnaval des travestis. Les travestis makoumé, Editions Lafontaine, Martinique, 2006.
Le carnaval martiniquais, très différent du carnaval brésilien, est avant tout un carnaval populaire. Presque tous les bourgs s’animent à l’approche des jours gras et l’invention individuelle renouvelle toujours, année après année, les déguisements. Pour autant, derrière la multitude des travestissements et des parades, on peut retrouver un certain nombre de grands thèmes qui renvoient à la réalité du peuple créole opprimé. Le carnaval antillais nous invite donc à réfléchir sur les significations de festivités qui semblent davantage prolonger les conflits sociaux ordinaires qu’à obéir à une logique d’inversion, de suspension des règles de la vie sociale. Cet ouvrage montre que l’héritage du colonialisme est porté par le carnaval à travers un théâtre imaginaire qui accentue l’identité noire sous ses différents aspects culturels (...)
La rue. Rêves et réalité , Editions Emmaüs & Le Temps des Cerises, Paris, 2004
Devenir un dieu. Le nazisme comme nouvelle religion politique. Eléments pour une théorie du dédoublement, Editions Publibook Université, coll Sciences humaines et sociales, 2004
Patrick Bruneteaux déterre un sujet tabou et lui tord le cou, avec beaucoup de tact et d’intelligence, mais à la manière d’un scientifique qui justifie ses propos, c’est-à-dire ouvertement et directement. « L’objet de cet ouvrage est de trouver, à travers le cas de l’Allemagne, cette autre face de nos mondes sociaux – le « désocial » caractérisé par une perte radicale des repères – en articulant étroitement une perspective sociologique du vide social et une perspective anthropologique relative à l’angoisse de mort dans les sociétés sécularisées » (perte du religieux). Dans un tel état de crise, l’Etat, dernier rempart du lien social et monopole de la violence physique, peut opter pour le schéma classique de victimes expiatoires. Les pratiques de destruction contiennent alors « pour le bourreau des effets positifs ». C’est ce que montre l’auteur à travers cette étude passionnante fondée en grande partie sur des entretiens avec des survivants des camps, paroles sans pathos mais contenant l’horreur à l’état brut. - Lire sur GOOGLE LIVRES
avec Corinne Lanzarini, Les nouvelles figures du sous-prolétariat, L’Harmattan, 1999.
A l’heure de la " mondialisation " et des bavardages libéraux sur la nécessaire " pensée unique ", la sous-prolétarisation de larges couches de la population française est pourtant largement passée sous silence. Chacun sait que nous vivons dans une société capitaliste, sans cesse plus " flexible " et " compétitive " où les " lois du marché " s’accompagnent d’une pression généralisée sur les salariés, de licenciements réguliers célébrés en bourse et d’expulsions des " familles endettées ". Que deviennent ceux que l’on appelle communément et faussement les " exclus ", " les SDF ", les " mal-logés ", " les toxicomanes ", " les jeunes de banlieue " ? Que cache cette multiplicité aberrante et semble-t-il inépuisable des catégorisations administratives et journalistiques ? Si l’ordre capitaliste produit aussi des sous-prolétaires, l’Etat social, quant à lui, gère ces derniers à la marge en bricolant une fausse insertion tout en déployant une gamme sophistiquée de mises en dépendances. Il crée " l’assistanat " et les " violences " qu’il dénonce. (...)
Maintenir l’ordre - Les transformations de la violence d’Etat en régime démocratique, Presses de Science-Po, 1996.
Matraquage, tabassage, bavure accompagneraient fréquemment les manifestations et les grèves. De telles réactions de la part des forces de l’ordre ou des citoyens reflètent très imparfaitement l’usage ordinaire de la coercition dans les États démocratiques. Pour l’auteur, dont l’étude repose sur des archives inédites, des témoignages et des enquêtes, il s’agit là de “résidus” qui cachent une pacification globale de la violence de l’État dans les régimes démocratiques.
Compte-rendu de lecture par Dominique Wisler (Univ. Genève) dans la Revue Française de Science politique : EN LIGNE
avec Daniel Terrolle, L’arrière-cour de la mondialisation - Ethnographie des paupérisés, Editions Du Croquant, 2010.
Cet ouvrage explore les mondes de la pauvreté en se proposant de sortir du débat français sur l’exclusion. À partir d’analyses internationales neuves sur les différents visages de la paupérisation et de la survie des surnuméraires dans le cadre actuel de la mondialisation néo-libérale, il questionne la porosité des concepts scientifiques immergés dans la demande sociale et soumis aux catégories de l’action publique. Ce faisant, il contribue au dévoilement des formes de collusion des chercheurs avec le Pouvoir. Cependant, le parti d’embrasser différentes figures du sous-prolétariat dans le monde ne s’épuise pas à offrir un large panorama des formes d’exclusion et de survie sur les cinq continents. Outre qu’ils proposent des monographies inédites (Japon, Ukraine, Antilles, Palestine, Brésil, Pérou, USA, Ghana, France) révélant l’homogénéité de l’arrière-cour de la société néo-libérale, les auteurs ont aussi pour ambition de questionner intimement les postures des chercheurs affrontés à des violences sociales souvent extrêmes. (...)
« Pauvreté, précarité et formes d’exclusion en Martinique : une approche qualitative », Justin Daniel (dir.), P. Bruneteaux, J. Kabile, Nadine Lefaucheur, V. Rochais, Rapport pour le Ministère de l’Outre Mer, janvier 2007.
« Biographie d’un SDF alcoolique abstinent », Rapport pour l’Institut d’Etude sur les Boissons (IREB), décembre 2005.
« Les relais-santé en France », Rapport pour la Mission Interministérielle de Recherche et d’expérimentation, 2000.
« Produire les Solidarités »,Rapport pour la Mission Interministérielle de Recherche et d’expérimentation, 1996.
« Manoeuvres scientifiques en terrain militaire », in Genèses n°24, 1996.
« Susciter le désir par la tendresse. Les cadres de l’accueil caritatif sur une péniche Lyonnaise », in Politix, n°34, 1996.
« La gestion de ‘l’assisté’ », Futur antérieur, N°41/42, 1997.
« Les entretiens informels ou les conversations orientées », (avec C. Lanzarini), in Sociétés contemporaines, n°30, 1998.
« La sexualité des sous-prolétaires à la rue » (avec C. Lanzarini), L’Homme et la Société, n°129, 1998.
« Chawky Frenn : Painting of the Extreme », in Chawky Frenn, Ecce Homo, Vanderbilt University, Nashville, novembre 2000.
« Les CRS à la plage. Histoire d’une politique de relation publique des forces de l’ordre », Informations sociales, CNAF, 2001 (coordinatrice, Lise Mingasson).
« Entre dérision et dérisoire : l’humour comme tactique de survie dans les camps de concentration », Hermèsn°29, Editions du CNRS, 2001 (coordinateur Arnaud Mercier).
« Norbert Elias et la question du génocide : hypothèses explicites et hypothèses implicites du dédoublement », in Yves Bonny, Jean-Manuel de Queiroz, Erik Neveu, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2003, p 97-123.
« Figures du dédoublement : la mort lente ou le travail de divinisation du boureau », Sud-Nord, Folies et cultures, numéro spécial « Extermination », n°18, Erès, février 2003.
« Obstacles aux recherches sur les camps de la mort. Une pensée scientifique prise entre l’insignifiance et l’offense », Terrain, Carnets du patrimoine ethnologique, Ministère de la culture, février 2004.
« Sur les violences policières », Le Monde du 27 janvier 2004.
« Le dédoublement positif », Religiologiques, (directeur Jacques Pierre), Université de Montréal, Québec, octobre 2004.
« Se dédoubler en un être transcendant : la sacralisation séculière dans les Etats modernes pacifiés », Recherches Sociologiques, Université de Louvain, n°2-3, automne 2005.
« L’hébergement d’urgence à Paris où l’accueil en souffrance », Sociétés contemporaines, n°63, décembre 2006.
« Les politiques de l’urgence à l’épreuve d’une ethnobiographie d’un SDF », Revue Francaise de Science politique, janvier 2007 .
« Les limites de l’approche quantitative pour penser la pauvreté en Martinique » (avec J. Daniel et V. Rochais), in Mélanges en l’honneur de Michel Louis, à paraître en novembre 2007.
les politiques sociales en direction des SDF (notamment les politiques de l’urgence) et les modes de survie à la rue (à partir plus particulièrement d’une biographie d’un sous-prolétaire à la rue),
l’altermondialisme et le néo-colonialisme en Martinique. Deux études sont en cours : le forum social caribéen qui s’est déroulé en juillet 2006 et qui fait l’objet d’une exploitation qualitative et quantitative ; une étude particulière des effets du colonialisme sur les descendants d’esclave en appliquant le concept de zone grise à la situation antillaise),
l’anthropologie du dédoublement (qui comprend une analyse des camps d’exterminations et des pratiques des bourreaux mais aussi une étude des effets de la sécularisation des Etats occidentaux)
Séminaire EHESS 2010/2011 : Interrogations sur la violence : pour une approche sociohistorique de la cruauté
Docteur en science politique en 1993 à l’Université Paris 1
Habilité à diriger des recherches.
Mon doctorat a porté sur la construction sociale d’une force de répression étatique adaptée aux conflits sociaux collectifs s’exprimant dans l’espace public ou renvoyant aux libertés publiques (manifestations urbaines, grèves avec occupations, rassemblements ruraux autour de sites) : « La violence d’Etat dans un régime démocratique. L’institution des forces de maintien de l’ordre en France 1880/1980. La constitution d’une institution spécialisée dans la gestion des conflits collectifs ».