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Que veut dire traduire ?

Les enjeux sociaux et culturels de la traduction.

Rada Iveković
Rada Iveković, philosophe et indianiste repentie avec formation linguistique, démarche politique et féministe, est née à Zagreb en 1945. Elle a fait ses études à Belgrade, Zagreb et à Delhi. Elle a enseigné la philosophie au Département de philosophie de l’Université de Zagreb de 1975 jusqu’en 1991. Après un semestre à l’Université de Paris-7, elle a (...)

citation

Rada Iveković, "Que veut dire traduire ? Les enjeux sociaux et culturels de la traduction.", juin 2009, REVUE Asylon(s), N°7, 2009-2010

ISBN : 979-10-95908-11-1 9791095908111, Que veut dire traduire ?, url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article889.html

résumé

Nous entendons ici la traduction dans un sens élargi, contextuel plutôt que textuel, indiscipliné. Nous ne cacherons pas notre intérêt pour ce qui est appelé, aujourd’hui, « traduction culturelle », surtout dans l’univers de la langue anglaise et de celles qui empruntent à elle plus volontiers que le français ne le fait. La traduction culturelle au sens anglo-saxon est un produit des études postcoloniales, elles-mêmes insérées dans les Cultural Studies. Nous en reconnaissons les possibles limites idéologiques et historiques mais aussi la très importante ouverture d’horizons ainsi que l’interdisciplinarité bienvenue. L’un n’empêche pas l’autre. En français aussi, une conscience postcoloniale dote maintenant la traduction, thématique philosophico littéraire par excellence, d’une actualité théorique, historique et politique nouvelles. Le traduire n’est donc pas une thématique neuve, mais revigorée par des relectures décentrées depuis la mondialisation. Profiter de l’expérience de la traductologie en d’autres langues, et une convergence avec elles, est maintenant non seulement possible, mais devient incontournable.

[Ce texte introductif est traduit en ukrainien par Iryna Sobchenko ici : Що означає « перекладати » ? Соціальне і культурне значення перекладу http://transwriters.org.ua/2014/10/...]

Notre « traductologie » relève du langage – dans la mesure où elle en relève - dans un sens principalement métaphorique. Nous nous intéressons à la traduction au sens social, philosophique, littéraire. La traduction fait et défait les institutions et la sociabilité. Elle est la médiation en acte. Une politique de la traduction peut contribuer à désamorcer la violence qui, nous le savons, est toujours possible tout en n’étant pas, du moins en principe, fatale. Il n’y a pas de degré zéro de la violence. Mais de même et curieusement, il n’y a pas non plus de degré zéro de la traduction. La langue n’est-elle pas de quelque manière toujours déjà traduction ? Le traducteur et, historiquement plus souvent, la traductrice, se met lui-même/elle-même en traduction. Elle négocie l’accueil de l’autre dans la langue d’arrivée, tout en s’y investissant personnellement. Le « tiers » tant recherché de la traduction – c’est aussi la traductrice ; ainsi que le champ créé par elle dans l’activité de traduction, celui où se traversent les idiomes mobilisés. Cependant, bien qu’inévitable, la traduction ne garantit rien ; elle ne certifie pas de perfection et reste à jamais insuffisante. Tout comme la langue d’ailleurs, dont elle n’est qu’une forme de base.

Dans une série de conférences publiques destinées aussi bien à l’Université qu’à la ville, présentées par des invités maîtres de leurs sujets, nous avons abordé certains de ces thèmes par des approches diverses. Nous approchons la « traduction » sous l’angle politique, culturel, économique ou social, dans ses aspects philosophiques, linguistiques, poétiques ou sociologiques, avec des invités qui se sont intéressés au fait social, littéraire et politique par des biais les plus divers. La crise contemporaine des sciences sociales, de même que la fermeture généralisée pour l’autre, ne découlent-t-ils justement pas du refus de traduire, de l’impossibilité à représenter l’altérité, à laisser (se) représenter les autres ? Les plus difficiles à rendre, celles auxquelles on a le plus de mal à admettre la représentation, ne sont-elles pas les autres modernités que la modernité occidentale dans le modèle linéaire de l’histoire dont l’Occident a hérité et qu’il a transmis au monde ? Car la modernité représente paradoxalement à la fois ce grand bond historique vers l’avant et une coupure douloureuse de la modernité, aussi bien dans l’espace que dans le temps. Cette rupture s’articule justement en « modernité » et « tradition », et nous avons l’habitude de nous attribuer la première en reléguant la seconde aux autres géographiques et historiques : ceux (venus) d’ailleurs ou ceux qui nous ont précédés sont « traditionnels », « pré modernes ». « Tradition », de même que « modernité » deviennent alors des termes normatifs, et le premier est péjoratif. La coupure de la modernité interdit de voir une continuité jusqu’à aujourd’hui pour des termes et concepts venant des autres cultures que l’occidentale/européenne. Tout ceci est compliqué par le fait qu’aussi bien « Occident » et « Europe » qu’ « Orient » etc. son devenus de purs clichés et sont des constructions appartenant à un système de valeur préétabli et non interrogé. Pourtant, pour les cultures qui sont la norme, véhiculées par les principales langues dominantes, il y a bien continuité entre tradition et modernité ; et c’est cette continuité là qui est proposée au monde entier comme la meilleure pratique. Cela montre aussi qu’il n’y a pas de symétrie ni d’égalité entre les langues, et que l’égalité et la justice cognitive est quelque chose de difficile à obtenir qui ne peut se construire qu’en condition d’asymétrie et donc par des politiques de la traduction qui relèveraient de l’affirmative action, (mal) traduite comme « discrimination positive ». Or, ces démarches pratiques, bien que nécessaires, sont elles-mêmes théoriquement problématiques. Ce qui semble important dès lors que nous nous intéressons au traduire, c’est d’en comprendre les mécanismes, et de prévoir et calculer les bonnes politiques de la traduction sous condition d’inégalité des idiomes et des manières de voir le monde.

La traduction n’est nullement une activité neutre ou invisible, au contraire de ce que l’on a pu en penser en d’autres circonstances. C’est sans doute dès l’Ecole de Francfort que l’on ne croit plus à l’imperceptibilité de la traduction en Occident. Cette prise de conscience a sans doute partie liée avec le tournant linguistique en philosophie, avec l’apparition de la psychanalyse qui démonte les fausses certitudes sur la neutralité et l’innocence du langage, et accompagne une histoire sans laquelle elle ne pourrait être. L’histoire coloniale puis postcoloniale a fait éclater au grand jour les tensions politiques du traduire, de même qu’elle a fait apparaître et exposé les différents points de vue, les contextes et perspectives décentrés, contradictoires, pluriels et hors champ. Mais ceci vient par-dessus le marché en quelque sorte, puisque les langues et la traduction portent en elles la pluralité irréductible de l’humain.

Deux des conférences sont tombées au moment de la grève universitaire et de la recherche en France de 2009 et ont été prononcées dans le cadre de l’« Université solidaire » (Ghislaine Glasson Deschaumes, Michel Deguy). Et quel autre et meilleur exemple de l’échec de toute traduction dans le blocage politique en cours alors comme encore aujourd’hui - qui oppose toute la communauté universitaire, l’éducation en général (pour nous limiter seulement à notre sphère ; mais la crise de 2009 va beaucoup plus loin), aux pouvoirs, aux instances de tutelle, aux ministres, aux ministères et à la présidence de la République ? Sans traduction des intérêts et revendications des uns dans les politiques des autres destinées à tous, sans dialogue, il n’y a pas de déblocage possible. On peut voir cette crise comme l’échec de la traduction politique et sociale en France et sans doute plus largement, au moins en Europe.

En faux-vrais traductologues, nous avons tout de même fait ensemble, grâce à nos conférenciers, quelques exercices de traduction qui, a posteriori, semblent partager une commune cohérence.
Quelle passion anime Clarisse Herrenschmidt qui est toute investie, y compris physiquement, dans la traduction entre de nombreuses langues, disciplines, manières de penser, histoires, temporalités ? Travail de multitraduction s’il en est ! Ici, l’auteure « traduit » en plus simple, c’est-à-dire présente à ceux qui ne l’ont pas encore lu, son livre sur les trois écritures. Les trois écritures dont elle parle ne sont pas celles des langues qui, elles, sont beaucoup plus nombreuses. Toutes les écritures des langues renvoient à un même principe et sont l’une des écritures dont elle parle. Les deux autres étant les nombres (les chiffres) pour la plus ancienne, et les codes pour la toute dernière (les langages techniques, et techniquement arbitraires ; l’informatique, qui dépasse, tout en conservant, les deux premières écritures) : « Le code constitue le langage chiffré de traduction dont se sert la machine pour écrire à sa façon tout ce que l’utilisateur y fait pénétrer (…) » (voir ci-après, italiques par R.I.). Parmi les « écritures », les langues seules sont dotées de réflexivité et peuvent s’expliquer elles-mêmes. L’écriture est elle-même une traduction – de l’invisible ou de l’inaudible en visible, et en savoir possible ; et elle transporte une sorte de filiation qui représente l’histoire. Mais parmi les écritures, il y en a une en particulier que Clarisse Herrenschmidt relève comme importante avec un regard inédit : « l’écriture monétaire arithmétique’. Celle-ci est caractérisée par l’association entre les nombres, leur expression graphique en dehors de leur expression linguistique, le métal précieux des pièces qui matérialise des nombres (ou la convertibilité des billets en métal précieux) dans l’usage social des monnaies. » On découvre ici la traduction – une traduction tellement précoce qu’on en reste émerveillée -, au delà du truchement entre des valeurs, entre le monde matériel et le monde idéel qui est si caractéristique du vivant humain. Très finement, C. Herrenschmidt observe que les parlants de différentes langues produisent des contextes différents en parlant, et ils parlent tous avant d’écrire ; les différentes écritures s’insèrent différemment dans l’univers parlant. Les alphabets distincts prolongent différemment chacun ces insertions/intrusions dans l’univers construit par un continuum propre (et un continuum entre les mots et les choses indépendamment de l’aspect graphique) ; ils forment, par-dessus la langue parlée, des noeuds de symbolisation directe qui agissent aussi, paradoxalement, par la – désymbolisation graphique : « écrivant leurs langues dans des systèmes graphiques différents, les êtres humains ne s’inscrivent pas de la même manière dans le monde. L’écriture de la langue forge et informe leur psychè — il en va de même avec celle des nombres et l’informatique » (C. Herrenschmidt, op. cit. ici-même). Plus important encore, les signes graphiques participent d’une traduction de la matérialité du monde créé : « si les signes se coulent dans ce qui les engendre, la théorie du langage préalable à l’écriture de la langue, ils transforment leur matrice — ainsi les démocrates athéniens de 403 avant notre ère virent dans leur alphabet complet qui place le signe à l’intérieur du sujet, une virtualité hors la loi, lourde de l’advenir de l’individu dont la parole échapperait aux lois communes de la Cité avec ses dieux : ils en corrigèrent la puissance peu de temps avant de vouer Socrate à la mort » (op. cit.). Pas étonnant alors que l’on confie aux lettres ou au texte parfois, selon les cultures, l’exploit de traduire la divinité (de traduire entre les humains et les divins), ou bien celui de dire la loi suprême, celle de la cité, de la République etc. ce qui, d’ailleurs, revient au même. Que la parole ou l’écrit soient dotés de puissance poétique, c’est tant mieux en plus d’être la même chose : cela en rajoute à leur efficacité. La traduction poétique est une alchimie à part d’une puissance inouië.

Nous en avons Michel Deguy pour témoin, pour qui, de surcroît, le poétique et le politique se trouvent du même côté : « La traduction fait venir en faisant revenir », dit-il ; « elle fait advenir comme pour la première fois (Dante ou Pétrarque « arrivent » en français). Le devenir de la traduction poétique de Dante, hantise de sa revenance, est un des grands opérateurs de la translatio qu’est la littérature. Le lien musaïque dénomme un rapport « musical » à la langue : rythmique et poétique. C’est la beauté du sens par la beauté de langue. Le poème fait entendre la capacité de la langue à dire le monde (une version italienne, ou française, des choses) : ce dont nous pouvons jouir en jouissant de la langue. Nous ne jouissons de cet autre monde dans le monde qu’en jouissant de notre langue par le poème qui la fait entendre, en passant (repassant) au ralenti, et en registres rares » (voir de M. Deguy, « Traduire », ci-après). M. Deguy nous rappelle que « d’Ovide à Kafka en passant par l’imagination chrétienne, tout est métamorphose ; c’est un des noms de la « traduction », de la mémoire en translatio. » La métamorphose, comme devenir du monde, n’est-elle pas toute traduction, ou traversée par la traduction ? Et la politique et l’esthétique – dont la poétique est une forme – ne sont elles pas en égale mesure préoccupées par la représentation ? A la fois son inévitabilité et son impossibilité, comme ce que nous disons de la traduction tout court ! Edouard Glissant ne parle-t-il pas de poétique de la relation ? Or, la relation est déjà politique. Comme Michel Deguy le montre dans tout son travail entre philosophie et poésie, ainsi que transposant infatigablement de l’une à l’autre, la traduction est relation et fait passer du dedans vers le dehors. Il rappelle que Rimbaud disait « Je réservais la traduction ». « Réservais » ! Dans le passage de la traduction il se recrée une « continuité » à partir d’une discontinuité voulue (celle qui « réserve », justement). Car la traduction ne transmet pas tel-quel, ne reproduit pas le même – elle produit de l’autre à égalité (dans le meilleur cas, à égalité, puisque les échecs sont hélas nombreux). L’œuvre traduite n’est donc point reproduite ni déplacée dans la traduction : elle fait surgir, en inspirant la traductrice-auteure, son équivalant, toute proportion gardée. « Toute proportion gardée », voilà alors la vérité inthéorisable de la traduction, dont l’authenticité consiste justement en son infidélité à l’original. D’où l’expression « traduttore-traditore ». La traductrice prend sur elle le poids de l’écart, ce que Stephen Wright a appelé le cœfficient d’étrangeté. Elle se rend responsable de l’asile de l’œuvre, de la reproduction d’un contexte, dans la langue et la culture d’arrivée (dont elle partage le destin avec les parlants). La transposition de l’œuvre, qui relève du miracle de la trans-substanciation, annonce, signifie, garantit et perpétue aussi la tra-duction, la sé-duction, l’accueil non seulement d’un objet (un texte, des idées) mais aussi celle de l’auteure, de personnes, de populations, d’humanités, d’imaginaires. La traduction rend justice dans le meilleur de cas, quand elle ne fait pas injustice. Mais elle est capable de toute la gamme, et ne présente pas de garantie.
Dans une pilule concentrée de petit texte comme elle sait en jeter sur papier, Mira Kamdar présente le mot « mat » qui veut dire « vote » en hindi : « C’est un terme intéressant, car il signifie également opinion, conviction, doctrine, croyance. Voter, en hindi, c’est donc non seulement exprimer son opinion et ses convictions, mais aussi ses croyances », écrit-elle. Mais dans « mat » en plus, ce qui est surtout intéressant, c’est la racine sanskrite (√ mat) du terme qui renvoie à la fois à matière, à mère, à maya (l’architecte mythique qui mesure, et l’architecture, avant de devenir dans un renversement, surtout dans sa mauvaise traduction occidentale, « illusion »), à tout ce qui est matériel et mesurable…. (« maya » dans ce sens veut dire exactement le contraire que son cliché). A revoir à ce sujet les Immatériaux de Jean-François Lyotard qui (l’exposition en 1985 au Centre Pompidou ainsi que le catalogue livre-en-salade homonyme) ont fait de cette thématique la partie la plus passionnante du parcours. Les élections indiennes de 2009 – à l’heure où j’écris personne ne peut en deviner le résultat exact – traduiront une volonté des quelques 700.000.000 et plus de votants de ce grand pays, quelle qu’elle soit. Pour reprendre Mira Kamdar dans le même texte – « Les Indiens feront sans doute encore une fois la démonstration admirable – et rare dans leur région – d’un changement de gouvernement par le choix du peuple. » Les tensions et luttes politiques se traduiront en vie matérielle, le mot « mat » désignant le vote, en quelque sorte le « lieu de départ », mais véhiculant dans sa mémoire sémiotique et étymologique le matriciel de la vie réelle, corporelle, mentale, spirituelle, qui englobe toutes les dimensions et tous les termes de la traduction, et le rapport traductionnel dans son ensemble : celui du devenir humain au sein du vivant.

L’Asile de la traduction est aussi ce qui intéresse Stephen Wright et Ghislaine Glasson Deschaumes. En donnant asile à une œuvre dans une langue autre que celle de sa composition, on la recrée, on lui invente des doubles et on lui donne de la compagnie, on lui ouvre, ainsi qu’à ses parlants, toute une sociabilité insoupçonnée, des relations, une foule à l’accueil et une terre de bienvenue et de passage. On donne par elle aussi refuge à tous ceux qui la parlent et à tout ce qu’elle véhicule. On la libère de son enracinement ; en quelque sorte, on lui donne la chance inouië de devenir autre chose.
Stephen Wright nous dévoile le passage des frontières par la « traduction », aussi bien la traduction linguistique, que cet art de vivre qu’est la mise en traduction (se mettre en traduction, se mettre à disposition), et qui fait ressortir le cœfficient d’étrangeté nécessaire au truchement en tant qu’il n’est pas simplement une technique de transfert d’un terme à un autre (d’une langue, d’une œuvre…) mais dans la mesure où le passage, la translation, fait elle-même l’oeuvre. Et la fait, bien entendu, dans une légèreté inouië, comme une délivrance et un éloignement de tout destin tracé d’avance. Cependant, comme nous dit Ghislaine Glasson Deschaumes à propos de la politique française et européenne en Méditerranée, dans l’article ci-après qui fait subtilement la part des choses entre la traduction par l’Etat (une « -duction », « direction », « commande », et en fin de compte un arrêt) et la traduction à l’origine des politiques, des institutions, des transformations, des devenirs, des mouvements, du politique) : « la traduction est aujourd’hui, et hormis quelques tout récents développements, en 2008 et au cours du printemps 2009, l’étrange impensé des politiques culturelles, des pratiques interculturelles, des stratégies et programmes de recherches ». Et plus loin : « le dialogue interculturel [,] que l’Union européenne célèbre cette année néglige le lien entre culture et politique et court ainsi le risque de n’être qu’une coque vide. » Le rapport entre culture et politique, qui doit s’installer dans la construction du commun et de l’avenir pour devenir vraiment opératif, doit permettre à l’écrivain de se libérer de la « pesanteur de sa nationalité » (Mahmoud Darwich cité par G. Glasson Deschaumes) en ouvrant sa langue à l’autre et en s’ouvrant vers le plurilinguisme. Le politique n’existe que dans ce passage e direction de l’autre et ne saurait se tapir dans l’identité du même. Il s’agit donc de lutter contre la « détraduction » et le monilonguisme qui équivalent à la dépolitisation. Il « s’agit de « penser réciproquement ». Et, comme elle le dit si bien plus loin, « croire que les langues doivent être protégées de l’altération, fixées et présentées comme des biens immuables, revient à les condamner. »

En se penchant sur les politiques de l’image, Frederic Neyrat s’insurge contre deux régimes : les images-fixes, les images stéréotypiques d’un côté, auxquelles il n’arrive plus rien ; et de l’autre les images-flux, qui se transforment comme si rien ne leur était arrivé. Il montre l’alternative par laquelle l’art présente la possibilité d’une traductibilité des images capable de leur assurer une vie esthétique digne de ce nom. Selon lui, la traduction serait la scène et le temps nécessaires pour qu’il arrive quelque chose aux images au moment de leur traversée des frontières géographiques – passage d’un pays à un autre – mais aussi matérielles – changement de supports.
Etienne Balibar
, quant à lui, confronte deux manières de traduction – la guerre et le commerce – par la lecture d’Edward Said, de Jacques Derrida et de Jean-Francois Lyotard. Il explore comment ces deux modalités se présentent et se traversent dans la mondialisation.
Annie Montaut, seule véritable traductrice de la série, se penche sur les divers niveaux d’entendement à l’oeuvre dans l’effort de traduire du hindi le roman d’une auteure contemporaine telle que Geetanjali Shree : il s’agit de traduire entre les langues, entre la “tradition” et la “modernité”, entre le féminin et le masculin etc…

A travers la littérature et la psychanalyse, Anne Berger étudie dans la langue et pour la pensée les effets des traversées les plus diverses de frontières et la façon dont elles brouillent la “différence des sexes”.
Citons Antoine Berman, dont le séminaire du Collège international de philosophie dans les années ’80 vient d’être publié : « En premier lieu, la traduction n’est point recherche d’équivalences, mais mouvement vers la parenté des langues. Elle produit cette parenté sans la supposer. En ce sens, elle est le plus grand bouleversement qu’une langue puisse connaître dans la sphère de l’écrit. En second lieu, l’œuvre est liée à sa langue sur un double mode, contradictoire : celui de l’enracinement et celui du dépassement, de l’écart. Proust dit que les grands textes ont toujours l’air d’avoir été écrits dans une langue étrangère. Par l’enracinement, l’œuvre s’enfouit dans l’épaisseur de la langue natale ; par l’écart, elle s’arrache à elle en produisant une ‘autre langue’, étrangère dès lors à la langue commune. Enracinée, l’œuvre est intraduisible. Subversion de sa langue, elle l’est au plus haut degré. Et ici advient une curieuse dialectique. La traduction, d’abord, ne fait que radicaliser ce mouvement de subversion. Elle a pour ‘fin’ de déporter l’œuvre toujours plus loin de sa langue. Mais plus une œuvre est traduite, plus s’accroît pour elle la possibilité de s’enraciner dans sa langue en apparaissant comme intraduisible. Cela n’apparaît guère au moment de sa ‘naissance’, où ce périple n’a pas encore été effectué. Elle n’apparaît comme œuvre-de-la-langue-natale que lorsqu’elle est (re)traduite. On peut donc dire que la traduction accomplit le rapport de l’œuvre à sa langue. » (p. 53)
Qu’est ce que la ‘parenté des langues’ dont parle Berman ? Ne nous parle-t-on pas de langue maternelle, de langue natale, comme ici ? La langue maternelle n’est pas notre mère à nous (et d’ailleurs, elle n’est pas socialement la langue de la mère mais surtout la langue du pouvoir, donc symboliquement plutôt celle du père…). Elle est la mère des langues, c’est-à-dire qu’elle accueille en elle – et fait naître pour nous – toutes les autres langues. Elle donne asile. C’est parce que nous avons une première langue que nous en apprenons d’autres et que nous pouvons les parler. Sinon, en matière de langue maternelle qui serait notre langue à nous – je dirais que la mienne est sûrement traduction. Pourquoi ? Parce que toute langue suppose déjà la possibilité de la traduction et que d’ailleurs toute langue traduit déjà au moins de l’intérieur vers l’extérieur. Depuis mon for intérieur vers l’autre. Une langue en reçoit d’autres (chacune à sa manière) et fait la médiatrice entre les parlers.

Testons quelques exemples parmi d’autres de traduction sociale ou culturelle :

1. Manas Ray, écrit dans « Growing up refugee » : « The fight was between the CPI(M) and the Congress, but it was translated into a fight between two localities » (in History Workshop Journal Issue 53, 2002, p. 154) : la lutte entre le parti politique CPI(M), « Parti communiste de l’Inde (marxiste) », et celui du Congrès, se traduisait [dans les bidonvilles de Calcutta] en lutte de quartiers. Cette traduction était à la fois un déplacement des raisons du conflit, ainsi que celui de leurs but, puisque une révolte populaire – celle du baraquement – se trouvait réduite à des revendications idéologiques (du CPI(M)) auxquelles répondaient d’autres slogans qui, ceux-ci (du Congrès), renvoyaient aux enjeux du pouvoir. Dans cet exemple, la traduction était « pauvre » et simplificatrice, puisqu’elle réduisait la complexité des revendications en des rixes de secteurs.

2. La guerre d’Espagne, dont l’histoire est enfin déballée aujourd’hui après une longue période d’amnésie collective infligée, problématise le rapport mémoire/oubli, et la traduction des mémoires incompatibles et exclusives : dans une émission en mars 2009 sur cette période sur France Culture, quelqu’un disait que, dans l’opposition entre les franquistes et les brigades internationales, entre le fascisme et le communisme, les voix (en l’occurrence) celles des royalises non franquistes ne trouvaient pas de traduction. Bien sûr, le deux réduit toujours irréparablement, et ne peut pas exprimer ni traduire, la complexité et la multiplicité du monde. Sans relever particulièrement la cause des royalistes antifranquistes, il s’agit de voir comment la dichotomie évacue la richesse, la multiplicité et la complexité d’une réalité politique en la réduisant au simple « pour » ou « contre ». Il n’y a pas que les royalistes antifranquistes qui n’y ont pas trouvé leur compte historique, mais surtout toute la population civile, les républicains d’obédiences les plus diverses (même en guerre entre eux, une guerre dans la guerre civile ayant aussi eu lieu) ainsi que les points de vue et perspectives les plus divers au sujet – parfois – de thématiques éparses. Ce qui est effacé par le binaire, ce ne sont pas seulement les grandes lignes politiques alternatives, réduites au deux toujours de manière caricaturale et en opposition tranchée, ce sont aussi toutes les nuances, les lignes convergentes, transversales, les approches distinctes bien que compatibles, compossibles de la plus grande diversité d’opinions.

3. L’histoire a posteriori du communisme regorgeant de triomphalisme simpliste en est, par exemple, aujourd’hui pleine. On affuble les gens de « pour » ou « contre » sans connaître les conditions dans lesquelles se constituaient et s’exprimaient les points de vue. On oublie qu’au-delà du « pour » ou du « contre » il y a toujours eu une expérience et une réalité de vie qui disparaît complètement dans l’opposition fabriquée a posteriori. Les histoires d’anciennes archives secrètes des polices des pays de l’Est, relues sans la lumière historique, produisent de ces simplifications qui ont pour résultat d’empêcher que l’on apprenne quelque chose de l’historie, en plus de nuire sérieusement à la traduction politique et à la traduction entre passé et présent.

4. Denis Guénoun a montré dans une séance des Rencontres du Collège international de philosophie sur « Identité et centralité : ce que l’Europe dit d’elle-même. Comment déplacer la perspective ? » sous la responsabilité de Ghislaine Glasson Deschaumes, comment une expérience de vie – celle de son origine – ne trouve pas vraiment de traduction dans la réal politique de la colonisation française de l’Algérie et de l’indépendance. Ce qu’il a dit de l’Europe vaut de toutes les identités nationales : « Toute l’histoire de l’Europe est une histoire d’arrivants et non de natifs » ; c’est-à-dire qu’elle est aussi une fiction.

5. Certaines revendications d’opposition, politiques alternatives, politiques du peuple et des subjectivités non reconnues, ne trouvent pas de traduction en termes et discours politiques, et surtout pas en discours officiels et « recevables ». Il survivent donc à l’état du sous-entendu, du non dit, du non entendu ou de ce qu’il y à encore à articuler et traduire. C’est là que ce révèle toute l’ampleur de la normativité de notre pensée, de nos sciences etc. Cela dévoile à quel point il n’y a pas d’égalité, par extension point de justice et, entre autres, pas d’égalité ni de justice cognitives. En plus des autres aspects de la justice du peuple, de la population, des subalternes et des opprimés – non pas celle des institutions, des tribunaux, mais celles des demandes de rétablissement de la justice, il faut penser à l’inégalité cognitive et la justice des connaissances qu’il y a à rétablir ou plutôt à établir. C’est à une révolution épistémologique qu’il faut penser. Elle nous viendra du « Sud », et même des rapports « Sud-Sud ». Elle nous viendra quand les revendications ignorées, écartées, se feront entendre et amèneront pour tous un changement de perspectives. « Sud » ici n’est pas une désignation géographique ni identifiable : ce terme rassemble tout ce qui échappe à l’hégémonie dominante, va à contre-courant et propose de l’inattendu et inouï. Le « Sud » de la planète, ainsi que l’Est », rassemblait la plupart des perspectives « du Sud » du temps où les points cardinaux pouvaient encore produire de la hiérarchie. Mais ceci n’est plus possible depuis l’accomplissement de la mondialisation, depuis que le cercle du pourtour de la planète a été clos. Le Sud global est devenu symbolique et il peut dorénavant résider n’importe où, y compris au Nord.

6. Le paradoxe de la Révolution épistémologique à venir est celui de toute chose humaine – elle ne peut venir que par un instrument à double tranchant – la langue. Comme la langue, traduire est aussi à double tranchant. Revenons alors au rapport langue – traduction, bien que je n’utilise moi-même en général la langue et la traduction linguistique principalement que comme des métaphores.

Citons enfin Marco A. Fiola de l’Université du Québec à Outaouais : « Lorsqu’on reconnaît le pouvoir de décision dont dispose le traducteur, le rôle du traducteur et de la traduction en tant qu’agents de transformation sociale ne fait plus de doute. » (« Présentation », in TTR, Traduction, terminologie, rédaction, Volume 17, numéro 2, 2e semestre 2004, p. 9-12, http://www.erudit.org/revue/ttr/200...) Ainsi, la traduction est un pouvoir. En gros et vu du côté positif, c’est le pouvoir de désamorcer la violence en faisant passer des idées d’un contexte à un autre. N’oublions pas que faire passer les idées, c’est aussi faire passer des humains – ceux qui les créent, qui les portent, qui les traduisent, qui les font passer en contrebande, qui les imposent, qui les subissent, qui les adoptent ou s’y fourvoient… Il va de soi que la traduction porte en soi le même potentiel de violence que de non violence. Pourtant, nous ne pouvons nous passer de cet instrument, car le traduire est le cheminement même des idées par le langage, et qu’elle se fait même à notre insu. Accompagner la traduction signifie en exercer une politique - une politique de la traduction. Celles-ci sont au choix – elles sont nombreuses, et ne sont pas à l’abris de nos erreurs politiques et autres.

« How is translation a dispositif for the political ? » cette question est posée dans la Pages Newsletter / 20.03.09 d’une revue iranienne publiée à Rotterdam que Stephen Wright m’a signalée. En effet, je m’évertue à essayer de comprendre le rapport entre le politique et la traduction. Dans le n° 7 de ladite Newsletter, principalement en anglais, un auteur (Saleh Najahi) donne à son texte le titre de « Translation as the Experience of Homelessness » : la traduction comme expérience de sans-domicile (d’absence de domiciliation).

Mais on pourrait penser au contraire : à la traduction comme domiciliation, à la langue comme domicile (comme pour les Tsiganes : la langue remplace, figure pour, la terre), à la territorialité de la langue bien que la langue ait du transterritorial. Interpellé en mars 2009 à mon séminaire, David Ludden, historien de l’Asie du Sud, expliquait quant à lui que la langue ne peut se déterritorialiser complètement. A méditer et à s’interroger.
C’est surtout cette opposition dans la traduction qui nous intéresse, et qui est sa teneur politique. L’entre deux : entre deux termes, entre le domicile et son absence, entre deux langues, entre une œuvre et sa traduction réussie. Et l’insuffisance du deux qui oublie le traducteur. Mais maintenant, en traductologie culturaliste, on nous parle de l’éthique de la traduction. Traduction éthique versus traduction ethnique ou ethnocentriste, eurocentriste… La traduction peut en effet servir les deux maîtresses. Mais aucune éthique ne nous mettra jamais définitivement à l’abri de l’ethnique, sauf à oublier de poser la question de l’origine du système de valeurs dites « éthiques ». Dans ce sens, et pour rester au plus près de la métaphore langagière, traduire reste le cheminement sur le fil du rasoir entre la bonne et la mauvaise traduction, sans que personne, jamais, ne puisse expliquer les raisons de l’une ou de l’autre. Ce sera toujours au cas par cas. Que nous restions à jamais dans le paradoxe du sans garantie, voilà bien l’exaspération de la condition humaine et le paradoxe existentiel. C’est aussi celui de toute traduction.

La traduction tisse l’imprescriptible du droit d’asile universel et le droit universel à la déterritorialisation, reterritorialisation, mais principalement à la déprise de l’ancrage fatal dans quelque identité que ce soit. Elle permet de construire le non destin du vivant, elle permet de se déprendre de la théologie de l’Occident, ou de l’Un, ce qui historiquement revient au même tout en ne relevant d’aucune métaphysique.

À Paris, mai 2009.
Rada Iveković 
- collectif@ciph.org


Petite bibliographie circonstancielle pour Asylon(s) n°7 :

Michel AGIER, Gérer les indésirables - Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Paris, Flammarion2008.

Clémence ARMAND, Droit d’asile, au NON de quoi ? - Témoignage d’une officière de protection, Paris, Éditions Toute Latitude, 16 nov. 2006.

Etienne Balibar, Jacqueline Costa-Lascoux, Monique Chemillier-Gendreau, Emmanuel Terray, Sans-papiers : l’archaïsme fatal, Paris, Editions La Découverte, 1999.

Etienne Balibar, La proposition de l’égaliberté, Paris, PUF 2010.

Antoine Berman, L’Âge de la traduction. « La tâche du traducteur » de Walter Benjamin, un commentaire, Saint-Denis, PUV 2008.

Marc Bernardot, Camps d’étrangers, éditions du Croquant 2008.

--- --- Loger les immigrés. La SONACOTRA 1956-2006, éditions du Croquant 2008.

Didier Bigo, Laurent Bonelli, Thomas Deltombe (dir.) Au nom du 11 septembre... Les démocraties à l’épreuve de l’antiterrorisme, Paris, La Découverte2008.

Bartolomé Clavero, Freedom’s Law and Indigenous Rights. From Europe’s Oeconomy to the Constitutionalism of the Americas, The Robbins Collection Publications, (Studies in Comparative Legal History), University of California at Berkeley 2005.

Collectif, Cette France-là, 06 05 2007 / 30 06 2008 : Volume 1, Paris, La Découverte 2009 ; réalisation de ce volume collectif : Anne-Isabelle Barthélémy, Catherine Benoît, Vincent Berthe, Carolina Boe, Jérôme Boillat, Emmanuelle Cosse, Pascale Coutant, Grégory Curot, Eric Fassin, Michel Feher, Caroline Izambert, Gaëlle Krikorian, Pauline Langlois, Christophe Le Drean, Philippe Mangeot, Maja Neskovic, Michaël Neuman, Mathieu Potte-Bonneville, Isabelle Saint-Saëns, Antonin Sopena, Judith Soussan, Corinne Volard & Aurélie Windels http://www.cettefrancela.net, édition intégralement disponible.

Collectif, Enfermés dehors. Enquête sur le confinement des étrangers, coordonné par Carolina Kobelinsky et Chowra Makaremi, Préface de Didier Fassin, Edts du Croquant 2009.

Michel Deguy, À l’infinitif, Paris, Éditions La Centuplée, 1996

--- --- L’Énergie du désespoir, ou d’une poétique continuée par tous les moyens, Paris, Presses Universitaires de France 1998.

--- --- La Raison poétique, Paris, Galilée, coll. « La Philosophie en effet », 2000.

--- --- L’Impair, Tours, Farrago, 2000

--- --- « Ouverture sur le monolinguisme » Crosswords X mots croisés http://www.eurozine.com/articles/20..., 2008

Jacques Derrida, Le monolinguisme de l’autre, ou, La prothèse d’origine, Galilée 1996.

Elsa DORLIN, La matrice de la race - Généalogie sexuelle et coloniale de la nation française, Paris, La Découverte 2006.

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--- --- « Traductions, écrits, bibliothèques », à paraître dans les Actes des Etats généraux culturels méditerranéens, 2009.

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« Lire à l’envers » et « Reading back to front », pour la Fondation européenne de la culture, Amsterdam, août 2007, www.eurocult.org

--- --- « Déjouer l’uniformisation » et « Opposing homogeneisation », pour la Fondation européenne de la culture, Amsterdam, août 2007, www.eurocult.org

--- --- « Le silence culturel et politique des immigrés en situation régulière », in Mondialisation, migration et droits de l’homme : un nouveau paradigme pour la recherche et la citoyenneté, sous la dir. de M.-C. Caloz-Tschopp et P.Dasen, éd. Bruylant, Bruxelles, 2007 
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--- --- « Note de lecture institutionnelle : l’Europe comme discours de la centralité », in Rue Descartes n° 62, 2008, p. 122-124.

Edouard Glissant, Philosophie de la relation : Poésie en étendue, Gallimard 2009. 
Poétique de la Relation. (Poétique III) Paris, Gallimard, 1990

Daniel Heller-Roazen, Echolalies : Essai sur l’oubli des langues, Seuil 2007.

Clarisse Herrenschmidt, Les Trois écritures. Langue, nombre, code, Paris, Gallimard 2007.

Rada Iveković, quelques textes autour de la thématique de la traduction : 
http://www.bookfinder.com/author/ra...http://www.reseau-terra.eu/article7...http://translate.eipcp.net/transver... (éditorial “Traduire la violence de la plèbe” + choix de textes) 
http://eipcp.net/transversal/0908, “Place of Birth : Babel”. 
http://translate.eipcp.net/transver..., « De la traductrion permanente ». 
http://www.eurozine.com/articles/20..., « Transborder translating ». 
http://xwords.fr/blog/axis1/49, « Se mettre en traduction ». 
http://reseau-terra.eu/article749.html, « Traduire les frontières. Langue maternelle et langue nationale ». 
http://www.einaudi.cornell.edu/fren..., « Translating Borders/Traduire les frontières. Borders in the mind/partage de la raison » 
http://www.accedit.com/auteur.php?id=82 , « Terror/ism as the Political or as Heterogeneity ». 
http://www.ciph.org/direction.php?i... ; www.ciph.org > direction de programme > en savoir plus > consultez les autres activités de , Présentation de R. Iveković + quelques textes affichés

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Olivier Le Cour Grandmaison, La République impériale - Politique et racisme d’Etat, Fayard 2009.

Olivier Le Cour Grandmaison, Gilles Lhuilier, Jérôme Valluy (dir.), Le retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo..., Paris,Autrement, 2007.

Jean-François Lyotard, Modernes et après - Les Immatériaux, ed. Autrement, 1985.

Nivedita Menon & Aditya Nigam, Power and Contestation. India since 1989, Delhi, Orient Longman 2007 ; Londres, Zed Books 2008.

Sandro Mezzadra, “Living in Transition” dans le recueil « Translating violence/Traduire le silence de la plèbe » (sous la dir. de R. Ivekovic), http://translate.eipcp.net/transver... ; voir Sandro Mezzadra & Brett Neilson, ”Né qui né altrove – Migration, Detention, Desertion : A Dialogue”, in Borderlands, e-journal, 2, 1, dont une traduction italienne est parue dans la nouvelle édition de Diritto di fuga, voir référence plus bas : www.borderlandsejournal.adel... , 2,1 ; également, S. Mezzadra & B. Neilson, “Border as Method or the Multiplication of Labor”, manuscrit.

Sandro Mezzadra, « Temps historique et sémantique politique dans la critique postcoloniale », Multitudes n° 26, 2006, également sur le site de Multitudes.

Sandro Mezzadra, Diritto di fuga. Migrazioni, cittadinanza, globalizzazione, Vérone, Ombre corte 2001, entre-temps sorti augmenté par quelques textes, dont les entretiens avec Brett Neilson, Etienne Balibar et le Colectivo Situaciones à Buenos Aires (2006, même éditeur).

Sandro Mezzadra, La condizione postcoloniale. Storia e politica nel presente globale, Vérone, Ombre corte 2008.

Julie Mostov, Soft Borders. Rethinking Sovereignty and Democracy, New York, Palgrave Mcmillan 2009.

François Ost, Traduire. Défense et illustration du multilinguisme, Paris, Fayard 2009.

Naoki Sakai & Jon Solomon, « Traduction, biopolitique et différence coloniale », in Multitudes 2007/2-29, pp. 5-13.

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Solomon, Jon. 2007. “Translation, Violence, and the Heterolingual Intimacy” in Translating violence, http://translate.eipcp.net/transver...

Jérôme Valluy, Rejet des exilés - Le grand retournement du droit de l’asile, Editions Du Croquant, 20 janvier 2009 .

Louis Wolfson, Le Schizo et les langues, Gallimard 1970 ; Dossier Wolfson ou l’affaire du « Schizo et les langues » (ouvrage collectif), Gallimard 2009.

Stephen Wright, Temps de pause. Quatre artistes maliens contemporains, éd. Musée de Picardie. Amiens Métropole, 2002. Livre réalisé en collaboration avec Sylvie Couderc.

--- --- « Moyens d’art : créativité domestique et créativité artistique. Repenser les usages sociaux des outils de production symbolique aujourd’hui. », in Qu’est-ce que l’art domestique ? Sous la direction de Richard Conte, éd. Publications de la Sorbonne, Coll. Arts et monde contemporain, Paris, 2006.

--- --- « Digging in the Epistemic Commons », in OPEN, Amsterdam, 2007.

--- --- « L’avenir du ready-made réciproque : valeur d’usage et pratiques para-artistiques », in Parachute, n°. 117, 2004.