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Références

Recueil Alexandries

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2007

Arnaud Lemarchand

Inégalités et qualités : travail et habitat mobile.

auteur

Arnaud Le Marchand est Maître de Conférences en sciences économiques à l’université du Havre. Il collabore à la revue Multitudes, est membre de l’Équipe Éditoriale du réseau scientifique TERRA ; ses recherches portent sur l’économie du travail et l’économie urbaine dans la mondialisation, ainsi que sur l’économie portuaire.

résumé

Le travail mobile constitue une nouvelle segmentation du travail . Cette segmentation explique le renouveau de l’habitat mobile. Mais des invisibilités statistiques bloquent les représentations et engendrent des inégalités. Ces évolutions nécessitent des redéfinitions des qualités.

à propos

Cet article est la réédition d’un chapitre paru dans Philippe Batifoulier, Ariane Ghirardello, Guillemette de Larquier, Delphine Remillon (dir.), Approches institutionnalistes des inégalités en économie sociale - Tome 2 : Politiques , Paris, L’Harmattan, 2007. Il est tiré d’une contribution aux XXVIIe Journées de l’Association d’Economie Sociale Université Paris X - Nanterre 6 et 7 septembre 2007.

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Inégalités et intermittence

Depuis trente ans, le développement de l’intermittence du travail et des formes d’emplois atypiques ont largement contribué à relancer la question des inégalités et de leurs compensations. Ces phénomènes ont donné lieu à beaucoup d’études sur la segmentation du travail, les conventions d’emploi, le rapport salarial post-fordiste. Les conséquences de la discontinuité temporelle du travail, à différentes échelles, à l’année et au long des carrières, ont fait l’objet de nombreuses contributions. Un aspect de ce problème est passé inaperçu : l’intermittence est aussi spatiale, découle des intervalles « productifs » et des problèmes de coordination entre firmes et territoires distants géographiquement. Le travail mobile produit alors une externalité positive en reliant des mondes de productions.
Il s’accompagne d’un retour de l’habitat « non ordinaire » et particulièrement mobile. Mais ce qui est marginal n’est pas uniquement affaire de changements à la marge. Les problèmes que nous allons exposer mettent en jeu la gouvernance et des institutions, ils permettent d’interroger certaines constructions plus générales. Ses acteurs sont regroupés de façon temporaire. Aussi on est contraint de mêler diverses approches pour en saisir les contours. Pour étayer nos propositions, nous avons procédé par plusieurs méthodes simultanées : recherches statistiques et entretiens . On présentera d’abord une problématisation en terme de segmentation, pour essayer de comprendre ensuite les raisons de sa non-prise en « compte », ce qui nous amènera aux inégalités engendrées par le statut de l’habitat mobile.

Une nouvelle segmentation ?

Par un examen des enquêtes emploi G.CRAGUE (2003) a montré que 20 à 25 % des ouvriers ont un lieu de travail variable. Cette proportion a fortement augmenté depuis les années quatre-vingts (on en était à 10 % en 1983), elle est similaire pour les salariés en CDI, CDD ou intérim.
On défend l’hypothèse suivante : cette situation découle d’une nouvelle segmentation du travail entre salariés travaillant dans un lieu unique et salariés devant circuler. Cette segmentation est perpendiculaire à l’opposition entre CDI et CDD, où à celle repérée par Piore et Doeringer entre marché interne et marché externe. Les débats historiques autour de l’intermittence ont porté sur l’importance quantitative du recours au marché externe par rapport à l’arbitrage possible entre ré-allocation de la main d’oeuvre interne stable et recours à des contrats à durée indéterminée. Or une voie de ré-allocation interne consiste à déplacer physiquement le poste de travail. La mobilité spatiale est une forme d’alternative à l’intermittence temporelle. Ce mode de flexibilité interne accompagne le développement de la sous-traitance et des service aux entreprises. De fait, la croissance de la variabilité du lieu de travail est synchrone avec le développement de la sous-traitance depuis la fin des années 80, et avec le retour de l’ « habitat non ordinaire ». Certes l’intermittence temporelle implique une variabilité du lieu de travail avec le changement d’employeurs. Néanmoins il s’agit là souvent de tâches dont la définition même implique mobilité dans l’espace, soit parce que l’entreprise n’est pas un lieu de travail : c’est le cas du bâtiment ou de la maintenance industrielle ; soit que les tâches soit définies comme coordination entre des lieux de travail distincts comme par exemple le réglage de machines. La distinction vis-à-vis du fonctionnement des « marchés internes » n’est donc pas ici affaire de contrat ou de statut mais de mobilité spatiale. Cette segmentation est autant le produit du développement de la sous-traitance que de changements dans l’organisation de la production. Les salariés en CDI dans cette situation ne sont pas toujours volontaires car il s’agit de modifications d’éléments implicites du contrat de travail qui n’ont pas toujours été négociées. De fait, même les salariés « volontaires » ne se perçoivent pas dans le marché interne normal, même s’ils ne se considèrent pas comme précaires.

Ces observations ramènent à une discussion théorique sur l’origine de la segmentation : nécessité fonctionnelle (Piore) ou politique ( Marglin). Dans le cas qui nous occupe, les deux mécanismes jouent. Un certain nombre de services ou de production semblent bien impliquer un déplacement des travailleurs. Dans d’autres secteurs ce mode d’organisation a pu être dénoncé. Le cas des « nomades du nucléaire » par exemple, des intérimaires employés par EDF dans les centrales a ainsi défrayé la chronique, il y a dix ans. La « médecine du travail » s’est inquiétée des risques encourus par ces travailleurs hors statut dont le suivi était difficile. On pu s’interroger sur les risques techniques entraînés par le recours à une main d’œuvre externe, moins formée et moins informée des caractéristiques de chaque site dans ce genre de tâches. Il semble que les raisons financière l’aient emporté sur des considérations industrielles dans le choix de ce type d’organisations du travail. Trancher sur ces questions est relativement délicat, au sens ou un recours à la mobilité géographique de la main d’oeuvre peut s’avérer efficace dans un cadre global dont on peut mettre en doute l’efficience. Néanmoins des proximités temporaires sont à certaines étapes nécessaires, techniquement déterminées, notamment dans les phases de diffusion de certaines innovations. Par exemple, le cinéma forain au début du XX siècle a été l’incubateur de cette NTIC des années 1900. De même la construction de réseaux, chemins de fer, pipelines, autoroutes a impliqué un déplacement de salariés. Ce point rappelle que les salariés circulant ne sont pas cantonnés dans des secteurs traditionnels. Dans la phase de lancement et de mise au point d’un produit, un réseau mobile organisant des proximités temporaires est nécessaire. Cette phase permet de recueillir et de diffuser des informations encore non codifiées et d’effectuer des apprentissages. Le rôle d’acteurs mobiles entre les trous structurels des réseaux d’échanges et de production est alors crucial. Le processus d’innovations génère parmi d’autres bouleversements une mobilité géographique faite de déplacements temporaires dans la phase de réorganisation. Ce qui revient à dire que le travail en déplacement suit un cycle spatial de la production. Il est l’envers de la polarisation ( P.Aydalot 85). La circulation actuelle prend ainsi des formes nouvelles : nouveaux secteurs, nouveaux métiers. On la trouve par exemple dans la maintenance industrielle et la maintenance d’infrastructures de réseaux réorganisés (EDF, RFF), elle accompagne un processus d’éclatement de ces réseaux. Plus généralement elle suit le passage à la gestion par projets distincts plutôt que standards. On la trouve dans les équipementiers automobiles et dans les machines spéciales, elle concerne une partie des télétravailleurs (25% seraient nomades aux USA). Ces derniers secteurs relevant de l’implication entre déplacements et logiques d’innovations, dans la phase non codifiée.

Ces remarques et un détour par l’histoire longue pourraient repousser le qualificatif de nouvelle segmentation. Au sens où des travailleurs ont toujours circulé depuis les débuts du capitalisme. Il a toujours existé une mobilité géographique dans le bâtiment par exemple, de même qu’il est toujours demeuré une part de commerce ambulant. Le retour du travail mobile ne serait alors que la ré-émergence de formes anciennes rappellant qu’une économie au fonctionnement décentralisée ne peut sans doute pas se passer d’une circulation d’informations, de savoir-faire et de marchandises portées par des personnes. Marx esquisse dans le chapitre XXV du livre 1 du Capital une segmentation, entre salariés urbains, ruraux et nomades. Peut-être était-ce la seule pertinente, quand l’emploi à durée indéterminée et l’unicité de l’employeur n’étaient pas la norme. Marx classait les ouvriers nomades dans « l’infanterie légère du capital », dans un groupe largement paupérisé suivant la construction des chemins de fer ou des activités temporaires liés à des chantiers du bâtiment et vivant dans des campements de fortune ou des bidonvilles de chantiers . Mais les ouvriers circulant n’étaient pas tous parmi les plus pauvres. « Rouler » pouvait être un mode de formation usuel dans certains métiers, le « tour de France » constituant une institutionnalisation de cet apprentissage itinérant (voir Aguerre 2000). L’ouvrier de métier nomade était parfois considéré comme un salarié circulant pour faire jouer la concurrence entre les employeurs, d’où le livret ouvrier pour stabiliser une main d’œuvre indocile. Cette catégorie pouvait donc aller des trimardeurs paupérisés -les vagabonds- aux salariés qualifiés exploitant des trous structurels du réseau pour employer la terminologie socio-économique de BURT.

De nos jours, accepter le travail en déplacement peut-être une façon de jouer entre plusieurs sites de production, et de développer des compétences spécifiques pour augmenter leur salaire. Dans ce cas la segmentation peut constituer une opportunité dans un marché du travail concurrentiel. A la limite, l’entrepreneur selon BURT, l’acteur intermédiaire entre les différents réseaux, pourrait aussi être un salarié circulant. Par contre, il est également clair de ce point de vue que la précarité peut-être un dispositif « politique » ayant pour but d’empêcher ces salariés de retourner la situation à leur avantage. Démêler ces deux aspects de la segmentation est d’autant plus difficile que parmi ces salariés coexistent des personnes affirmant le choix d’une relative liberté par rapport à la routine d’un poste fixe dans une entreprise et des personnes pour lesquelles il s’agit d’une contrainte imposée par l’entreprise, l’état du marché du travail ou la difficulté à déménager. On peut considérer bien sur que les salariés optant pour ce mode de vie et même les entreprise réallouant ainsi la main d’oeuvre ne le font que parce que le régime de concurrence entre organisations et firmes les y poussent. De même l’unicité du lieu de travail est une norme qui n’est pas pour tous un idéal ni systématiquement plus efficace qu’un travail incluant des déplacements, à moins d’être un nostalgique absolu du fordisme.

La notion de mécanismes développée par Jon Elster permet de formaliser les ambivalences dans la perception de ce phénomène. Nous suggérons que le recours à la précarité ou la mobilité géographique n’est pas une loi inéluctable. Il ne découle ni d’un déterminisme technologique, ni d’une politique systématique de « diviser pour régner », mais bien de conditions relatives à un secteur et à une conjoncture, conditions pouvant relever d’un mécanisme ou de l’autre. Ces mécanismes concourent à la constitution d’un « monde du travail » qui participe d’un mode d’habitat et d’un régime urbain. Cette origine hybride contribue d’ailleurs à son opacité et à la difficulté d’en saisir les limites.

La gestion de la main d‘œuvre étrangère tend à s’organiser sur ce mode par les deux mécanismes. En effet, les statistiques fournies par l’UE indiquent clairement que dans la plupart des pays européens, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, les permis de travail pour des étrangers "extra-communautaires" comme pour certains "communautaires" _pour lesquels ces permis ont été prolongés (Roumanie, Bulgarie)_ n’excèdent pas six mois dans plus de 75% des cas. Autrement dit les étrangers ne sont plus autorisés que comme saisonniers ou intérimaires, pas comme migrants. Le recours à la main d’œuvre extérieure s’effectue donc pour des tâches temporaires, des chantiers. Or ces chantiers peuvent être confiés à des entreprises étrangères qui y emploient leur personnel, sans que celui-ci soit nécessairement sous contrat précaire. Sous cet angle, la mobilité du travail résulte d’une politique d’Etat et de la Communauté Européenne visant à substituer la mobilité aux migrations durables. Il est de ce point de vue symptomatique que l’année 2006 ait été décrétée par l’UE « année de la mobilité du travail » dans le but de promouvoir une circulation à l’échelle européenne. Cette politique européenne ne vise donc pas à l’intégration, elle tendrait à rendre réel en Europe le modèle des « oiseaux de passage » de Piore. Savoir si cette politique réussira à gouverner les flux migratoires et à dompter « l’autonomie des migrations » est une autre histoire.
Analyser cette politique ramène encore au problème classique de la segmentation : apprécier dans quelle mesure celle-ci découle de contraintes techniques ou de politiques visant à créer des divisions pour contourner l’Etat social et en sus dans ce cas, à contrôler des flux migratoires.

Le rôle des migrations dans cette segmentation ramène un autre problème récurrent, à savoir la tentation d’éthniciser cette division. Cela s’est déjà produit : la loi de 1912 régulant les professions ambulantes, saisies à travers la mobilité de leur habitat, assujettissait au carnet anthropométrique , les individus circulant qui n‘avaient pas une licence de marchand forain, « quelque soit leur profession [1] ». Dans le fichier nomade on trouvait aussi bien des vanniers que les derniers ouvriers circulant, les trimardeurs. Le fichier anthropométrique les définissait implicitement comme étrangers, Tsiganes, introduisant une division administrative avec les marchands et industriels forains tout autant qu’elles y incluait de nouveaux membres. C’était l’aboutissement d’une logique qui faisait de chaque étranger un nomade et de chaque nomade, un étranger (L.Dornel 2004). Il est difficile de ne pas voir que la politique officielle de migrations en ne délivrant que des permis courts de travail, est en train de verser les étrangers dans la catégorie nomade du travail. Ce n’est pas encore considérer en retour tout les salariés circulant comme des étrangers, mais peut y ramener d’autant plus facilement qu’il sont invisibles dans les statistiques et très précaires dans leur mode d’habitat.

La construction de l’invisibilité statistique

Cette segmentation est presque « invisible » statistiquement et pas seulement parce qu’il est difficile de compter les « mobiles ». Ce manque d’informations est une construction sociale ( au sens de Ian Hacking) qui s’explique par l’histoire du contrôle du travail mobile dans la fin du XIX et au long du XX siècle. La statistique ne reconnaît plus la « qualité mobile » dans sa codification du travail, alors qu’elle était présente dans les perceptions du XIX siècle. Ces « qualités mobiles » font l’objet de formalisations dans la définition des postes et les offres d’emploi mais ne sont pas reconnues dans les conventions statistiques mettant en forme « le travail ». Ainsi « technicien de maintenance itinérant », par exemple, est une appellation utilisée lors du recrutement et fait l’objet de fiches métiers dans les lycées industriels. « L’itinérance » est donc stipulée, avant que le contrat de travail soit passé comme une qualité du travail mais n’apparaît pas dans la nomenclature des emplois utilisée par l’INSEE. Ces formes de travail n’accèdent pas à une représentation « générale », elles restent pour l’heure cantonnées au niveau des entreprises et du marché du travail. Il y a plusieurs raisons concourant à cette invisibilité statistique. En premier lieu, comme Crague l’a montré, la pregnance d’une convention ( au sens de catégorie et de règle) qui considère le lieu de travail comme unique, et inscrit comme unique par défaut, l’adresse de l’employeur dans les enquêtes emploi. Cette convention statistique découle d’une représentation historique issue de la sédentarisation des ouvriers nomades au XIX siècle. L’instauration du livret ouvrier fut l’un des instruments de mesure et de contrôle qui permit de stabiliser cette population flottante ( Germe 1986, Perrot 1979). Après la disparition en 1890 de ce livret, devenu inutile par le succès de la norme qui le sous tendait, finalement se posa la question de l’extinction du vagabondage. Notamment via l’éclatement de la notion en plusieurs sous catégories, dont celles des invalides et des chômeurs distingués des « bohémiens, saltimbanques, vagabonds et filles publiques » du recensement de 1891. Comme il n’y avait plus officiellement de travailleurs mobiles, les chômeurs involontaires étaient séparés des circulants. La statistique à travers la notion de chômage imprévisible éliminait ou regroupait dans les marges des comptes les salariés souvent au chômage de façon imprévisibles , comme les dockers ou les imprimeurs, et donc aussi ceux dont le travail impliquait déplacement d’un lieu de production ou de distribution à l’autre, les intermittents géographiques. Cependant, le livret ouvrier a subsisté de façon coutumière au moins jusqu’à la première guerre mondiale. Il permettait de se distinguer du vagabond mendiant, passible de la prison. Dès 1907, une circulaire reconnaît le livret, officiellement aboli 15 ans plus tôt, elle permet aux ouvriers errants inscrits à une fédération ou à un syndicat, d’échapper à l’inculpation pour vagabondage note J.F Wagniart (1999). Selon cet auteur, « cette mesure favorise en principe l’émergence d’un groupe d’ouvriers sans travail acceptable ». Pour mieux éteindre le vagabondage, il s’agit donc de distinguer errants parce que chômeurs, d’errants par « choix ». On s’en doute, la distinction était parfois floue. Enfin vint, via la loi de 1912, le tour des commerçants ambulants, forains et nomades, eux aussi largement sédentarisés [2] au cours du XX siècle. La disparition de la catégorie travail itinérant dans la statistique officielle découle de ces « normalisations » successives. Finalement après le livret ouvrier, le livret forain et le carnet anthropométrique nomade, tout se passe comme si l’Etat ayant réussi à stabiliser la majeure partie des populations flottantes et circulantes, cette qualité disparaissait des nomenclatures. Quand la norme est l’employeur unique à durée indéterminée alors l’unicité du lieu de travail est implicite, sa remise en cause ne fut donc pas explicitée.

Elle rencontre aussi une « représentation keynesienne » dans laquelle l’espace et l’urbain étaient dilués et n’avait plus de qualités spécifiques. Le marché de l’emploi devenant a-spatial, national, la question du lieu de travail ne se posait plus par ce que l’emploi était une variable macro-économique. La persistance du chômage ainsi que les inégalités régionales dans les taux d’inemploi ont commencé à mettre cette représentation en crise. La résurgence du travail mobile incite à cette remise en question de la statistique héritée.

Ainsi le développement du travail par projets que Boltanski et Chiappello ont repéré comme constitutif du nouvel esprit du capitalisme et de la constitution d’une socio-économie des réseaux ne concerne pas seulement les salariés du secteur immatériel et les cadres. Les salariés plus traditionnels, de façon inaperçue, participent de cette évolution. Cette non reconnaissance par les statistiques générales de la renaissance du travail « nomade » (ou peut-être faudrait-il dire « forain » puisque défini par son extériorité organisationnelle et géographique ?), alors que la mobilité fait l’objet de formalisations dans la définition des postes et le recrutement, pose problème. Elle induit un divorce entre la réalité et sa représentation et explique la séparation entre l’approche des questions du logement mobile ou provisoire et les mutations du travail. Le problème est alors la mise en forme de cette nouvelle segmentation du travail. Les syndicats de l’INSEE réclame un recensement de l’habitat mobile. Il a eu lieu en 2006, suite à des conflits sur l’usage des campings. Les interrogations au sein de l’Insee sont peut-être des préludes à la codification de ces nouvelles conventions du travail. Elles participent d’interrogations plus générales sur les mises en forme du travail.. En attendant le réseau des travailleurs mobiles découle d’une extériorisation et son organisation reste spontanée, encore informelle.

Cette invisibilité concerne d’ailleurs la statistique non strictement étatique. L’Urssaf pourrait connaître précisément l’importance des déplacements professionnels au delà de 80 Km, puisqu’ils donnent lieu à indemnités déclarées mais elle n’en tient aucun compte, parce que ses indemnités sont « hors cotisation » : « Les "indemnités grands déplacements" échappent à toute cotisation sociale, et sont donc exclues de l’assiette dans une limite fixée par décret. Aucune information n’est disponible dans la branche du recouvrement sur ces indemnités. » fut-il répondu à une requête de l’auteur.

Cette construction peut paraître surprenante alors que le discours managerial et parfois gouvernemental sur les bienfaits de la mobilité est assez présent. De fait, la Commission Européenne, elle, s’intéresse de manière plus concrète à la mobilité du travail. Le programme » mobility at work’ vise à améliorer l’environnement pour favoriser un travail nomade. Ce programme contient toute une gamme de projets (Action Line : IST-2002-2.3.2.6 Applications and services for the mobile user and worker) et va jusqu’à soutenir une recherche pour développer un ordinateur portable dédié à la maintenance industrielle itinérante. Maintenance industrielle itinérante qui n’existe pas dans les nomenclatures officielles de l’Insee. L’ UE cherche donc à développer une connaissance statistique de la mobilité, via des appels d’offres, connaissance dont implicitement elle reconnaît le manque. Tout se passe comme si les Etats nationaux ignoraient le travail itinérant pour en déléguer la perception et la gestion au niveau européen. En application du principe de subsidiarité, c’est la construction supranationale qui promeut et cherche à mesurer le travail mobile pour agir .

Du travail mobile à l’ habitat mobile

Mais la difficulté comptable est autant de distinguer les salariés en déplacements permanents ou intermittents des salariés « fixes » que des chômeurs ou des touristes. En effet, du point de vue territorial, ils sont considérés comme des touristes. La définition de ces derniers est assez large, s’il sont définis parfois comme des voyageurs n’exerçant pas une activité salariée dans le lieu visité, ils pourraient cependant être des chômeurs en quête d’un emploi puisque la définition de l’ Insee inclut les personnes se déplaçant « pour affaires ». Quand on doit estimer une « population présente » composée de résidents et de séjournants, alors les touristes sont toutes les personnes qui voyagent « quel qu’en soit le motif », ( voir ainsi TERRIER, SYLVANDER, KHIATI, MONCERE 2005 ), conformément aux définitions de l’Organisation Mondiale du Tourisme. C’est-à-dire que l’ombre des travailleurs en déplacements pèsent sur les chiffres du tourisme, notamment ceux des nuitées en campings (sur les nuitées en hôtel aussi). De fait les questionnaires remplis par les gérants de campings à destination des institutions statistiques ne distinguent pas entre vacanciers et salariés, on ne compte que des nuitées, chiffre dans laquelle sont inclus aussi au moins une partie des résidents permanents en camping. Doit on préciser que ces remarques pourrait aisément recouvrir la malveillance tatillonne à l’égard de certains touristes étrangers que les autorités suspectent d’être des demandeurs d’emploi. Néanmoins l’inclusion des salariés itinérants ainsi que des commerçants et industriels forains dans la catégorie touriste au sens mondial est à tout prendre moins violente que l’inclusion parmi les délinquants dans la statistique de la fin du XIX siècle.

Pour comprendre cette segmentation du travail, il est donc nécessaire de faire un détour hors de la production pour aborder les questions d’habitat. Ce détour se justifie dans toutes les approches théoriques. Marx avait procédé de cette façon pour « mieux pénétrer la loi de l’accumulation capitaliste ». La théorie néoclassique quand à elle dirait la nécessité d’une approche en terme d’équilibre général plutôt que partiel. Dans un contexte conventionnaliste , il est pertinent d’étudier la segmentation du travail en lien non pas seulement avec les conventions et les produits dans l’entreprise, mais aussi avec les conventions et les objets dans l’espace urbain. Le contexte général des relations industrielles ne peut se résumer à celui des entreprises, des branches et des marchés de produits. Le rapport salarial inclut lui aussi les conditions de reproduction de la force de travail, donc l’habitat. Les justifications théoriques à l’inclusion du logement dans une étude de la segmentation et des inégalités ne manquent pas. Dans le segment qui nous occupe, le travail implique un usage du logement mobile ou de passage.

Les liens entre mobilité du travail et habitat mobile sont complexes. Si une origine commune les rassemble, l’évolution les sépara pendant un temps. Une partie des objets de l’habitat mobile : (tentes, caravanes, camping car, et mobile homes ont une origine foraine, liée à la circulation professionnelle . Ce lien est plus facile à voir dans l’histoire économique nord-américaine. Le mobile-home résulte de la codification de pratiques héritées des Hobos, du premier tourisme automobile mais aussi et surtout du besoin de logement engendré aux USA par le déplacement massif d’ouvriers vers les usines d’armement durant la seconde guerre mondiale (sur ce point Wallis 1994). Durant l’apogée du fordisme, leur usage fut essentiellement touristique ou de résidences pour les retraités. Quoique le travail forain ne disparut jamais complètement. On peut remarquer que dans « l’Ere de l’opulence » John Kenneth Galbraith n’inclut pas les parcs de mobile home dans ses descriptions des poches de pauvreté subsistantes. Pourtant depuis la guerre, ce mode de logement avait perduré, mais dans les années 60, il n’était plus associé aux travailleurs nomades ou aux travailleurs pauvres. Cependant dès les années 80 aux USA, on pouvait constater la résurgence de campements liés à des chantiers industriels. A partir de la fin des années 9O, presque 8% de la population américaine, (le même pourcentage que dans l’après-guerre) vivait dans des parcs de maisons préfabriquées. Il est vrai que nombre de ces maisons ont des niveaux de confort qui n’ont rien à voir avec une image désolante du mobile-homes. Mais cette croissance concernait notamment les travailleurs pauvres encore que les normes imposées via le lobby des constructeurs en dur avaient eu comme conséquences d’augmenter le prix de ce type d’habitat et en avaient évincé certains ménages à bas revenus pour les constructions neuves (à nouveau Wallis 1994).

Ce parcours n’est pas purement américain. En Europe après la guerre, l’habitat mobile fut associé à l’habitat provisoire pour faire face aux délais de la reconstruction. En France aussi, l’habitat « non ordinaire », en foyers, constructions provisoires, logements mobiles ou squat déclina régulièrement depuis les années cinquante jusqu’à la fin des années 80, période à partir de laquelle il recommença à s’étendre sans que l’on s’en aperçoive vraiment (Levy-Vroelant 2002). Le régime urbain et le paradigme techno-organisationnel de cette renaissance n’étaient pas ceux des années trente, ni des années soixante. Il ne s’agissait plus de logements provisoires pour pallier aux destructions des bombardements et à l’augmentation rapide de la population. Cette croissance s’explique par le renchérissement du logement normal, phénomène bien connu, par la précarité du travail et par l’augmentation de la mobilité géographique du travail.

Dans les années cinquante, la catégorie « salariés en déplacements » relevait souvent de l’immigration et du logements par l’entreprise en abris Algeco. Depuis les années 90, la législation a évolué , interdisant notamment les dortoirs et imposant des normes sanitaires qui ont conduit à la diminution voire à l’extinction de ce mode d’hébergement. Comme les primes de déplacement baissaient elles-aussi ( selon la mémoire ouvrière), l’utilisation de la caravane ou du camping-car pour les plus aisés fut une solution de plus en plus fréquente. L’élévation des normes légales de l’hébergement des salariés en déplacement aboutit involontairement à substituer le logement mobile individuel, souvent sur un terrain de camping mais aussi sur le chantier, à l’hébergement en modules préfabriqués relativement mobile, à usage collectif et fournis par l’employeur.
On peut regrouper cet usage de l’habitat mobile lié au travail selon deux modes différents :

Le premier cas est donc celui du campement provisoire, suivant la durée d’un chantier ou d’une mission intérim à proximité du lieu de travail. Le terrain utilisé peut-être annexe au chantier ou un terrain de camping. Dans ce cas d’ailleurs plusieurs possibilités sont repérables. Tout d’abord des terrains de camping spécialisés, créés à cet effet, en général absents des guides touristiques. Ils sont inscrits dans des réseaux sociaux, des cartes informelles des territoires productifs faits d’interstices et pratiquement connus des seuls salariés usagers. Ces terrains sont apparus en général dans les années 80. On a d’autre part, des terrains à vocation initiale touristique, éventuellement à statut municipal, dont cet usage décline et qui sont de fait requalifiés par des salariés en déplacement. Requalification sauvage qui explique un certain nombre de conflit en cours sur ces équipements.

On peut avoir un recours à l’habitat mobile moins pour bouger que comme unique manière de se loger dans des espaces intermédiaires. Par exemple, sur le terrain de Diemoz en Isère, habitaient des salariés intérimaires, intermittents spatiaux entre trois plate-formes logistiques. Pour minimiser leurs déplacements, ils ont élus domicile sur un terrain privé dans une zone rurale située dans le triangle formé par leur trois sites d’emploi. S’y sont adjoints des travailleurs indépendants. Dans ce cas, le logement mobile est donc une façon de s’implanter là où il n’y a pas d’autres solutions. Le logement mobile et le travail mobile sont de fait des palliatifs à une des trappes à chômage les plus redoutables : le « spatial mismatch » , la déconnexion spatiale. Le départ des emplois des zones industrielles proches des quartiers eux aussi industriels a laissé derrière des poches d’inemploi. Le phénomène est maintenant assez bien connu. Dans le secteur de la logistique, il a été particulièrement marqué. Les entrepôts ayant tendance à quitter les villes pour se localiser prés de nœuds routiers ou multi-modaux. Sites où il impossible de travailler sans une voiture mais où l’intérim est particulièrement développé. Il semble à posteriori très prévisible que travailler d’une plate-forme à l’autre incite certains de ses salariés à opter pour le logement mobile, pour se déplacer ou pouvoir se localiser de façon optimale par rapports à ces zones d’emploi.

D’une certaine façon, le projet « Container City » à Londres qui est un lieu de travail et d’habitat en conteneurs aménagés par une firme USM ( Urban Space management) spécialisée dans les usages temporaires de l’espace, relève de cette logique. Il s’agit de débloquer une friche portuaire pour pallier à la cherté des loyers londoniens, cette fois à destination de salariés du secteur immatériel. Les prix du foncier et la restructuration du système d’emploi, obligent à utiliser de nouveaux interstices comme place de travail et d’habitat.

En fait , si comme l’a montré NICOLAS-LE STRAT ( 2004), l’intermittence du travail jette un défi à toute une série de catégories, de divisions paradigmatiques dans la production de biens et de connaissances, l’intermittence spatiale tend également à brouiller certaines frontières établies entre usages touristiques, résidentiels ou productifs des espaces urbains et péri-urbains. Comme par exemple des zones qualifiées de friches. En fait, si l’intermittence tend à effacer la distinction entre temps de travail et temps hors travail, elle tend aussi à effacer certaines distinctions territoriales, certains zonages, et inclut des espaces délaissés ou consacrés aux loisirs dans la sphère productive et pas seulement dans celle de l’économie touristique.

L’ habitat mobile est donc à relier aussi au travail mobile. Une de ses formes les plus sinistres, le centre de rétention pour immigrants en baraquements provisoire ou conteneurs ( à Hambourg) est à l’évidence en partie inclut dans ses questions. Il y a d’ailleurs sur ce point l’esquisse d’une segmentation spatiale à vérifier. Les travailleurs temporaires étrangers non communautaires sont plutôt logés sur le chantier, par exemple le long des voies SNCF ou des autoroute, les travailleurs français ou étrangers de l’UE plus souvent dans des terrains de campings mieux équipés, à un coût plus élevé. Mais les contre-exemples existent.
Les données disponibles sur cette situation manquent. Ce qui explique aussi que l’habitat mobile soit vue dans les médias uniquement sous l’angle de la grande pauvreté et de l’exclusion. En fait c’est loin d’être le cas, on sait ainsi que dans la région parisienne, 1/3 des « SDF ont un emploi. Dans la plupart des terrains que nous avons visité, les salariés représentaient au moins les trois quart des résidents. Il y a aussi des retraités, ce mode d’hébergement ne concerne que marginalement les chômeurs en raison de son coût. D’autant que l’on ne peut obtenir une aide au logement dans ces conditions, hors « conventions de qualité » du logement social.

En effet dans la représentation commune, l’habitat mobile, comme le travail mobile, est rejeté dans les marges de l’exclusion. Sur le plan juridique, l’habitat mobile n’est pas du logement social. Il ne peut donner droit à l’APL. Si l’une des premières conséquences porte sur les Gens du voyage, en ne faisant pas bénéficier les aires d’accueil des dispositions financières pour ce type d’habitat, elle aboutit plus largement à dissocier de droit toute réflexion et action sur les campings par exemple de préoccupations sur le logement social. De cette non-reconnaissance naît un manque d’informations qui aggrave les inégalités dans l’accès à l’emploi quand celui-ci implique …une caravane par exemple.

D’où l’enjeu de certaines luttes locales en cours sur l’usage des terrains de camping ou la taxe d’habitation. Les conflits qui apparaissent depuis peu autour de certain terrains de campings utilisés par des salariés sont en quelque sorte un déplacement du terrain des luttes de l’entreprise à la ville et au péri-urbain. Il s’agit des conflits qui ne portent pas sur des grandeurs monétaires, comme les salaires, mais sur des qualités du logement et de l’espace. Il s’agit d’obtenir une reconnaissance de droits à l’habitat mobile pour des salariés mobiles dont les déplacements concourent aux réorganisations de la production.

Néanmoins, il faut reconnaître une part d’autonomie à l’habitat mobile, comme il y a une autonomie des migrations (MOULIER-BOUTANG 1998). Certains de ses habitants , regroupés dans l’association Halem, revendiquent un libre choix de ce mode d’habitat, indépendamment de contraintes financières ou professionnelles. De la même façon qu’au sein des salariés circulant certains sont volontaires et d’autres le vivent comme une mobilité forcée. C’est ce qui explique que la composition du collectif soit encore balbutiante : elle doit constituer une identité à partir d’expériences initiales très diverses.

On a fait remarquer plus haut que les salariés en déplacement fréquents ou réguliers n’étaient pas forcément précaires au vu de leur contrat de travail. Puisqu’une partie notable d’entre eux (peut-être la moitié en fait) ont des contrats à durée indéterminée. Cependant en tant que résident en campings où à l’hôtel, ils sont dans des situations très précaires, n’ayant quasiment aucune protection juridique de leur logements. C’est par leur mode d’habitat, plus que par leur contrat de travail, que leur précarité peut se mesurer.

Ces observations nous amènent à plusieurs points. Tout d’abord la mesure des inégalités n’est pas qu’un problème quantitatif. L’inégalité c’est aussi un problème de qualité. Certaines inégalités peuvent provenir de la non-reconnaissance de qualités du travail et du logement éloignées des usages centraux.. Autrement dit elles proviennent d’un écart entre des pratiques et des normes héritées de l’histoire et encore actives dans le droit et les représentations. C’est par des critères définissant le « logement acceptable » que certaines inégalités continuent de se propager.
D’autre part, elles permettent de poser le débat entre critère de justice « spécifiques à un contexte » et justice universelle. Contrairement aux apparences, ce n’est peut-être pas dans la reconnaissance de « droits spécifiques » et nécessairement conditionnés que la solution réside, si ce n’est provisoirement. Compte tenu de l’évolution permanente des segmentations, la recherche de droits applicables à différents contextes et mécanismes, comme de procédures permettant de questionner les représentations et les catégories statistiques, semblent plus pertinente. Les évolutions en cours remettent silencieusement en cause la généralité des conventions adoptées à un moment donné.

ARNAUD LE MARCHAND
Maître de conférences en économie
Université du Havre
Cerene
arnaud.lemarchand@univ-lehavre.fr


Mots-clés : Conventions de qualités, intermittence, segmentation, chômage, logement.

Résumé : Le travail mobile constitue une nouvelle segmentation du travail . Cette segmentation explique le renouveau de l’habitat mobile. Mais des invisibilités statistiques bloquent les représentations et engendrent des inégalités. Ces évolutions nécessitent des redéfinitions des qualités.


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NOTES

[1] Ce qui permettait aux fonctionnaires de police de considérer des forains comme des nomades selon leurs appréciations.

[2] Notamment de force, par le régime de Vichy.