citation
Michel Agier,
"Liberia 2007 : la guerre est finie ? Notes d’enquête sur le retour des réfugiés. ",
REVUE Asylon(s),
N°2, octobre 2007
ISBN : 979-10-95908-06-7 9791095908067, Terrains d’ASILES,
url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article666.html
à propos
Ce texte a été publié dans la revue Vacarme n°40, été 2007
résumé
En usant de la destruction pour forcer les populations à l’exil, les guerres contemporaines ont fait a contrario de la « reconstruction » et du « retour » des mots d’ordre jumeaux, pour les instances internationales en charge de gérer l’aprèsguerre. Il semble bien pourtant que la reconstruction du Liberia, parce qu’elle laisse de côté ceux-là même qui repeuplent le pays, ne promette pour l’avenir qu’une paix bien précaire. État des (non-)lieux.
Mots clefs
Au cours de la deuxième guerre du Liberia (2000-2003) [1], on estime à 900 000 (sur un total d’environ trois millions d’habitants) le nombre de Libériens ayant fui leurs lieux de résidence. Sur ce total, 340 000 personnes se sont réfugiées dans les pays limitrophes (principalement en Guinée, Sierra Leone et Côte d’Ivoire), et environ 500 000 personnes ont été des « déplacés internes » (IDPs, Internally displaced persons), dont 314 000 ont été regroupés dans des camps de déplacés situés principalement dans le Bong au centre du pays, et dans la périphérie de Monrovia. En 2003, dans les camps de réfugiés de la région de Bô et Kenema en Sierra Leone, j’avais rencontré de nombreux Libériens qui venaient de Foya dans le nord-ouest du Liberia [2]. À la frontière avec la Sierra Leone à l’ouest et la Guinée au nord, la région (county) du Lofa, et en particulier le district de Foya, se sont trouvés au cœur de la guerre. L’accord de paix d’août 2003, après la reddition de Taylor et la victoire du Lurd [3] soutenu par la Guinée et la « communauté internationale », fut une promesse de paix et de stabilité pour beaucoup de Libériens. Ceux-ci semblaient se réjouir ou se rassuraient du soutien visible des États-Unis au processus de pacification et de désarmement, et ils étaient pressés de retourner dans leur pays. Ceux du Lofa et ceux de Monrovia en particulier avaient même manifesté devant le compound humanitaire d’un des camps de la région, le camp de Tobanda, où se trouvait de passage pour quelques heures le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, en décembre 2003. Aux cris de « We wan go », ils réclamaient leur rapatriement tout en se plaignant de la mauvaise vie qu’ils menaient dans les camps. Faire plus précisément la part dans leur révolte entre la volonté de quitter le camp et celle de retourner « chez eux » n’était pas absolument aisé ; cependant le Haut commissaire aux réfugiés répondit en renchérissant avec emphase sur le second aspect, promettant un retour proche. Mais il est évident maintenant pour (...)
LIRE LA SUITE EN PDF :