Sommaire
Introduction 6
1. Un long cheminement : de la pratique à la théorie 7
2. Problématique 9
3. Méthodologie 19
4. Outils de recherche 23
5. Face-à-face avec les transmigrants 27
6. Préliminaires au terrain 33
1ère partie : De la migration à la transmigration : le contexte géopolitique 37
1. Construction européenne et immigration irrégulière 39
1.1 Les politiques du droit d’asile : une harmonisation par le bas 44
1.2 Eléments pour l’établissement d’un « indice de durcissement » 48
1.3 « Externalisation » de l’asile et de l’immigration 53
1.4 Les paradoxes de l’Union Européenne 55
2. La région maghrebo-sahélienne, nouvelle frontière de l’Europe 58
2.1 Rappel Historique des relations euro-méditerranéennes 58
2.2 Un partenariat contestable 61
2.3 Labilité des relations hispano-marocaines 63
2.4 Le Maroc : entre allégeances et résistances 66
3. Les caractéristiques de la transmigration 71
3.1 Mobilités extrêmes, extrémités mobiles 73
3.1.1 D’un Détroit à l’autre 77
3.1.2 De la transsaharienne aux routes océanes 79
3.1.3 Le périple de l’Immortel 82
3.2 La militarisation des espaces : drones contre pirogues 87
3.2.1 Saisonnalité des passages et dangerosité 89
3.3 Chronique d’une répression annoncée : octobre 2005 91
3.4 Les « ennemis de l’extérieur » 94
3.4.1 Pays d’origine et périples 95
3.4.2 Profil socio-économique des transmigrants 99
3.4.3 Nous sommes tous en situation irrégulière 103
3.4.4 Nous sommes tous des chercheurs en Vie meilleure 104
2ème partie : « Individuation et transmigration » 112
1. Religieux en mouvement, mouvement par le religieux 113
1.1 Protections tutélaires en transmigration 113
1.2 Regroupements autour des « pasteurs » nomades et
reconfigurations symboliques 118
1.3 Le périple d’Alain-Ali : entre multiappartenance et coexistence
communicante 122
2. « Indicateurs » du processus d’autonomisation 130
2.1 Les Mères : entre matriciel et matriciant 130
2.2 Comment réussir un itinéraire de clandestin 134
2.3 Etre transmigrant n’égale pas être frère ? 140
2.4 Une solidarité fraternelle ?143
2.5 Accepter le réel et faire-mémoire du passé 146
3. Etre relié 149
3.1 Connecté ici, là-bas et ailleurs 149
3.2. Fabrique d’un passeur 154
3.3 Hospitalité revisitée 163
3.4 Vers une citoyenneté juridique mondiale ? 166
3ème partie : Transmigrer au féminin 174
1. Les migrations féminines dans l’espace euro-méditerranéen 176
1.1 Une transmigration occultée 178
1.2 Hétérogénéité des profils et congruence des projets de Vie 180
2. Recompositions et décompositions familiales 186
2.1 Faire dyade : coresponsabilité de la mobilité et renversement
des rôles 186
2.2 Réseaux féminins transnationaux et regroupements familiaux
clandestins 190
2.3 L’enfant pionnier : entre ancrage et transmission 195
2.4 Le périple reconfiguré : entre fuite sacralisée et naissance
sublimée 199
3. Vivre au quotidien : entre production et improductivité 205
3.1 Attente et métissage des temporalités 205
3.2 Transmission du savoir-materner 210
3.3 Les ressources de la mobilité maternante : le dit de
Céline 215
4. Faire face à la violence 224
4.1 Azzi ou le rapport à l’altérité 226
4.2 La normalisation des agressions sexuelles 230
4.3 Transit et lien d’endettement 233
4.3.1 Le contexte socio-politique du Nigeria 234
4.3.2 Le transit : entre trajectoires balistiques et
violences mortelles 237
4.3.4 Les ‘fixeuses’ ou la gestion de l’immobilité
clandestine 242
Conclusion 249
Bibliographie 262
Annexes 263
Tableaux, Graphiques et Cartes 274
Extraits de la Loi N°02-03 –Nov 2003 Maroc 275
Documents photographiques 282
Partir, quitter, voyager, transiter, franchir, arriver, repartir... Etre en mouvement, en mobilité, en migration dans l’action, la crise, l’urgence. J’ai participé de ce mouvement des années 70 qui a lancé toute une génération sur les routes de l’aventure et de l’humanitaire, du génocide au Kampuchéa aux famines de la Corne de l’Afrique. Mouvement réparateur et activisme interventionniste fondé sur le droit d’ingérence « en faveur » de populations dont la survie était mise en danger au nom d’utopies meurtrières. « Pierre qui roule n’amasse pas mousse » m’avait-on assené lorsque j’avais annoncé mon désir d’émigrer pour travailler au rythme des évènements qui ensanglantaient la planète. Les défenseurs de l’immobilité et de l’enracinement dans le terroir, les carriéristes, les détenteurs de certitudes, du connu, du contrôlé et du circonscrit voyaient dans cette mobilité sans frontières un itinéraire erratique qui ne faisait pas sens, qui allait à l’encontre de la construction de soi et d’une carrière qui devait se faire dans une normalité linéaire et ascendante. La mobilité et le changement, le nouveau et l’inconnu, étaient perçus comme une perte de soi, de sa substance intrinsèque, de son identité qui finirait par se dissoudre dans les méandres d’une pérégrination fatale. La discontinuité et les ruptures, l’éloignement des lieux de socialisation acquis sur un terroir propre et exposant à la rencontre de mondes lointains et étrangers étaient vus comme des facteurs certains d’anomie. Cette pérégrination était assimilée par les caciques de la profession, à la course incontrôlée et sans but de la pierre qui, prévenant tout (...) - Lire la suite :