citation
Dorothée Serges,
"Stratégies matrimoniales entre migrantes brésiliennes et envoyés métropolitains, où les effets du postcolonialisme sur les rapports de domination en Guyane ",
REVUE Asylon(s),
N°11, mai 2013
ISBN : 979-10-95908-15-9 9791095908159, Quel colonialisme dans la France d’outre-mer ? ,
url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article1281.html
résumé
Cet article propose d’aborder les rapports de genre, race et classe à partir d’une analyse des échanges sexuels impliquant une compensation financière entre les migrantes brésiliennes en Guyane française et les miliaires, fonctionnaires et personnels du Centre Spatial guyanais. A partir de deux situations, l’une transfrontalière, à Saint-Georges-de-l’Oyapock et l’autre dans le centre urbain de Kourou, je souhaite démontrer que les contingents d’hommes venus seuls, qu’ils soient célibataires ou pas, implique la mise en place de rapports sociaux inégalitaires. Mon analyse se porte sur la dimension sexuelle des rapports de dominations en jeux dans ces échanges, que je qualifie alors de postcoloniaux, car liés tant à la création de nouveaux « bordels militaires » que structurés à partir de discours stéréotypés issus de ces situations et conditionnant la mise en place d’échanges économico-sexuels ou le « choix » du conjoint relève de cette logique coloniale.
Mots clefs
La Guyane quadruple sa population en 30 ans, qui atteint 131 000 personnes en 1990 et 205 954 aujourd’hui (INSEE, 2006). Ces dernières résident à 90% dans les villes côtières. Colonisée, décolonisée, la Guyane devient un département français d’outre-mer en 1947, et cette tutelle suppose la mise en place de « mécanismes d’une économie départementale […] conçus pour une économie [planifiée] dominée par les intérêts du secteur privé » (Jolivet, 1982 : 201). Je tiendrai compte ici du fait que le développement économique de ce département, ou « départementalisation économique », est accompagné d’une politique d’assistance, ou « départementalisation sociale ».
Ainsi sont adaptés les différents avantages sociaux : la sécurité sociale, les allocations familiales, les congés payés et la garantie du salaire minimum. En termes d’emplois, l’assistance assigne des charges sociales aux employeurs, s’élevant au minimum à 40% des salaires versés. Toutes ces charges font des travailleurs guyanais une main d’œuvre relativement coûteuse. Aussi, l’immigration en Guyane va être choisie en fonction de l’aptitude au travail des communautés ethnoculturelles et les politiques migratoires vont sélectionner en priorité les travailleurs transfrontaliers.
A partir des années 1970, 1500 travailleurs brésiliens originaires des État brésiliens du Pará et de l’Amapá sont appelés sur les chantiers de construction (Cayenne, Kourou) puis renvoyés par le gouvernement français [1]. Tous ne repartiront pas et, à cette immigration de main d’œuvre, succède une immigration familiale, puis économique, plus spécifiquement féminine. Ce sont plus spécifiquement ces dernières migrantes dont je traiterai dans le cadre de cet article, celles arrivées depuis les années 2000, parfois quelques années avant, migrant seules, avec une amie ou un membre de leur parenté (cousine ou tante).
Les motifs migratoires de ces dernières sont liés à une rupture conjugale, où le fait de se retrouver comme uniques pourvoyeurs économiques les oblige à laisser leurs enfants à leur mère pour tenter l’aventure mythique de l’Eldorado guyanais. La rupture implique l’élaboration de stratégies individuelles et familiales, conditionnées par un système de représentations lié aux débrouilles, où le « choix » du conjoint relève de la compréhension du fonctionnement de l’insertion sociale transmise par l’intermédiaire des réseaux communautaires et d’interconnaissances. Ces réseaux communautaires et d’interconnaissances seront focalisés, dans le cadre de cet article, dans deux villes de Guyane, Saint-Georges-de-l’Oyapock dans un premier temps et Kourou ensuite.
La commune de Saint-Georges, d’une superficie de 2 883 km², est située à l’est de la Guyane. Elle est une zone frontalière entre la Guyane et le Brésil, dont le fleuve Oyapock matérialise la séparation et comprend un centre-bourg comptant aujourd’hui 2 153 habitants (Perez et Archambeau, 2012). Le projet de coopération transfrontalière guyano-brésilienne, initié depuis la présidence de François Mitterrand, a abouti, le 1er juin 2011, à la réalisation d’un pont reliant Saint-Georges à Oiapoque. Oiapoque, ville frontalière de11 449 habitants [2] et d’une superficie de 24 912 km², fait partie du Municipio de l’Amapá et est reliée par un axe routier à sa capitale, Macapá.
La politique de renforcement des contrôles aux frontières, élaborée après la construction de la RN2 « Transguyanaise » depuis 1999, et dans la perspective de l’aménagement d’un pont entre les rives brésiliennes et guyanaises, est une réponse aux craintes des autorités face aux multiples trafics – or, nourriture, femmes – pouvant se développer dans cette zone frontalière. Le pont entre les deux rives fait suite à la construction de la Panaméricaine reliant les principales villes du Nord du Brésil entre elles et pour lesquelles de nombreux travailleurs de l’État du Maranhão ont été mobilisés. Ce sont ces travailleurs et les femmes incluses dans leurs réseaux que l’on retrouve majoritairement dans les migrants et migrantes actuelles en Guyane. Selon le fichier des enregistrements d’étrangers à la préfecture, leur nombre atteignait un effectif de 3 707 en 1985 (Domenach et Picouet, 1988 : 10), de 6 987 en 1999 (INSEE, 2006) et 13 847 en 2005 (dont 7 120 femmes, ce qui rend leur effectif supérieur à celui des hommes).
Pour faire face à l’immigration dite « clandestine », à l’affût de personnes étrangères, la commune de Saint-Georges possède une gendarmerie et, nouvellement, un poste de police aux frontières (PAF), faisant suite au Service de la police aux frontières (SPAF [3]) construit en 2004. Ce n’est que très récemment, en 2007, qu’un bâtiment PAF a été inauguré à Saint-Georges [4]. C’est dans ce contexte que des mesures de renforcement des contrôles vont être mises en place afin de réaliser l’objectif « Tolérance zéro » [5]. Ces dispositifs supposent l’aménagement d’un nouvel espace, le Local de rétention administratif (LRA) ainsi que l’augmentation des forces de police aux frontières (PAF), et sont instauré des politiques de « quotas » de reconduites aux frontières visant principalement à réaliser « du chiffre » (Pialoux, 2007, Serges, 2011).
Conjointement à ces effectifs, nous pouvons mentionner ceux plus ponctuels d’envoi de contingents d’hommes venus réaliser les diverses opérations de destruction des sites d’orpaillages clandestins, comme Anaconda et aujourd’hui Harpie [6], orchestrées depuis la métropole.
Quant à la ville de Kourou, elle se transforme complètement lors de l’arrivée du Centre Spatial Guyanais (CSG) en 1964, devenant la vitrine de la France pour sa capacité à envoyer des satellites dans l’espace. Les « hommes en armes » se multiplient afin de sécuriser ces envois, ainsi que les cadres venus de l’hexagone pour des durées allant de quelques mois à quelques années, et dont les contrats octroient un logement de fonction ainsi qu’un salaire calculé sur les 40% de vie chère. Ces hommes s’intègrent donc à la stratification socioethnique, basée non pas sur l’antériorité des populations résidant sur ce territoire, mais à partir des l’instauration des administrations coloniales, visant à orchestrer le développement de la Guyane depuis l’hexagone [7].
Dans ce contexte, le « choix » du conjoint visant une union mixtes [8] est relève d’une analyse faite à partir de la récente enquête de l’Ined-Insee « Migrations, famille et vieillissement (Mfv) » réalisée en 2009-2010 dans les Dom [9]. L’analyse des « choix » révèle que les stratégies matrimoniales mises en place par les migrantes brésiliennes privilégiaient un conjoint métropolitain ou guyanais, travaillant dans la fonction publique, et visaient à l’amélioration des conditions d’insertions économiques et matérielles d’existence de ces dernières, ainsi que pour celle des générations suivantes, nées en Guyane. L’hypergamie prévaut sur homogamie [10].
L’objectif ici est alors de préciser comment construisent socialement ces « choix » à partir des situations de rencontre ou prévalent les échanges économico-sexuels « contre une compensation financière ou matérielle [et qui] peut être caractérisé comme prostitution, ou bien s’intégrer à des relations telles que les rencontres ou le mariage », in Gail Pheterson (2004 :180), se référant plus particulièrement aux travaux de Paula Tabet, (1987), notamment pour la notion d’échanges économico-sexuels. En rapport avec la situation des migrantes brésiliennes en Guyane, ces échanges économico-sexuels, peuvent être comparés aux travaux de Marlène Benquet et Mathieu Trachman, supposant que « les autorités coloniales favorisent et constituent une prostitution pour les militaires [où] le contrôle de la sexualité n’a pas pour enjeu ici la condamnation de la prostitution, mais la promotion d’un corps blanc masculin dans un contexte de conquête » (2009 : 4). C’est à partir de la compréhension de cette promotion, entendue comme une forme de domination, que je base mon propos. Plus spécifiquement il s’organisera autour des échanges économico-sexuels entre les Brésiliennes et les « hommes en armes » (Falquet, 2008), gendarmes, légionnaires et des fonctionnaires métropolitains en Guyane (personnels expatriés pour de courtes durées et profitant des bénéfices de cette délocalisation : logements de fonction, salaire calculé sur les 40% de vie chère).
Je propose donc ici une présentation des contextes de rencontre et de mise en union à partir des villes présentées ci-dessus, Saint-Georges-de-l’Oyapock et Kourou, en raison pour la première, de la proximité frontalière entre le nord du Brésil, considéré comme la région la plus pauvre de ce pays et la Guyane française, où la tutelle coloniale a rendu possible un alignement du niveau de vie avec la France. A partir de ces deux situations, je souhaite démontrer que les contingents d’hommes venus seuls, qu’ils soient célibataires ou pas, impliquent la mise en place de rapports sociaux inégalitaires
« ...des femmes qui traversent pour aller voir les français pour prendre les euros [11] »
Les travailleuses du sexe sont appelées « garota de programa », « mulher de programa ». On retiendra ces expressions : « faire un program/fazer programa », « un business », « Oyaprog’ » – pour la spécificité de ce travail lorsqu’il est exercé à Saint-Georges-de-l’Oyapock. L’ouvrage issu d’un travail de master de Maria Dulce Gaspar fait référence à cette dénomination pour les travailleuses du sexe de Copacabana (RJ), en précisant que « ce sont des termes bien connus qui, de manière générale, désignent les femmes dont les conduites sexuelles sont stigmatisées ainsi que celles qui se prostituent » (1985 : 10). Faire un programme ou un business renvoie à une relation éphémère et sans compromis, relation qui s’oppose à celles établies et donc pensées comme plus sérieuses d’avec une « femme avec qui l’on peut se marier » [ma traduction [12]]. Parler de programa va servir à désigner à la fois l’échange sexuel et l’enchaînement de pratiques que les protagonistes auront préalablement défini.
Faire des programa suppose de traverser le fleuve Oiapoque et de se retrouver, clandestinement, du côté guyanais. Il existe dans les représentations une ligne rouge à ne pas franchir lorsque l’on a pas d’autorisation de séjour, ligne de quelques mètres de circonférence au regard de la place central, frontalière au fleuve Oyapock. Regiane, migrante brésilienne en attente de sa naturalisation précise : « je crois pas que cette ligne existe parce qu’on trouve des contrôles tout le temps au bord du fleuve, sur la place, tout ça, si ça existe, c’est pas encore officiel. Il faut que les deux gouvernements, que ça soit Lula et Sarkozy, se mettent en accord et qu’ils signent [...] ». France, employée domestique transfrontalière, mentionne quant à elle deux facettes concernant le traitement différentiel des Brésiliennes : celles qui sont « choisies » pour rester avec les agents de la Police aux frontières et celles qui sont immédiatement renvoyées, comme elle : « les hommes de la PAF ont des femmes brésiliennes, des amantes, ils vivent avec des brésiliennes. Mais, quand arrive une autre femme qu’ils ne connaissent pas et qui n’est pas leur femme, pas de leur famille, alors ils sont chiants avec elle, ils la renvoient [...] Et beaucoup d’hommes de la PAF vont avec les femmes brésiliennes, par exemple, quand j’y travaillais ben c’était une qui travaillait et l’autre qui faisait les « programmes, Oyaprog [13]’ » comme ils les appellent. Elles prenaient leur argent, faisaient l’amour avec eux, bon, pour moi non, je suis trop vieille et elles, elles sont bien plus jolies hein ! »
En effet, alors que certaines enquêtées de Vila Vitória ont mentionné leur arrestation aux abords du fleuve Oyapock, d’autres, comme Rose ou Giselle, travailleuses du sexe à Saint-Georges-de-l’Oyapock ne sont aucunement ennuyées par ces prérogatives. Elles arrivent à partir de 22 heures et vont au bar des Sports, tenu par Julia, autre migrante en cours de régularisation. La clientèle en soirée est composée essentiellement de fonctionnaires métropolitains ou guyanais. Lors d’une observation in situ, j’ai pu constater que le passage d’un véhicule d’agents de la police aux frontières n’inquiétait nullement Rose ou Giselle, ni les autres travailleuses du sexe les ayant rejoint autour de la table où elles sont installées. Cette dernière, située l’extérieur, est à l’intersection entre deux rues et en face de la place principale de Saint Georges. C’est donc stratégiquement qu’elles sont attentives aux véhicules ainsi qu’aux personnes qu’elles connaissent et dont un simple geste ou sifflement peu suffire à les mettre en mouvement. Giselle, qui a dix ans de métier, me dit faire des programmes tous les soirs et la majorité de sa clientèle est blanche. Elle me dit que là où elle est assise, les agents de la police aux frontières et les gendarmes ne peuvent rien lui dire : elle est dans ses droits.
« Il y a le côté des consommateurs touristes, propres, et celui de la nuit, en face, là où se retrouvent également les prostituées » (Pascal Roubillard). Lorsque le chef de la police aux frontières parle de ces côtés, il fait référence aux deux bars de la place centrale, dont celui décrit précédemment. Il est intéressant de relever, dans l’analyse de la situation transfrontalière, les modalités de contrôle et de surveillance. Un seul des fonctionnaires à ce jour, Thibaut Delors, ex-douanier et Conseillé Municipal, s’est vu retirer de ses fonctions de douanier pour avoir facilité l’obtention de papier de sa belle-sœur, travailleuse migrante brésilienne (lui-même étant marié avec une Brésilienne depuis 2004).
Un deuxième point mentionné par Fabienne Mathurin-Brouard, maire de Saint-Georges, fait état des relations inégalitaires dans sa commune : « ce n’est pas normal qu’un vieux de soixante ans soit en couple avec une jeune de vingt ans : l’amour prend des drôles de formes de ce côté de la frontière ». Les « vieux » dont elle parle sont majoritairement Métropolitains, bien qu’il puisse également y avoir des Créoles guyanais. Il peut s’agir dans ce cas de relations initiées à partir d’échanges économico-sexuels entre les deux partenaires et se poursuivant sur quelques semaines, voir quelques mois. Dans un des entretiens menés avec une serveuse de Saint-Georges, Erika, ex-garota de programa, la relation a débouché sur une union légalisée, ainsi que sur la naissance d’un enfant. Erika, 30 ans, précise avoir passé la dernière moitié de sa vie à travailler dans les bars et entreprises liées au tourisme à Oiapoque, où elle a rencontré son conjoint et entendu parlé de la Guyane. Ainsi, les Brésiliennes migrantes récentes, pour celles qui sont travailleuses du sexe, savent qu’elles peuvent obtenir des passe-droits si elles sont jeunes et correspondent à l’image que l’on attend d’elles – des femmes qui ont du tchã [14].
On peut rejoindre les conclusion du travail de Maria Angela D’Incao, à propos des femmes localisées dans les sociétés frontalières, notamment celles du Nord du Brésil (Amapá et Pará), pour qu’il n’y a plus depuis longtemps de véritable « culture de frontière », pourtant cette culture reste dans les mentalités, et suppose la mise en couple de très jeunes femmes avec des hommes plus âgés, « un homme qui ait des biens qui puisse offrir une union durable ou non (1997 : 114) ». Elle démontre qu’il y a des similitudes entres les prostituées et les non prostituées en ce qui concerne la recherche d’un compagnon et en vue de l’amélioration de leurs conditions matérielles d’existence, et que cela relève d’un habitus des familles résidant dans les sociétés transfrontalières.
Ainsi, dans ce contexte transfrontalier, les femmes, non détentrices de papiers autorisant le séjour ne semblent pas préoccupées par ces représentants. Qui a majoritairement recours à leurs prestations ? Le faible taux de reconduite – et plus spécifiquement à Saint-Georges – de ces femmes ne renvoie-t-il pas à un phénomène plus large qui serait de l’ordre de la pérennité, sous une forme quelque peu nuancée, des bordels militaires tels qu’ils existaient dans les anciennes colonies (Taraud, 2003) et rompant avec les arrangements entre les sexes privilégiés en métropole ? Seules sont alors modifiées les modalités de réglementation et de contrôle de la sexualité des Brésiliennes, à l’inverse de la prostitution coloniale à Alger, ici informelles et véhiculées par les discours et représentations politiques et médiatiques (peurs, dangers liées aux maladies sexuellement transmissibles...). On retrouve des éléments semblables à l’analyse faite par Isabelle Tracol-Huynh (2009), notamment lorsqu’elle mentionne le regroupement de femmes travailleuses du sexe lors de la venue de militaires, célibataires et dont on a vu dans le paragraphe précédent qu’ils n’étaient nullement empêchés par leurs supérieurs. Je propose à présent de comparer avec la situation de ces travailleuses dans les centres urbains, plus particulièrement celui de Kourou, où le nombre de fonctionnaire est le plus élevé, en raison de l’implantation des structures du Centre Spatial Guyanais (CSG).
« Une chatte ça coûte cher, un mec s’est là pour payer » [15]
Je commencerai par présenter les différents lieux de rencontre permettant la mise en place d’échanges économico-sexuels dans la ville de Kourou. Le Vieux Bourg est un centre de commerces, concentrant les établissements de loisir (bars, boîtes et espaces festifs liés à l’organisation de fêtes communales avec la « place des fêtes »). Jusqu’en 1985, il est le centre de rassemblement des militaires et des travailleuses du sexe. Plus récemment, les travailleuses du sexe sont situées, tant à l’intérieur du quartier que dans les zones limitrophes, à l’entrée Est, au rond-point, permettant de ne « louper » personne qui entrerait ou sortirait de la ville ainsi que le long des rues de Gaulle et Duchesne. Elles travaillent également dans les boîtes de Kourou, qu’il s’agisse du Saxo Club, du Vieux Montmartre, de « Chez Alice » (toutes situées au Vieux bourg) ou encore au Clibertown. Un entretien couplé d’une observation participante au Vieux Montmartre m’ont permis de noter une contradiction entre les dires de la patronne, selon qui il n’y a pas de prostitution dans son établissement, et la réalité des observations et des entretiens menés sur place, au cours desquels j’ai noté la présence d’au moins trois travailleuses du sexe, dont une travestie. Le travail du sexe est bien connu dans cet espace, et je limiterai alors mes analyses aux femmes pratiquant des échanges économico-sexuels, qu’elles-mêmes ne considèrent pas comme étant un travail du sexe.
Au Vieux Montmartre, la clientèle est essentiellement composée d’hommes fonctionnaires, légionnaires, militaires, originaires de la France hexagonale, de Guyane ou « du reste du monde », étant donné que le recrutement de la légion étrangère n’a pas de frontières. Les femmes fréquentant ce lieu sont principalement des Brésiliennes, mais pas uniquement, il est également possible d’y rencontrer des métropolitaines et/ou des créoles guyanaises. Les schémas de drague prennent la forme que décrit Eliane, 30 ans, travailleuse clandestine en quête d’un partenaire régulier, et selon qui « tous les messieurs vient parler avec toi pour le sexe » :
– « Ho mademoiselle, bonsoir »– « Bonsoir »– « Tu habites où ? »– « J’habite la rue parce que y a pas de maison pour rester »– « ha bon ! Parce que tu peux rester avec moi à ma maison parce que je suis seul, je suis pas marié [blablablabla] !! »– Et tout tout tout, garçons dire ça, de 15, 17, 22, 30, 40, 50 ans
Elle poursuit avec le fait que « toute fois que c’est lancement [16], beaucoup l’argent là à Kourou, oui. Et je connais monsieur là, bon, c’est pas buisness mais c’est, comment on dit, comment on dit ça en français, que je reste avec une personne, que c’est gentil, il donne moi 50 €, 20 €, 100 €, 80 €, tu vois, c’est pas, c’est pas prostitution tu vois, c’est comme si c’est un copain tu vois ».
Les stratégies matrimoniales sont au cœur de projets migratoires des nouvelles migrantes, transfrontalières, mais également celles qui vont dans les villes et selon qui les échanges économico-sexuels fonctionnent plus efficacement lors des tirs de fusée. On peut également compléter avec les réflexions développées par Paula Tabet, parlant de survival sex – service sexuel comme moyen de survie – pour qualifier les pratiques sexuelles des femmes qui « dépourvues d’instruction, n’ont pas accès aux emplois, ou pour celles qui, sorties d’un mariage, n’ont pas d’autre travail ou d’autres ressources, les prestations sexuelles constituent le seul moyen de subsistance dans les villes » (2004 : 74). Elle étudie plus particulièrement les échanges en Afrique, soit, mais son analyse est valable à partir de la prise en compte de ces situations de vulnérabilités liées aux différences de Produit Intérieur Brut (PIB) entre le nord du Brésil et la Guyane, auxquels s’ajoute le contexte postcolonial spécifique à la Guyane, notamment à travers sa départementalisation économique et sociale, générant une demande importante due aux contingents d’hommes, Blancs, célibataires ou non et envoyés seuls pour de courtes périodes.
Dans cette optique, la sexualité féminine est investie comme un capital et les femmes ont des stratégies afin de mettre en forme des « partenariats rentables ». L’utilisation de ce capital lié aux normes de genre est également investi, notamment lors d’une manifestation organisée par la légion Guyane [17], la fête Camerone. Cette fête, ouverte à toutes et tous, vise à faire connaître la légion en présentant ses activités quotidiennes. Elle se déroule sur deux jours pendant lesquels des stands (nourriture, boisson) sont installés ainsi que l’élection d’une « Miss Képi blanc », remportée tous les ans par une Brésilienne [18]. Dans la même veine, j’ai pu constater que les élections liées à l’obtention du prix de Miss Guyane étaient toujours remportées par des Créoles guyanaises, même à Saint-Georges, où la majorité de la population est pourtant d’origine brésilienne. La formation d’échanges et de mises en couple entre les Brésiliennes nouvellement migrantes et les légionnaires est donc favorisée lors de cette manifestation, comme lors de la fête sur la plage (Serges, 2009).
Ainsi, le jeu des stéréotypes comme le tchã ou le jeitinho, éléments de la “brésilianité” peuvent donc favoriser les rencontres et les Brésilienne s’en servent à la fois de repère et de fond de commerce. Cependant, ces jeux peuvent être à double sens et desservir tant les jeunes femmes que les jeunes hommes et ce, sous plusieurs aspects.
D’une part, il peut y avoir des rencontres problématiques pour les jeunes femmes, qui, en quête d’une mise en relation sérieuse ne trouvent dans les échanges économico-sexuels que des rapports où les intérêts priment sur la mise en place de véritables relations, le conte de fée visant à la mise en union stable n’étant opérant que dans de rares occasions. Une répercussion importante de ces stratégies matrimoniales concerne l’augmentation des discriminations organisant une hiérarchie tant entre les Brésiliennes entre elles, qu’entre les « bonnes » et les « mauvaises » migrantes, où la concurrence est basée sur la « race », des femmes appartenant aux autres groupes ethniques présents en Guyane (principalement Créoles guyanaises et Métropolitaines). Un récent exemple montre combien l’assignation peut être forte, notamment lorsqu’il s’agit de réduire les Brésiliennes à être des « bombes sexuelles » [19], adversaires potentiellement dangereuses ramenées à leur prétendue essence ou naturalité.
À l’inverse, les hommes peuvent être les « objets » de ces femmes, notamment lorsqu’ils mentionnent le fait de s’être fait « dépouillés » par elles à leur réveil ou encore de les avoir vu disparaitre après l’obtention de leur régularisation (par le biais d’une union légalisée). Ce fait a été constaté dans un travail de thèse récent (Serges, 2011) notamment à partir de l’analyse du nombre de remise en union et des motifs aux séparations des Brésiliennes et, pour la plus grande majorité d’entre elles, arrivées seules, les premiers conjoints ne sont jamais gardés plus de trois ans. Est-ce à dire qu’ils sont uniquement « choisis » en vue de l’obtention d’une régularisation ? Peut-on alors penser le mariage comme une stratégie utilisant le fonctionnement postcolonial et visant à s’en extraire ensuite ? Le mariage dans ce cas contiendrait certes un rapport de domination, mais pourrait profiter aux femmes notamment lors du divorce.
Ainsi, penser les relations engendrées par le contexte colonial dans la ville de Kourou suppose de tenir compte de l’arrivée de contingent d’hommes non plus armés mais dont la position sociale est supérieure, notamment pour ceux du centre spatial. A ces continuités dans les pratiques, il convient de penser ces échanges à l’intérieur de la société guyanaise, où, « la fin du statut colonial et la départementalisation n’a pas donné lieu à plus d’égalitarisme dans ces sociétés et où les populations sont “renvoyées à des clichés” » (Vergès, 2005). « Les femmes brésiliennes sont vues comme des prostituées ou, des femmes qui cherchent à s’implanter ici, et donc à se marier avec des Guyanais, plus que des femmes qui ont un créneau ou une activité commune particulière […] Très clairement, ça se dit pas, mais les Brésiliennes sont des belles femmes, ici, donc tous les métiers où l’apparence a un sens, on trouve des Brésiliennes » (Thierry Devmieux [20]). Ces clichés stéréotypés liés aux discours médiatiques et politiques à l’œuvre en Guyane, mais également diffusés en France métropolitaine, renvoient à ce qu’Isabelle Tracol-Huynh appel un « contrôle de la sexualité » ou pour le cas de la Guyane, une tentative de contrôle de la sexualité. On retrouve les mêmes idées dans les travaux d’Ann Stoler selon qui ce management de la sexualité répond à la volonté de construire des différences entre les « races » dans un contexte postcolonial.
Je propose de comprendre ces clichés à partir de ce qu’Arun Appadurai appelle « le travail de l’imagination ». A cet effet, l’auteur met en avant l’idée d’invention, prévalant dans un contexte où « les médias occupent le devant de la scène, qui non seulement diffusent, mais modèlent et infléchissent les processus culturels » (15). L’imagination permet alors la construction d’ethnoscape, « des paysages que se constituent des groupes mouvants eu égard à leurs propres origines et aux avatars (mésaventures et malheurs) qu’ils subissent ». Denise Brennan, analysant le sexe commercial comme une dimension supplémentaire des flux culturels mondiaux à partir de l’exemple des travailleuses du sexe dominicaines de Sosúa propose de parler quant à elle de « sexo-scape » pour rendre compte d’« un lieu dans l’économie mondiale des transactions sexuelles commercialisées » (2011). Transposée au contexte guyanais, ces lieux fonctionnent comme la mise en place de rapport de dominations (genre, classe, race) où les femmes brésiliennes deviennent des marchandises achetables avec des cadeaux, des propositions de mises en unions ou des « dons » d’argent, qui en retour leurs permettent de payer le loyer ou d’envoyer de l’argent aux membres de la famille restés au Brésil. Il peut s’agir alors, compte-tenu de leur trajectoire, d’un temps d’accumulation d’un capital économique ou d’un « choix » de carrière.
Il s’agit bien de voir à travers les deux exemples présentés ici, celui des travailleuses du sexe transfrontalières et celui des femmes « choisissant » les échanges économico-sexuels en vu d’optimiser leur insertion économique et sociale, qu’il y a une persistance des enjeux coloniaux dans l’instauration des rapports tant interethniques que de genre et de classe, notamment à partir d’un constat que la colonisation, puis la décolonisation et surtout la départementalisation a amplifié la prostitution en multipliant l’arrivée « d’hommes en armes » et de fonctionnaires. La société ainsi formée s’appuie et fonctionne à partir des stéréotypes qui en découlent. On est alors en droit de s’interroger, de manière plus globale, sur ce système de relations interethniques basé sur une « prétendue supériorité de la race blanche » (Le Cour Grandmaison, 2009) qui, en organisant la mise à disposition de cette minorité sexuelle dominée (Stoler, 2002), conditionne sa stigmatisation et contribue à sa condamnation tant au niveau de leur sexualité que du groupe des Brésiliennes dans son ensemble.
En guise d’élargissement, je propose quelques pistes de réflexion. La première suppose la transformation des rapports transfrontalier, notamment depuis l’inauguration en juin 2011 du pont entre les rives brésilienne et guyanaise : comment vont alors évoluer les rapports entre les hommes en armes et fonctionnaires et les Brésiliennes après la mise en service du pont sur l’Oyapock ? Une seconde piste, sur Kourou, interroge les nouvelles formes de dominations – classe, race, genre – engendrées par l’arrivée de cadres russes pour l’installation et la mise en orbite des lanceurs Soyouz. Une dernière piste enfin interroge la place des réseaux – Orkut et/ou facebook – dans la possibilité du maintien de relations...
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Résumé : Cet article propose d’aborder les rapports de genre, race et classe à partir d’une analyse des échanges sexuels impliquant une compensation financière entre les migrantes brésiliennes en Guyane française et les miliaires, fonctionnaires et personnels du Centre Spatial guyanais. A partir de deux situations, l’une transfrontalière, à Saint-Georges-de-l’Oyapock et l’autre dans le centre urbain de Kourou, je souhaite démontrer que les contingents d’hommes venus seuls, qu’ils soient célibataires ou pas, implique la mise en place de rapports sociaux inégalitaires. Mon analyse se porte sur la dimension sexuelle des rapports de dominations en jeux dans ces échanges, que je qualifie alors de postcoloniaux, car liés tant à la création de nouveaux « bordels militaires » que structurés à partir de discours stéréotypés issus de ces situations et conditionnant la mise en place d’échanges économico-sexuels ou le « choix » du conjoint relève de cette logique coloniale.
Mots clés (auteur) : genre, migration, postcolonialisme, économie de survie, Brésil Guyane
Marriage strategies among Brazilian migrants and sent Metropolitan, where the effects of postcolonialism on the relations of domination in Guyana. Abstract : This article proposes to address gender relations, race and class from an analysis of sexual exchanges involving financial compensation between Brazilian migrants in French Guiana and miliary officials and staff of the Guyana Space Centre. From two situations, one border to Saint-Georges-de-l’Oyapock and the other in the urban center of Kourou, I wish to demonstrate that the quotas of men came alone, whether single or not imply the establishment of unequal social relations. My analysis focuses on the sexual dimension of relations of domination in games in these exchanges, I then described as postcolonial, as they relate to both the creation of new "military brothels" that structured from stereotyped speech from these situations and conditioning the establishment of economic and sexual exchanges or "choice" spouse falls into this colonial logic.
Key Words (author) : gender, migration, postcolonialism, survival economy, Brazil, French Guyana
NOTES
[1] REBRACA (Retornos Brasileiros de Caiena – Rapatriement des Brésiliens de Cayenne). Opération visant à la reconduite des travailleurs brésiliens, soit à la frontière matérialisée par le fleuve Oyapock, soit à Belem (AM).
[2] Instituto Brasileiro de Geografia e Estatistica (IBGE, 2008).
[3] http://www.lexpress.fr/region/sur-l...
[4] http://guyane.rfo.fr/article166.html
[5] Un entretien réalisé auprès du chef de la Police aux frontières, Pascal Roubillard, a permis d’évaluer ces effectifs chiffrés s’élevant à un quotas de 2000 reconduites pas an pour la zone frontalière et entre 7000 et 9000 pour l’ensemble de la Guyane.
[6] Opérations menées par les brigades de gendarmerie visant au repérage des sites d’orpaillage illégaux ainsi qu’à la destruction du matériel des orpailleurs. Ces opérations seront ensuite appelées « Harpie ». Elles supposent la venue de 700 militaires supplémentaires, dont une moitié de gendarme et l’autre de soldats du régiment d’infanterie de marine et étranger d’infanterie (France soir 21/07/11, Jean-Claude Galli).
[7] Métropole ou France métropolitaine. Ce terme, renvoyant implicitement à la notion de colonisation, est aujourd’hui remplacé par hexagone, ou France hexagonale, que je privilégierai ici.
[8] « Unions mixtes, genre et migration : le cas des Brésiliennes résidant en Guyane », présentation dans le cadre de l’ICA, 54ème Congrès International des Américanistes Construyendo dialogos en las Américas - Symposio Nº 479 área temática 5 : Las migraciones femeninas en América latina y las transformaciones en las relaciones de género (publication en cours)
[9] Départements français d’outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion.
[10] Cf Bozon Michel et Héran François. 1988 « La découverte du conjoint. II. Les scènes de rencontre dans l’espace social ». Population, 43e année, n°1, pp. 121-150.
[11] Chanson écrite par Orlando Custódio Vieira, président de l’association des résidents de Vila Vitória, quartier d’Oiapoque, frontalier à Saint-Georges-de-l’Oyapock
[12] En introduction « “Mulher de Programa” (Fry, 1977 : 121) ou “garota de programa” (Leitão, 1981 : 27) são termos bastante conhecidos que geralmente designam mulheres de conduta sexual estigmatizada e também prostitutas. “Fazer programa” define uma relação efemera e descompromissada em oposição à relação estabelecida com a “mulher para casar” » (Op. cit. in Dulce Gaspar 1985 : 11).
[13] Programmes à Oyapock
[14] Tchão est un élément caractéristique attribué aux Brésiliennes, renvoyant au « sex appeal » naturel, un jeitinho pour conserver la terminologie portugaise, organisé comme un habitus, une façon d’être inscrite dans les corps et les mentalités.
[15] Fofoca – commerage – véhiculée par les femmes travailleuses du sexe dans les boites de nuits.
[16] Tir de la fusée Ariane par le Centre spatial guyanais.
[17] http://www.blada.com/sorties/procha...
[18] Ce constat s’appuie sur le dépouillage des archives de France Guyane.
[19] « La brésilienne, bombe sexuelle », telle qu’à pu la caractériser Frédérique Groene lors d’un colloque portant sur la sexualité et organisé par l’Association Guyanaise des Psychologues, largement critiqué par un site pour les Brésiliens en Guyane : http://www.brasilyane.net/viewtopic.... La polémique a fait l’objet d’un démenti de la psychologue à la 14e minute du journal local : http://info.francetelevisions.fr/vi...
[20] Secrétaire Général de la Préfecture de la Guyane. Entretien réalisé en 2008.