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Synthèses

Recueil Alexandries

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mars 2009

Anne-Lise Dewulf

La Communauté Rrom en Europe : une chance d’intégration mise à mal.

résumé

Rroms, Tsiganes, Manouches, Gitans…quelque soit le nom qui leur ait attribué, ils restent un peuple méconnu et largement entaché de préjugés sans fondement. Pourtant, les Rroms forment la plus grande minorité culturelle paneuropéenne et sont parmi les plus vieux habitants de l’Europe. Les persécutions et discriminations dont ils sont victimes, de longues dates, demeurent encore très vives aujourd’hui, comme ont pu le démontrer les derniers faits d’actualités. Ces dernières années, la montée des violences à l’égard des Rroms s’est trouvée alimentée tant par les médias que par certains gouvernements. Mais les Rroms ont aussi été inscrits dans l’agenda prioritaire de l’Union Européenne (UE) qui semble sur la voie d’un processus d’intégration. Considérant l’éducation comme le levier principal d’ascension sociale et comme une façon de lever les obstacles à une cohabitation et une compréhension entre populations rroms et celles majoritaires, l’UE a choisi de mettre l’accent sur la scolarisation.

à propos

Note réalisée pour la formation Master-pro « Crises : interventions d’urgence et actions de développement » Paris 1 / IEDES : http://www.univ-paris1.fr/fileadmin... L’université n’entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce document.

citation

Anne-Lise Dewulf, "La Communauté Rrom en Europe : une chance d’intégration mise à mal.", Recueil Alexandries, Collections Synthèses, mars 2009, url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article951.html

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Rroms, Tsiganes, Manouches, Gitans…quelque soit le nom qui leur ait attribué, ils restent un peuple méconnu et largement entaché de préjugés sans fondement. Pourtant, les Rroms forment la plus grande minorité culturelle paneuropéenne et sont parmi les plus vieux habitants de l’Europe.

Ils sont originaires de l’Inde du Nord puis sont parvenus jusqu’en Europe (Grèce) au IXème siècle. Leur histoire n’est que très peu documentée en raison d’une absence de traces écrites mais il semble important de relever que son cadre général est définie par la violence et les persécutions [1]. En effet, si l’Empire Ottoman était connu pour sa relative tolérance, à sa chute, les Rroms vont être l’objet de persécutions incessantes en Europe. En Roumanie, les propriétaires terriens mais aussi le clergé les tenaient pour esclaves. Avec le siècle des Lumières, les Rroms se voient obligés d’adopter les normes de la société majoritaire et c’est ainsi que de nombreux enfants rroms sont retirés de leurs familles et placés dans d’autres non rroms ou au sein d’institution étatique. Le but visé par ses actions est d’annihiler le groupe ethnique dans sa globalité. Ensuite, l’arrivée du nazisme hitlérien marque une nouvelle étape dans les souffrances de la Communauté Rrom. Cette dernière est victime, entre 1939 et 1945, du « Porraimos » [2], de la part des tenants du régime hitlérien mais aussi, fait aggravant, des autorités locales qui parfois n’ont pas eu besoin des incitations allemandes (République Tchèque). En Europe centrale et orientale d’après-guerre, les gouvernements tentent de sédentariser par la force leurs communautés rroms, à l’image de la Pologne et de la Tchécoslovaquie qui cherchent alors à les transformer en un « prolétariat homogénéisé » [3]. Avec la période des socialismes d’Etats, le racisme reste omniprésent et des tentatives des politiques de stérilisations forcées des femmes rroms semblent avérées. Ces dernières se retrouvent également en Europe occidentale, notamment en Suède, en Norvège et en Suisse. Par la suite, à la chute du mur de Berlin en 1989, les sentiments de haine anti-rroms vont connaître une recrudescence dans l’Europe entière. Condamnation collective, violences, injustices et préjugés, fortement repris par les médias, constituent le quotidien de ces populations. En 1999, au Kosovo, les Rroms sont victimes d’un véritable nettoyage ethnique perpétré par les Albanais, suite au retrait de l’OTAN et des forces yougoslaves.

Ces persécutions et discriminations de longues dates demeurent encore très vives aujourd’hui, comme ont pu le démontrer les derniers faits d’actualités. Ces dernières années, la montée des violences à l’égard des Rroms s’est trouvée alimentée tant par les médias que par certains gouvernements à l’image de celui de Mr Berlusconi dans sa tentative de « ficher » les Rroms dès l’âge de 14 ans. En France, les Rroms sont clairement la première ethnie visée par les expulsions et servent à la politique du chiffre de Mr Hortefeux.

Depuis le 1er Janvier 2007, ces quelques dix millions de Rroms sont devenus citoyens européens de pleins droits. Leur foyer principal reste l’Europe de l’Est et Centrale, où ils représentent parfois jusqu’à 5% de la population du pays. Pour autant, ils ne sont toujours pas reconnus comme citoyens européens à part entière et demeurent trop souvent considérés comme « les autres », étrangers jusque dans leur pays natal. Dans leurs pays d’origines, ils sont en effet exclus de tous les droits fondamentaux, ce qui explique d’une certaine manière, leur exil,même si « l’appel d’air » consécutif à l’ouverture des frontières n’a manifestement pas eu lieu [4]. Les Rroms sont problématiques dans le sens où ils sont à eux seuls un « dilemme » : ils sont une Nation dispersée entre divers Etats, ou Nation sans Etat propre, et les différents groupes ethniques rroms appartiennent aussi à des Nations individuelles et à leurs Etats territoriaux [5]. Ils sont donc au cœur d’un paradoxe politique très en lien avec l’actualité française et européenne, puisqu’ils forment un Peuple et se revendiquent en tant que tel. Entre six et 10 millions, les Rroms européens sont donc plus nombreux que les Luxembourgeois, Belges ou Néerlandais, ce qui leur confère un poids « inquiétant » pour certains gouvernements européens [6]. Ces Rroms, qui revendiquent leur reconnaissance en tant que minorité européenne transnationale, souhaitent seulement dépasser l’exclusion qui touche ses membres et l’inclusion sociale, politique, économique et culturelle au sein d’entités plus vastes. La question « Rrom » est donc au cœur du futur de l’Europe et renvoie à la question de la citoyenneté, à la fois européenne mais aussi au sein de chaque gouvernement national. Il y a de fait une certaine ambivalence dans le fait d’appartenir à l’Europe géographique mais d’être aussi laissés pour compte.

C’est pourquoi, ces dernières décennies, les Rroms ont été inscrits dans l’agenda prioritaire de l’Union Européenne (UE) qui semble sur la voix d’un processus d’intégration. Directives, groupes de travail, conférence, sommets européens, etc ont été organisés autour de cette problématique. Néanmoins, l’hospitalité européenne entre en discordance avec les duretés nationales, la politique commune n’étant décidément pas le fort de l’UE. A titre illustratif, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a du émettre de multiples arrêts afin que le mode de vie itinérant ne soit respecté [7].

Considérant l’éducation comme le levier principal d’ascension sociale et comme une façon de lever les obstacles à une cohabitation et une compréhension entre populations rroms et celles majoritaires, l’UE a choisi de mettre l’accent sur la scolarisation. Toutefois, la scolarisation des enfants rroms est elle-même liée à tout un ensemble de facteurs internes/externes et de conditions préalables. Les aspects économiques, sociaux, culturels et de lutte contre la discrimination et le racisme ont en effet une influence forte [8]. Finalement, l’inclusion des Rroms demande une réponse globale et non sectorielle.

C’est pourquoi cette synthèse s’attachera à établir, dans un premier temps, un tour d’horizon européen autour de trois axes : les actions, outils, fonds, etc de l’UE dédiés à la résolution de la question rrom, les réalités nationales relatives au logement, à l’emploi et autres domaines d’intégration clés et enfin, les permanences nationales de pratiques discriminatoires. Par la suite, la seconde partie portera plus nettement sur la scolarisation en commençant par une « photographie » de la situation scolaire des jeunes rroms à travers l’Europe. L’objectif est de mettre en exergue la multiplicité des obstacles administratifs et discriminatoires, allant souvent à l’encontre de lois existantes, qui entrave une scolarisation effective et continue. Enfin, les difficultés de scolarisation relatives aux différences culturelles seront soulignées, tout en rappelant les solutions possibles pour les contourner. Tout au long de ce travail, un focus plus particulier sera réalisé sur la France, puisque les données sont plus facilement accessibles (sources de seconde main et entretien).

I/ La Communauté Rrom en Europe : tour d’horizon.

A. Les Rroms au cœur des préoccupations de l’Union Européenne.

A.1 L’arsenal législatif et juridique européen pour lutter contre l’exclusion sociale.

Depuis la création de l’Union Européenne et au fur et à mesure de sa construction en tant qu’Organisation supra nationale, de nombreuses Directives ont été adoptées afin de prévenir toute forme de discrimination sur une base ethnique [9]. Au commencement, la Chartre des Droits Fondamentaux condamne la discrimination et la ségrégation des minorités puisque considérées comme une atteinte aux droits de la personne humaine. Ensuite, la Directive d’Egalité Raciale doit-elle donner un cadre aux Etats membres afin de mettre un terme aux traitements différenciés se fondant sur des critères arbitraires de race et d’appartenance ethnique. Le Programme d’Action Communautaire (2000-2006) impulsé par la DG européenne Emploi, Affaires sociales et Egalité des chances, était lui destiné à combattre la discrimination. Enfin, un rapport de la Commission européenne, établi en 2004, a placé le traitement des Rroms parmi les questions politiques, sociales et des droits de l’homme les plus urgentes auxquelles l’Europe soit confrontée. Plus récemment, plusieurs lois ciblant spécifiquement les Rroms ont été votées [10]. En 2005, le Parlement a adopté un texte où apparaît pour la première fois la notion de « romaphobie », phénomène parfois considéré comme une manifestation du colonialisme contemporain. En 2007, une loi garantie la libre-circulation de tous les citoyens européens, sans restriction, et en 2008 enfin, une dernière loi évoque et dénonce la « ghettoïsation » et la discrimination raciale dont souffrent les Rroms. Egalement, les critères d’adhésion à l’UE, plus connus sous le nom de Critères de Copenhague posent comme pré requis au pays candidat, le respect et la protection des minorités.

Face à ces constats et au manque de réactivité, et peut-être de volonté des Etats membres pour mettre en place une véritable politique d’inclusion des Rroms, l’UE a élaboré plusieurs outils et dégagé divers fonds à cette fin [11]. Ainsi, le Fonds Structurel Européen (FSE) et les instruments de préadhésion jouent un rôle crucial pour vaincre l’exclusion dont sont victimes les Rroms.

Entre 2000 et 2006, dans le cadre du programme communautaire sus évoqué, 275 millions d’euros provenant du FSE ont été consacrés à des projets spécialement destinés aux Rroms et un milliard supplémentaire a permis de financer des programmes en faveur des groupes vulnérables, dont les Rroms font partie. Néanmoins la réussite de tels projets ne dépend pas seulement de fonds mais aussi d’une coordination forte et de la pleine participation de la société civile lors de l’élaboration, l’exécution et le contrôle de l’action communautaire.
Toutefois, force est constater que ces directives, recommandations, lois…toutes transposées dans les législations nationales des pays de l’Union Européenne, n’ont pas donné lieu à des résultats concrets en terme de lutte contre la marginalisation et la discrimination des communautés rroms.

A.2 la Décennie d’Inclusion des Rroms 2005-2015

Parallèlement aux actions européennes et parce qu’il est devenu évident que la discrimination ne pouvait être éliminée seulement au moyen de loi mais aussi par un développement socio-économique des Rroms, cette initiative est née en 2003 à Budapest [12]. Elle fait suite à une conférence régionale de haut niveau (« Les Roms dans une Europe en expansion : les défis pour l’avenir ») et est née sous l’impulsion de l’Open Society Institut du milliardaire George Soros, de la Banque Mondiale et de huit pays d’Europe Centrale et Sud-orientale (Bulgarie, Croatie, République Tchèque, Hongrie, Macédoine, Monténégro Roumanie, Serbie et Slovaquie). L’objectif de cette décennie est donc de contribuer à lever les barrières auxquelles sont confrontés les Rroms dans les domaines de l’éducation, la santé publique, l’emploi et le logement, où la situation des Rroms fait triste figure. Le pouvoir d’entraînement de cette initiative est grand, comme le démontre le récent ralliement de trois nouveaux pays : l’Espagne, dont la communauté Rrom est la plus importante en Europe de l’Ouest (environ 250 000), la Bosnie et l’Albanie.
Toutefois son efficacité réelle sur l’impact de la vie des Rroms au quotidien est à nuancer légèrement. En effet, un manque d’implication flagrant de la part de l’Union Européenne et une tendance de la part des gouvernements à voir la solution du problème en termes de « mesures sporadiques » et non de politiques cohérentes et enfin la création d’organisations de lobbying Rrom fort éloignées de la réalité du terrain sont à prendre en compte pour comprendre cette quasi-absence de résultats concrets.

A.3 Le sommet européen de Bruxelles du 16 Septembre 2008.

Antérieurement à ce sommet, huit ONG françaises ont souhaité faire un appel à la Présidence française de l’Union Européenne afin qu’elle œuvre pour l’adoption d’une Directive Cadre définissant une politique globale en faveur des Rroms [13]. Elles ont également revendiqué de nouveau la reconnaissance officielle des « camps d’internements tsiganes » entre 1940 et 1946 en France et l’arrêt des discours publics à l’encontre des Rroms ; discours prétendant entre autre qu’ils constituent une menace pour la sécurité et la santé publiques et où aucune distinction n’ai faite entre une poignée de délinquants et la majorité de la population Rrom.
Le sommet en question a rassemblé plus de 400 représentants d’institutions européennes, de gouvernements, de parlements et de la société civile parmi laquelle, un certain nombre d’associations Rroms. Cette réunion de haut niveau offrait un espace de discussion autour de la situation actuelle de la communauté Rrom au sein de l’Union Européenne. L’objectif principal étant, avant tout, d’identifier les moyens par lesquels cette situation pourrait évoluer dans un sens positif. Mr José Manuel Barroso, en charge de présider le sommet, a commencé son discours en rappelant que : « Les conditions de vies de la plupart des populations d’origine rom sont inacceptables au XXI ème siècle et en Europe. Il est urgent, non pas seulement en termes politiques, mais davantage en termes humains que cela change » [14]. En effet, il semble utile de rappeler que pour les trois quarts des européens, être Rrom constitue un désavantage sérieux.
De ce sommet, quelques résultats positifs sont à relever [15]. Tout d’abord le discours de Mme Boutin, ministre française du Logement de la Ville, qui a marqué la reconnaissance des Rroms en tant qu’entité historique, linguistique et culturelle et non plus en tant que couche sociale. Elle s’est également engagée à ce que les Rroms obtiennent de véritables cartes d’identités et non plus des titres de circulations stigmatisants. Ensuite, il ne faut pas oublier que ce sommet se tient dans un contexte européen de tensions assez vives face à la question des Rroms, suite aux épisodes italiens de recensement ou fichage des Rroms, suivant l’angle d’analyse, dès l’âge de quatorze ans. Cet acte a été proprement condamné par le Parlement Européen et aussi, afin de contourner le problème, les autorités italiennes ont-elles décidé d’élargir la collecte d’empreintes digitales à l’ensemble des citoyens italiens d’ici à 2010. En conséquence, lors de ce sommet, il a aussi été décidé d’envoyer un groupe de parlementaires européen, dont la député Rrom Viktoria Mohacsi, pour vérifier la manière dont le recensement des Rroms est mis en place par le gouvernement Berlusconi.

Le but est aussi, bien entendu, d’identifier de manière plus approfondie le climat à l’égard des étrangers irréguliers suite à l’adoption des mesures sur la sécurité. Ces dernières comprennent, notamment, l’aggravation automatique des peines pour tout délit commis par un sans-papier, jugée non conforme aux valeurs fondatrices de l’Union Européenne. A son retour d’Italie, Viktoria Mohacsi ne mâche pas ses mots : « La situation des Rroms en Italie est horrible. Il est difficile d’imaginer que dans un pays démocratique des personnes puissent être à ce point privées de droits. Il est plus qu’urgent de mettre en place un programme d’intégration, notamment en direction des personnes arrivant des nouveaux pays membres de l’Union Européenne » [16]. Elle va même jusqu’à dénoncer le « génocide qui se passe sous nos yeux » et ponctue son discours de l’allocution romani « Dosta » ! (Çà suffit !).

Néanmoins, ce sommet n’a pas abouti sur de véritables initiatives politiques. Une des raisons est l’absence de consensus général sur la politique à mener. A titre d’exemple, la controverse autour de la création d’une Unité Rrom au sein de la Commission Européenne est-elle éclairante. La France, entre autres pays, se positionne contre la création d’une nouvelle unité, estimant que les instruments européens déjà crées sont suffisants et qu’il serait contre productif de démultiplier les groupes de travail européen en place. A l’inverse, il semblerait que la Présidence Tchèque de l’Union Européenne y soit plus favorable. De nombreuses critiques ont également été entendues concernant l’absence de « Roi Rroms » (leaders naturels des diverses communautés Roms) et aussi autour de l’intervention de la sous-secrétaire d’Etat pour l’Emploi et les Politiques Sociales italienne qui n’a pu parvenir au bout de son discours, lequel tentait de dépeindre l’Italie comme une nation soucieuse de l’intégration de ses minorités [17]. Enfin, Mr Barroso, a rappelé que le pouvoir de changer les choses était véritablement entre les mains des Etats membres qui ne devaient pas se restreindre à transposer les Directives européennes dans leur législation nationale respective mais aussi les appliquer et les appuyer !

A.4 Les perspectives.

Suite à ce sommet, l’Union Européenne a publié un texte dénonçant toutes les formes de discriminations possibles afin qu’il serve de base au prochain sommet européen prévu pour décembre 2008. L’enjeu principal de ce sommet est de « promouvoir la citoyenneté d’une population dont les droits sont précisés à la fois par les résolutions européennes et par leurs traductions dans les politiques nationales » [18]. Après avoir identifié clairement la situation des Roms dans les pays européens, cette rencontre internationale devra mettre en œuvre des collaborations pérennes permettant, entre autres [19] :

- la poursuite et le développement d’une réflexion commune ;

- la mise en œuvre de méthodologies partenariales et leur évaluation ;

- la création de nouveaux outils adéquats dans divers domaines (suivi social, pédagogie, accueil…) ;

- la publication de travaux à large audience.
Suite au discours de Mme Boutin, qui marque une avancée significative dans la reconnaissance de la communauté Rrom en France, et en raison de la Présidence française de l’Union Européenne qui a duré jusque fin 2008, les associations Rroms ont repris espoirs. Pour le Président de l’association française la Voix des Roms, la France possède un véritable « potentiel rrom » [20] : à travers l’INALCO (seul établissement du monde à délivrer une licence, et bientôt un master de langue et civilisation romani), mais aussi le travail accompli par l’ancien Centre de recherches tsiganes à l’université Paris 5 (dont a hérité le Groupe d’Etudes pour l’Europe de la culture et de la solidarité (GEPECS)), le fonds documentaire des Etudes Tsiganes et enfin la place qu’a eu la France dans le développement d’un mouvement Rrom au niveau international (initiative de Rroms de Montreuil aboutissant à la création de l’Union Rromani International, ONG reconnue par l’ONU où elle a un titre consultatif)…Selon lui [21], si la France oriente l’action européenne vers une reconnaissance de l’identité Rrom en tant qu’entité intégrante de l’Union Européenne avec ses capacités, potentiels et non plus en terme exclusivement social, alors les Rroms auront remporté une bataille ancestrale !

Enfin, l’UE a établit dernièrement un rapport : « La ségrégation des enfants roms dans l’enseignement- La Directive sur l’Egalité raciale comme moyen de lutte contre la discrimination structurelle » [22], dont les visées sont au nombre de trois. Tout d’abord, il s’agit d’améliorer la compréhension des questions relatives à la discrimination pour, ensuite, développer des moyens de lutter contre et, enfin, de promouvoir les valeurs allant dans le sens d’une lutte contre la discrimination.

L’UE s’engage donc clairement dans une voix d’intégration globale des Rroms en son sein. Face au peu de réaction des Etats membres, le Centre Européen des Droits des Roms (ERRC) a même déposé une plainte auprès de la Commission Européenne et à l’encontre de la France pour « violation des droits fondamentaux de l’Union » [23], en avril 2008. La France est ainsi accusée de non respect des articles 16 (« droit de la famille à une protection sociale, juridique, économique), 19 (« droit des travailleurs migrants et de leurs familles à la protection et à l’assistance ») et enfin, 30 (« droit à la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale ») et 31 (« droit au logement »). Il semble donc que les pays membres soient de plus en plus contraints sur cette question par le niveau supra national. Ceci demeure néanmoins insuffisant pour pallier à des siècles de marginalisation de communautés qui vivent, le plus souvent, dans une grande précarité.

B. Pourtant, la situation de la communauté Rom demeure inquiétante.

B.1 Tour d’horizon des pays européens.

Il paraît ici utile de commencer par rappeler qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des données, que ce soit en chiffre absolu ou sous forme de statistique, concernant la situation des Rroms dans certains domaines clés du développement (éducation, santé, emploi, logement…) [24]. Plusieurs raisons expliquent ce manque de connaissances chiffrées dont la première est le « tabou » relatif à la collecte de données selon l’appartenance ethnique mais peut-être aussi derrière, une certaine indifférence face à cette communauté. De plus, les Rroms eux-mêmes sont souvent réticents à se faire recenser en tant que tels en raison de l’étiquette péjorative souvent accolée à leur ethnie.

De la même façon, les chiffres relatifs aux résultats de la politique d’anti discrimination et d’inclusion sociale de l’UE sont dur à trouver et, si les Rroms sont identifiés comme groupe cible par l’UE, seuls 5 pays les ont réellement désignés comme tels dans leur Plan d’Action Nationaux [25]. Bien que les chiffres ne révèlent pas toujours l’exacte réalité, ils restent essentiels comme base pour mener une politique claire et efficace et aussi, ce manque de statistiques fiables constitue-t-il un réel handicap. Néanmoins, on peut affirmer sans trop de risques que, d’une manière générale, la communauté Rrom atteint des niveaux élevés dans tous les indicateurs d’exclusion (taux de chômage et pauvreté, d’analphabétisme, de mortalité infantile extrêmement élevés, et à l’inverse des taux de scolarisation, une espérance de vie et des conditions de logements très bas), dans tous les pays européens. Il est admis, par exemple, que le taux de chômage des Roms est parfois jusqu’à 70% supérieur à celui de la population du pays dans lequel ils vivent [26] !

C’est dans les pays d’Europe de l’Est que la situation des Roms est la plus dramatique. Ainsi, une enquête du PNUD en 2005 [27] montre que le « sous-développement » des Roms dans cette région est comparable à celui des habitants de certains pays africains. A titre d’exemple, en moyenne, plus d’un Rrom sur deux souffre de la faim, la mortalité infantile au sein de la communauté est le double de celle de la population nationale, seul 1/3 de la population Rrom a achevé le cycle d’éducation primaire, pas plus d’1% n’a suivi un enseignement supérieur…laissant présager la montée d’une jeune génération Rrom marquée pas des problèmes de malnutrition, un mauvais état de santé, et des difficultés de scolarisation. Pour illustrer cette évolution, en Hongrie, en 1993, les Rroms représentaient 9% des chômeurs et en 2001, ils comptaient pour le double soit 18% des chômeurs hongrois. Selon les pays, quelques informations plus précises peuvent être obtenues. D’après l’UNICEF, en 2005, 84% des Rroms de Bulgarie, 88% de ceux de Roumanie et 91% d’origine hongroise vivaient en dessous du seuil de pauvreté [28]. En Bulgarie [29] et en Hongrie, 30 à 40% des jeunes de moins de 18 ans sont des Roms et souffrent de la faim quotidiennement. Leur espérance de vie est de 10 ans inférieure à la moyenne nationale (15 ans de moins en Roumanie [30]). Dans ces deux pays un enfant Rom aurait 56 fois moins de chance qu’un enfant non-rom de pouvoir faire des études supérieures [31].
En ce qui concerne l’emploi, selon le rapport de l’ENAR [32], en Lituanie, 82.4% des Rroms interrogés donnaient comme principale raison pour leur inactivité professionnelle, les préjugés et attitudes négatives de leurs employeurs face à leur origine ethnique. Par ailleurs, 47% des employeurs interrogés estimaient qu’un Rrom ne se verrait très probablement pas offrir un poste dans sa compagnie. En République Tchèque, et comme il a déjà été mentionné auparavant, le taux de chômage des Rroms atteint les 70% pour une moyenne nationale de 6%. En Roumanie, les Rroms ne sont pas incités à porter plainte suite à une discrimination à l’embauche puisque les sanctions à l’égard des employeurs ne sont que peu dissuasives [33]. En Bulgarie, 77% des employeurs refusent d’embaucher des Rroms dans les secteurs à main d’œuvre non qualifiée tels que le bâtiment ou l’agriculture [34]. Bien entendu, le manque de qualifications et le niveau d’études des Rroms expliquent aussi cette situation, d’où un rôle prépondérant de l’éducation, et, en plus ils doivent donc faire face à une discrimination à facettes multiples.
Relativement aux conditions de logement, ce même rapport souligne le fait qu’à travers l’Europe, les Rroms vivent dans des habitations non conformes à la norme, le plus souvent dans des endroits ruraux isolés ou des « ghettos urbains ». Ce type d’habitation ne permet pas l’eau courante, l’alimentation en gaz et en électricité, un système d’évacuation des égouts. L’éloignement des routes principales rend difficile l’accès aux services de santé et à l’école. De plus, les Rroms doivent sans cesse faire face à des évacuations forcées, surtout en Italie, République Tchèque et en Slovaquie. Enfin, dans certains pays à l’image de la Hongrie, des annonces pour location ou achat de logement stipule que « pour les Noirs, Arabes et Rroms ce n’est pas la peine d’appeler pour obtenir des renseignements » [35]. Pour ce qui est de l’accès aux biens et services, là encore les Rroms sont confrontés à des obstacles que ce soit dans le secteur hospitalier [36], les transports publics…à titre d’exemple, en Pologne les Rroms prenant des transports publics sont traités comme des mendiants ; en Estonie, lorsqu’ils entrent dans les magasins on craint qu’ils ne volent ou ne commettent un crime. Ces sentiments s’expliquent en partie par la haine anti-roms que les médias attisent de manière de plus en plus extrémiste. Ils portraient les Rroms comme des criminels, voleurs, mendiants, consommateurs de drogues…Cet amalgame se retrouve parmi les forces de police qui ont recours au « fichage ethnique » et harcèlent sans cesse la population Rrom. Enfin, suite à de mauvais traitements injustifiés de la part des officiers de police, trop peu de poursuites sont menées à terme [37].
De nombreux Rroms sont aussi présents en Europe de l’Ouest, que ce soit pour fuir la misère de leur pays natal, depuis l’élargissement de l’Union Européenne ou depuis beaucoup plus longtemps. Néanmoins, ils demeurent exclus de la société.
Le cas français ne fait pas exception et l’exemple des « retours humanitaires forcés » en est une illustration. Ce type de retour prévoit 300€ par adulte et 100€ par enfant, sachant que le salaire moyen en Roumanie tourne autour de 194€ [38]. Ils sont organisés par la Police et vont souvent de pairs avec des prises de données, prélèvements d’ADN…Loin de résoudre le problème des migrants illégaux sur le sol français, ce système peut être qualifié de pervers car depuis le 1er janvier 2007, ces Roms roumains par exemple, sont devenus citoyens européens et peuvent donc revenir à leur gré. Un phénomène « d’élastique » entre la Roumanie et la France est dorénavant en place et fait monter ou baisser les chiffres au gré des OQTF ou APRF [39] mais ne se rompt certainement pas. Une expulsion coûte extrêmement chère (10 000€/personne) environ et est payée par le contribuable qui, finalement, paye des expulsions à répétition des mêmes personnes : où est l’efficience dans l’utilisation des fonds publics ? A titre illsutratif, en 2007, 7000 Rroms « illégaux »ont été expulsés alors que la communauté rrom migrante ne dépasse pas les 5000 personnes en France [40]. Le problème des retours humanitaires est qu’ils provoquent une rupture des liens établis « ici et là-bas » [41]. En effet, au vu de la somme promise, certaines familles installées depuis quelques années en France et dont les enfants sont scolarisés, retournent au pays pour toucher l’argent. A l’inverse, d’autres familles très pauvres vivant en Roumanie, quittent leur emploi, se déracinent de leur environnement familier pour saisir l’occasion. Dès 1912, les Rroms et/ou Gens du Voyage sont visés en France par des lois spécifiques à l’image de celle de 1912 réglementant à la fois le flux des « nomades » et leur circulation. Ensuite, il y a eu les Carnets de circulation (1969) que les nomades devaient présenter à l’arrivée et au départ de chaque ville et où figurait leur photo, condamnation éventuelle, membre de la famille, caractéristiques physiques et empreintes digitales [42]. Enfin, clairement la loi du 18 mars 2003 dite de la Sécurité Intérieur fait des Gens du Voyages, nomades…des personnes indésirables. Si les obstacles liés à la libre circulation sont moindres depuis l’élargissement de l’Union Européenne, les Roms doivent tout de même justifier au bout de trois mois d’un emploi ou de moyens de subsistance suffisants, faute de quoi ils sont potentiellement expulsables (loi du 3 janvier 1969 que Mme Boutin prévoit d’abroger) [43].
Ce dernier point évoque notamment les récentes expulsions du camp Rrom de Saint Denis qui pointe une évidente contradiction entre la politique de retour mise en place par le gouvernement français et la liberté de circulation qui prévaut au sein de l’Union Européenne. Toujours en France, face aux conditions de logement précaires, une loi a été votée en 2000 : la loi Besson. Cette dernière définie un cadre juridique volontariste pour l’accueil des gens du voyage, uniquement (pas des Rroms migrants) [44]. Néanmoins, aujourd’hui, seules 25% des aires d’accueil prévues par ce cadre ont été effectivement crées. De plus, l’habitat en caravane, y compris pour les « Gens du voyage sédentarisés », n’est toujours pas reconnu comme un logement avec les droits sociaux qui y sont liés. Egalement, ces aires d’accueil ne correspondent pas finalement aux désirs de ces personnes qui préféreraient des terrains familiaux sur lesquels ils pourraient se déplacer, plutôt que d’être sans cesse mélangés avec des d’autres communautés [45]. De surcroît, la loi Besson a été atténuée en 2007 puisque les communes « qui manifestent la volonté » de construire ces aires d’accueil peuvent continuer les expulsions pendant deux ans [46]. La France ne reconnaît pas la caravane comme un domicile (donc pas de possibilités d’obtenir des APL mais pas de taxes à l’habitation non plus) alors que la Commission Européenne l’a reconnu le 11 janvier 2001. Lorsque les Rroms décident d’acheter un terrain pour y installer leur caravane, ils doivent faire face à des difficultés disproportionnées pour accéder aux services de bases tels que eau courante, ramassage des ordures, électricité, etc [47]. Enfin, toujours en ce qui concerne la liberté de stationner, selon l’article L.2212-1 du Code Général des Collectivités Territoriales, c’est le maire qui détient les pleins pouvoirs de régulation du stationnement [48]. Des projets d’urbanismes ont vu le jour assez récemment, il s’agit des Maîtrise d’œuvre Urbaine et Sociale (MOUS) [49]ou « villages d’insertion ». Cependant, il semble que les caractéristiques de ces derniers, à savoir des espaces fermés interdits de visites extérieures (sauf dérogation spéciale) et à la Presse, gardés 24/24h…ne favorisent pas l’intégration des Rroms y vivant. Pour certains, ce concept est même incohérent car il consiste à déplacer des populations de communes ou autres espaces, où elles s’étaient construites, vers d’autres « bidonvilles » [50] ; les capacités d’accueil étant en plus beaucoup trop restreintes. Enfin, la mention stigmatisante SDF est encore souvent apposée sur les pièces d’identités avec une domiciliation par les services sociaux ou associations.
Ceci complique l’accès aux soins (seule 10% des femmes enceintes bénéficient d’un suivi de grossesse, les enfants ne sont pas vaccinés, des épidémies de tuberculose se développent…) et à la scolarité (les maires refusent de reconnaître leur résidence sur la commune). Par ailleurs, concernant la santé, une nouvelle directive a vu le jour en 2007 et rend inaccessible la CMU/CMUC pour tout européen inactif et dépourvu de ressources suffisantes et/ou de couverture maladie [51]. L’Aide Médicale de l’Etat (AME), quant à elle, peut être accordée au bout de trois mois de résidence mais d’une manière générale, les communautés Rroms connaissent des difficultés pour prouver cette durée de résidence sur le sol français et se voient souvent refuser cette aide spécifique. Relativement à l’emploi, là encore l’insertion dans le circuit économique formel n’est pas favorisé [52]. Pour travailler, les Rroms doivent obtenir une autorisation à l’emploi délivrée à la Préfecture. Pour obtenir cette autorisation, ils doivent avoir une promesse d’embauche. Ensuite, l’employeur en question devra verser une taxe à l’ANAEM de l’ordre de 893€. La lourdeur financière de cette procédure ainsi que celle administrative, l’autorisation à l’emploi étant obtenu au bout de 3 à 9mois (pendant lesquels les Rroms ne peuvent travailler), encourage par conséquent le travail au noir voire illicite. En avril 2006 puis décembre 2007, une ouverture des métiers sous tensions a été réalisée mais les résultats ne sont pas probants car actuellement, le nombre de Rroms ayant obtenu un emploi est aussi marginal qu’il y a deux ans [53]. Force est de constater qu’en France, la dépendance des Rroms vis-à-vis des Institutions d’Etat est évidente et, ces dernières, en les précarisant toujours plus, en font au final, une population problématique.

En Europe de l’Ouest, c’est en Espagne que la communauté Rom est la plus nombreuse (entre 650.000 et 700.000) et c’est là aussi qu’elle est la plus prospère [54]. Les Roms d’Espagne font partie de la classe moyenne commerçante, possèdent des musiciens de renom et des leaders reconnus, des militants, des taux de scolarisation qui sont relativement élevés… Mais une enquête de 2006 montre tout de même que 40% des espagnols ne veulent pas d’un gitan pour voisin, que les abandons avant la fin de la scolarisation primaire sont toujours légion et que seul 1% d’entre eux vont à l’université.
Enfin, d’une manière générale, dans les pays d’Europe de l’Ouest, les Rroms connaissent une mortalité infantile cinq fois plus élevée que celle du pays dans lequel ils résident, la mortalité néonatale précoce est, elle, neuf fois plus importante et leur espérance de vie se situe dans la fourchette 50-60 ans (76.8 en France pour les hommes et 83.7 pour les femmes [55]) [56].

B. 2 Persécution, violence et discrimination croissante.

Il apparaît clairement que depuis 2001, il y a une recrudescence d’attitudes anti-roms, notamment en raison des spéculations des médias sur le déferlement migratoire des Roms d’Europe Orientale, consécutivement à l’élargissement de l’Union Européenne. Pour parler de l’ampleur de la discrimination et de la stigmatisation dont souffrent les Roms, Médecins du Monde parle de leur « statut d’exception » en Europe [57]. Dans plusieurs pays européens, cette expression fait effectivement sens.

En Italie pour commencer, où dernièrement le gouvernement de Mr Berlusconi a mené des opérations d’identification dans les camps où les Roms se voient dans l’obligation de remplir des formulaires comprenant des cases « ethnie » et « religion » [58]. Ils doivent également laisser leur empreinte digitale, et ce dès l’âge de 14 ans. Si la nécessité de les recenser afin de mieux les intégrer au sein de la société où ils vivent totalement marginalisés n’est pas dénuée de sens, en revanche il faut aussi leur éviter la honte de se voir rangés tout au long de leur vie comme appartenant à un groupe ethnique considéré comme potentiellement sujet à la criminalité. L’amalgame entre Rroms et voleurs ou criminels étant déjà suffisamment encré dans les mentalités. Ce raccourci est actuellement accru par la place qu’a prise la thématique de la « sécurité » en Italie, tant dans la diatribe des médias que dans les propos des politiciens [59]. Mais ce discours est trompeur car selon les statistiques officielles, les infractions pénales n’ont pas augmenté depuis ces dernières 10 années et l’Italie est un des pays d’Europe avec un taux d’homicide parmi les plus faibles. Néanmoins, les médias continuent d’attirer l’attention sur les délits commis par des étrangers en insistant tout particulièrement sur la nationalité du délinquant. Dans la Presse, les Rroms ne sont pas « acteurs » mais dépeints soit comme des victimes de discrimination ou, cas le plus fréquent, comme des auteurs de délits et sont ainsi maintenus entre l’Assistance et la Haine [60]. Ce genre de discours faussés peut donner lieu à de nouvelles agressions contre les Rroms et par les riverains, comme ce fut le cas le 14 mai dernier à Ponticelli, banlieue de Naples [61]. Le problème est que lorsque la dynamique de violence et de haine est enclenchée, il devient particulièrement difficile de la contrôler. Une ambiguïté est dès lors à relever entre la très faible valorisation sociale des Rroms et leur évocation incessante par les médias mais aussi sur les scènes politiques.
En France, la discrimination des Rroms ne fait pas de doute. Ils ne peuvent obtenir de carte d’identité qu’au bout de trois ans de rattachement ininterrompu à une municipalité, alors que pour tout autre citoyen français il s’agit de 6 mois, y compris pour les SDF [62], soit une distinction purement discriminatoire faite en Gens du Voyage (Rroms pour la plupart) et SDF. Plus loin, le nombre de personnes d’origine Rom ne peut dépasser les 3% de la population totale d’une municipalité, en conséquence les Roms sont dans l’impossibilité de faire élire leurs propres représentants ! A l’image du cas italien, la France n’est pas épargnée par les vagues de violences à l’encontre de la communauté Rrom. Un des cas les plus récent remonte au 21 mai, à Marseille, où suite à des rumeurs d’enlèvements d’enfants par des Roms, une vague de violence s’est tournée contre eux dans la cité de Bricarde [63]. Deux Rroms ont été pris à part par une soixantaine d’habitants et ont du être exfiltrés par la Police. Par la suite, des cabanes rroms ont été attaquées à coup de bouteilles remplies d’essence et de chiffons enflammés. D’ailleurs la France n’a pas ratifié la Convention Cadre Européenne pour la protection des minorités nationales ni la Chartre Européenne des langues régionales et minoritaires.

Lors d’infractions commises à leur égard, les Rroms sont souvent confrontés à l’indifférence et à la passivité des forces de Police qui explique leur crainte, suspicion et manque de confiance envers ceux qui sont justement censés les protéger [64]. Encore, les violences émanant des forces de Police même, sont de plus en plus fortes. Ainsi, en Slovaquie, 109 cas d’infractions à caractères racistes ont-ils étaient recensés en 2002. Plusieurs plaintes ont été déposées devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme concernant des violences à l’égard de rroms et certaines concernaient des décès ou actes de violence lors de garde à vue.

Au niveau des indicateurs de santé : espérance de vie, mortalité infantile, taux de maladies infectieuses ou chroniques…on note d’énormes différences entre les populations Rroms et celles non Rroms mais aussi entre la minorité Rrom et d’autres minorités, faisant encore écho au « statut d’exception » évoqué par MDM. Les populations Rroms subissent un accès non équitable aux services de santé, comme l’illustre le cas de la Roumanie. Dans ce pays, certains centres hospitaliers ont refusé des enfants Roms malades car ils n’avaient pas de papiers d’identités. De la même manière, au Royaume-Uni, des médecins généralistes ont refusé à certaines familles des Gens du Voyage un traitement médical ou leur inscription, tandis qu’en Europe de l’Est des enquêtes ont étaient ouvertes faisant état de stérilisations forcées de femmes rroms.

C’est aussi en Roumanie que certains journaux locaux publiaient en 2002 des offres d’emplois indiquant expressément que les Roms n’étaient pas invités à postuler [65].

Le racisme n’est pas un phénomène fixe et bien qu’il y ait une sorte de vulgarisation de l’expérience, le racisme à l’égard des Rroms est particulier. Tout d’abord les Rroms n’ont jamais vraiment été acceptés au sein d’une société de part leur mode de vie particulier et font ainsi l’objet d’une discrimination très ancienne. Non intégrés dans leur pays natal, ils le sont encore moins en Europe de l’Ouest où la mendicité avec un enfant, le campement dans des espaces publics…scandalisent les citoyens et, encore plus dangereux, la classe politique a, pour la première fois, conféré une respectabilité au racisme anti-rom. Les Rroms sont « pauvres et demandent à vivre pauvrement mais même cela leur ai refusé » [66], leur mode de vie particulier suscitant peur/méfiance et étant trop souvent synonymes pour de vols pour ceux qui ne le comprenne pas. A titre illustratif, en France, pas plus de 1% des Rroms vivent en bidonvilles et pourtant dans les représentations collectives, l’ensemble des Rroms habite dans ce type d’habitat précaire [67]. Pour certains, la violence de la xénophobie à l’égard des Rroms s’est peu à peu transformée en véritable « institution sociale » [68].

Stigmatisés en Italie par le gouvernement Berlusconi, jugés comme des « personnes mal vues socialement, marginales et perfides » au Portugal, méprisés en Russie, jugés indésirables dans la plupart des pays européens, étiquetés en tant que voleurs en France où un amalgame total est fait entre Roms- Gens du Voyage- Roumain, les Roms, minorité transnationale, demeurent les plus pauvres des plus pauvres.

II/ Une intégration mise à mal par une scolarisation insuffisante et gênée.

A. Etats des lieux.

Là encore des informations fiables ne sont pas aisées à trouver et il en existe très peu. Néanmoins, il apparaît clairement que la ségrégation et l’absence de passerelle effective entre la culture communautaire et celle scolaire demeurent les obstacles majeurs pour l’accès à l’éducation des jeunes Rroms, et ce quelque soit le pays européen envisagé [69]. Dans ce cas, la ségrégation englobe tant celle spatiale, relative aux conditions de logements déjà évoquées, que celle interne au système éducatif. L’enquête du PNUD montre que les trois quarts des 10 à 12 millions des Rroms du continent ne terminent même pas l’école élémentaire [70]. Dans les pays d’Europe de l’Est comme de l’Ouest les enfants Roms sont de plus très souvent placés dans des « classes spéciales » où la qualité de l’enseignement et des enseignants est bien moindre que dans des classes ordinaires. Il est possible d’obtenir davantage d’informations selon les pays.

A.1 Obstacles administratifs : à l’encontre des lois.

En France, les dernières études complètes couvrant ce thème remontent au Rapport Delamon [71] de 1990 qui montre que seul 5% des enfants de voyageurs en âge d’être scolarisés fréquentaient l’école maternelle ; 50% des voyageurs et 85% des sédentaires allaient à l’école élémentaire et enfin, 8% des enfants de 12 à 16 ans allaient au collège. En 2001, la situation était légèrement plus encourageante avec 15 à 20% des enfants Roms qui se rendaient au collège, selon le Ministère de l’Education Nationale. Cependant les questions de régularité et de qualité de l’enseignement ne sont pas à oublier. Concernant la régularité, une étude de l’ERRC [72] pour cette même période, met en avant le fait que 60% des enfants de 6-12 qui étaient inscrits à l’école, ne se rendaient pas régulièrement en cours (seulement 30 à 40% du temps). Pendant longtemps et encore aujourd’hui dans une moindre mesure, les Rroms disposaient d’une sorte de statut juridique à part selon lequel discontinuité et imprévisibilité de la fréquentation scolaire était admis. Par ailleurs, ces dix dernières années, l’absentéisme et les décrochages scolaires chez les jeunes Rroms ont continué de grimper. Concernant cette fois la qualité de l’éducation, il a été remarqué qu’un nombre disproportionnellement élevé d’enfants en âge d’aller au collège, sont scolarisés en Section d’Enseignement Professionnel Adapté (SEGPA). Ces classes accueillent généralement des enfants en difficultés scolaires graves et durables.
Enfin, les crèches et halte garderies ne sont pas ouvertes aux enfants Rroms faute de place ou en raison des coûts alors que leur importance dans la réussite scolaire future des enfants n’est plus à démontrer, spécialement chez les enfants rroms (apprentissage de la langue française, préparation à l’école primaire…).

Des obstacles purement bureaucratiques sont à relever lorsque l’absence de certificats de naissance, de document d’identité, de permis de résidence pour des personnes vivant dans des campements illégaux, même dans leur propre pays, ou encore la non reconnaissance de certificats scolaires d’autres pays sont utilisés comme des prétextes par les maires ou directeurs d’écoles pour ne pas inscrire les enfants Rroms à l’école. Pourtant, en France, l’inscription dans l’école primaire est vigoureusement obligatoire, y compris en cas d’absence de pièces justificatives ou de manques de place. Dans ce dernier cas, une procédure existe et permet de remédier rapidement à ce problème [73]. Encore, en France, la loi prévoit le droit à l’éducation pour tous, mais pour l’Etat, les Rroms sont d’abord des personnes en situation irrégulière et donc l’application de la « loi de séjour » prévaut [74] ! Plus loin, ces expulsions demandées par l’Etat provoquent des ruptures dans la scolarisation des enfants. Les refus de scolarisation sont malheureusement très fréquents, notamment pour éviter une pérennisation des Rroms sur la commune et ce, malgré les obligations induites par le Code de l’éducation, les Conventions Internationales, la mesures prises par la Cour Européenne des Droits de l’Homme…Toujours en France, le Code de l’éducation prévoit une « obligation de scolarisation […]quelques soient la durée et les modalités de stationnement » et selon l’article L.131-6 de ce même code c’est la résidence sur le territoire d’une commune qui détermine l’établissement scolaire d’accueil [75]. Pourtant les refus de Maires continuent de s’opposer à l’inscription d’enfants rroms à l’école, à l’image de celui de Méry-sur-Oise [76]. Ce dernier a refusé, en 2006, l’inscription d’enfants rroms originaires de Roumanie arguant soit d’un manque de classes adaptées (bien que des moyens spécifiques aient été alloués par l’inspection académique), soit de faibles capacités d’accueil (démenties par la Directrice de l’établissement en question), ou encore de l’absence de domiciliation légale (qui ne constitue pas un argument valable au regard de la loi) et une incertitude quant au rattachement du terrain sur lequel vivait ces enfants, à la commune…

Toutefois, ces dernières années ont vu naître quelques tentatives d’intégration des enfants rroms plutôt positifs [77]. En Pologne, une formation linguistique est organisée dans certaines écoles maternelles et des assistants scolaires pour les enfants rroms ont été désignés afin de faciliter leur transition des classes spéciales vers les classes ordinaires. Le résultat tangible est une augmentation considérable de la fréquentation scolaire des jeunes rroms ainsi que des contacts réguliers et renforcés entre enfants rroms et d’autres non-rrom. De la même manière, en République Tchèque, des assistants scolaires ont été introduits dans les classes ordinaires et préparatoires [78]. Malheureusement, souvent ce type d’initiatives est développé à petites échelles car rarement jugées comme prioritaires par les autorités municipales. En 2004, en Slovaquie, le gouvernement a adopté un document de politique générale sur l’éducation intégrée des enfants et jeunes Roms, y compris dans l’enseignement secondaire et universitaire [79]. Enfin, à l’échelle européenne, un projet nommé « Step in » a été mis en œuvre [80]. Il vise à éviter la rupture entre de la scolarisation des jeunes tsiganes de 13 à 18 ans. Pour éclairer ce projet, en France, son application prévoit que des jeunes Rroms puissent présenter le BAFA [81] pour devenir animateur-médiateur de leur communauté auprès de l’administration et des pouvoirs publics.

A.2 Obstacles purement discriminatoires.

Les pratiques discriminatoires et préjugés sont une cause profonde de l’inégalité évidente en matière d’accès à l’éducation. Tout d’abord, les mauvaises conditions de vies (pas d’eau, d’électricité) mais surtout l’éloignement de l’aire d’accueil par rapport à l’école constituent bien évidemment un obstacle à l’inscription et la fréquentation des écoles. En effet, parfois des communautés entières n’ont pas accès à l’éducation parce qu’elles sont isolées par la ségrégation du reste de la société à cause de la distance physique qui les séparent des écoles. A titre d’exemple, en Grèce, dans la communauté Rrom de Spata, les enfants n’ont pu se rendre à l’école pendant trois ans à cause de la distance et faute de moyens de transports [82]. Ensuite, comme il a déjà été soulevé, les enfants Rroms subissent une ségrégation supplémentaire au sein même du secteur éducatif. Il s’agit de la mise en place d’écoles isolées, dans des campements isolées ou de « classes spéciales » et une surreprésentation nette des enfants Rroms dans des classes pour enfants ayant des besoins spéciaux. Ce placement se fait quasiment de manière automatique, sans évaluation pédagogique ou psychologique adéquate, le critère majeur restant l’origine ethnique.
Ainsi, l’intégration par le « handicap » demeure une tendance forte dans les institutions scolaires européennes [83]. Dans ces classes, les programmes scolaires sont moins ambitieux, ce qui réduit nettement les perspectives d’éducation et donc la possibilité de trouver un emploi ultérieurement. De plus, ceci conduit à une sorte de phénomène de réprobation sociale en étiquetant les enfants Rroms comme moins intelligents et moins capables. Ces enfants sont jugés comme des « handicapés sociaux » et aussi, souvent intégrés comme des « retardés ». Les conséquences à long-terme de ce biais d’orientation, qui touche parfois jusqu’à 80% des Rroms d’un pays, sont dramatiques [84]. Déjà peu représentés et valorisés dans les pays dans lesquels ils vivent, ces placements arbitraires en classes « spéciales » ne font qu’amoindrir leurs chances de sortir de la précarité. De surcroît, l’absence consécutive d’enseignants rroms dans le système éducatif contribue encore à accroître la marginalisation et mise à l’écart des Rroms. Il y a aussi un risque non négligeable de susciter chez ces enfants des sentiments d’infériorité d’autant plus que ce type de mentalité se transmet facilement des parents aux enfants et peut ainsi déboucher sur des épisodes de harcèlement ou brimades à l’encontre des enfants rroms, à l’école notamment. Encore, l’éducation ségréguée prive les enfants rroms et non-rroms de la possibilité de se connaître, de découvrir la culture de l’autre pour effacer la crainte et de vivre ensemble en tant que citoyens égaux. Dans les pays d’Europe Occidentale [85], une très grande majorité d’enfants Rroms sont mis à part dans des « classes spéciales », comme en Allemagne où seule la moitié des enfants Rroms sont scolarisés et parmi eux, 80% le sont dans ces classes ségréguées. En Espagne, certaines écoles d’Etat fréquentées par les Rroms sont devenues des sortes de « ghettos » ces 10 dernières années (on est passé de 30 à 40% d’enfants Rroms à plus de 80% !). En 2001, en Finlande, un nombre surprenant d’enfants Rroms est placé dans des unités pédagogiques spécialisées en raison des difficultés linguistiques et des différences culturelles entre les Rroms et la population majoritaire.
Dans les pays d’Europe de l’Est et Centrale, la situation n’est pas plus brillante [86]bien que différente, car sous le régime communiste, la scolarisation était obligatoire pour tous [87]. Or, à la chute du communisme, cette obligation n’a pas été maintenue et, parallèlement, les communautés Rroms se sont appauvries suite à la perte d’emplois. Certains enfants ont donc du arrêter l’école faute d’argent pour payer habits, transports, cantines et aussi suite à un besoin urgent de l’apport économique qu’un enfant peut générer. Les pratiques discriminatoires se retrouvent aussi bien entendu dans ce type de pays.

En Hongrie, par exemple, les enfants Rroms sont quasi systématiquement placés dans des classes séparées ou « classes C » recevant les enfants issus de milieux défavorisés et dont le niveau scolaire est très inférieur. Dans ce type de classes, 70% des enfants sont d’origine Rrom et suivent un programme simplifié sans enseignant expérimenté et dans des installations en piteux état. En 2003, 700 écoles hongroises ont été recensées comme pratiquant la ségrégation des enfants Rroms au travers de la mise en place de ces fameuses classes séparées. En Slovaquie, dans certaines régions, c’est 80% des enfants Rroms qui sont placés dans des établissements spécialisés. En 2003, pas plus de 3% des Rroms slovaques atteignaient l’enseignement secondaire, 8% l’enseignement secondaire technique. En République Tchèque, en 1999, plus de la moitié des élèves d’ « écoles spéciales de rattrapage » pour les handicapés mentaux légers étaient d’origine Rrom. Dans ce pays, tout enfant rrom a 27 fois plus de probabilité qu’un enfant non-rrom d’être scolarisé dans ce type d’école et d’ailleurs lors de cette étude, 75% des enfants rroms en âge scolaire primaire fréquentaient ces écoles [88].

Suite aux témoignages et à la dénonciation de nombreuses ONG, des procédures déségrationnistes ont vu le jour, essentiellement dans les pays de l’Est. Toutefois, ces mesures sont parfois contrées par les parents non-rroms qui décident de scolariser leurs enfants dans des écoles privées [89].

Quelques projets, tentatives, efforts pour la déségrégation de l’Ecole, comme précédemment évoqué, ont vu le jour mais se sont parfois heurtés soit à la réticence des parents non rroms soit au niveau très local (maire, directeur d’école…). En France, une nette amélioration depuis 10 ans est à relever, la scolarisation primaire atteint de bons niveaux mais celle dans le secondaire demeure insuffisante, entre autres, parce que les parents rroms ne la considère plus comme primordiale, les enfants sachant normalement déjà lire et écrire [90].

B. Entrer dans la « culture scolaire » : des difficultés surmontables ?

B.1 Une culture communautaire spécifique qui ne prédispose pas à une scolarisation européenne classique.

Bien que la majorité des obstacles à une éducation continue de qualité des enfants Rroms soient extérieurs à leur propre volonté et résultent non pas d’une, mais de multiples ségrégations, certaines réticences peuvent expliquer la situation précédemment décrite. En effet, dans les communautés touchées par l’extrême pauvreté, les parents Rroms peuvent considérer l’éducation de leurs enfants comme un luxe qu’ils ne peuvent se permettre [91]. Un enfant qui va à l’école ne rapporte pas de revenus supplémentaires à la famille et, au contraire, coûte de l’argent (frais d’habillement, fournitures scolaires, cantines…). De plus, les enfants Rroms passent souvent directement de l’enfance à l’âge adulte : les fils veulent travailler avec leur père et les filles sont en situation de se marier voire d’avoir un enfant quand elles ont 15-16 ans. D’ailleurs, pour ces jeunes filles, on note une réticence encore plus grande des parents à accepter le départ de leur fille pubère dont l’aide à la maison est précieuse et dont le trajet jusqu’à l’école est déjà considéré comme inconvenant. Toutefois, lorsque les enfants, et surtout les filles, ont fréquenté régulièrement l’école et donc étaient en contact avec des enfants non-roms, les mentalités changent (mariage plus tardif…) [92]. Les parents Rroms doivent aussi prendre conscience de la nécessité d’une éducation car investir dans la scolarisation de leurs enfants c’est aussi investir dans l’essor de leur communauté.

De plus, la culture communautaire Rrom constitue d’une certaine manière un désavantage face à l’univers institutionnel de l’école. Cette dernière est souvent mal considérée par les parents rroms qui souhaitent préserver leur identité culturelle propre, et pour qui, justement, l’école est synonyme d’assimilation et d’acculturation. C’est pour cela qu’ils refusent que la scolarisation aille au-delà des apprentissages scolaires purs et durs, c’est-à-dire qu’elle ne prenne pas en charge ceux sociaux ou culturels [93]. D’ailleurs, pour certains, l’analphabétisme est considéré comme un moyen de conserver une pureté interne » [94]. De fait, à l’école, l’identité des enfants est source de conflit et bien souvent, la conséquence directe en est soit le rejet de l’école soit la déculturation progressive.

Dans la même logique, le suivi pédagogique des enfants n’est pas toujours aisé car les parents, en résonnance avec l’actualité européenne ou nationale, considèrent parfois le livret scolaire comme un outil de contrôle de la fréquentation scolaire mais surtout de « fichage » de leurs trajets [95].
Outre, ces obstacles liés essentiellement à une crainte de l’inconnu et à des perceptions spécifiques du milieu scolaire, la scolarisation effective et continue des enfants rroms est également mise à mal par leur culture, habitudes…liées à leur mode de vie. A titre illustratif, les enfants Rroms jugent souvent les apprentissages scolaires comme ennuyeux et trop théorique. Les apprentissages des enfants au sein de la communauté sont de fait beaucoup plus pratique et en lien avec la réalité : ils suivent leurs aînés, les observent pour être en mesure de faire seuls plus tard [96]. La perception du temps n’est pas non plus la même : les enfants sont habitués à vivre et à s’organiser au fil des voyages tandis que l’école impose un rythme scolaire spécifique et contraignant. Autre obstacle majeur : le rapport à l’écrit des communautés Rroms. Dans ces dernières, la langue orale est extrêmement favorisée et, d’ailleurs, la plupart des enfants sont bilingues. A l’inverse, l’écrit n’est que très peu valorisé et les livres sont quasi absents dans l’habitat d’un Rrom [97]. Leur rapport à l’écrit se limite par conséquent à des factures à payer, des demandes d’aides sociales, des contraventions…Egalement, le rapport à la règle n’est pas le même dans la culture Rrom [98], même si l’enfant n’y est pas roi comme les stéréotypes le mettent en avant. Le seul véritable interdit auquel les jeunes rroms font face est celui vis-à-vis de l’extérieur soit le rapport aux « gadjé ». Ce rapport doit rester, pour l’essentiel, d’ordre économique (le gadjé est un client), ce qui pose problème lorsque les enfants sont amenés à s’intégrer à l’école.

Ainsi, même si une pédagogie spécifique pour les Rroms n’est ni requise ni souhaitable, il semble nécessaire de créer des passerelles entre les valeurs éducatives familiales et celles de l’école. D’autant plus que les parents ne voient pas, dans la réalité, de liens entre la réussite scolaire et une ascension sociale ou économique. Aujourd’hui le primaire est acquis, le rapport à la maternelle s’est nettement amélioré mais l’éducation secondaire reste un problème. Le primaire permet d’apprendre à lire et à écrire, ce qui apparaît désormais pour les parents comme essentiel et bénéfique à la communauté Rrom (demandes d’aides sociales, médicales…).
Aussi, une fois que les enfants ont intégrés ces apprentissages basiques, le besoin de scolarisation n’est plus aussi important [99]. Pour finir, la sensibilisation des parents rroms à l’éducation secondaire doit se renforcer et pouvoir permettre aux enfants « d’entrer en contact avec la culture scolaire sans renier sa famille » [100].

B.2 Les déterminantes d’une scolarisation effective.

Afin de pallier au creusement du fossé entre les cultures communautaires Rroms et celle du milieu scolaire, de nombreuses expériences, mesures, recommandations et dispositifs ont vu le jour. Tout d’abord, les enfants rroms doivent être intégrés en priorité dans les classes ordinaires, et ce quelque soit le niveau, de l’école élémentaire au lycée [101]. Si une intégration immédiate en classes ordinaires n’est pas envisageable, elle doit toujours rester un but à atteindre. A titre illustratif, les structures spécifiques telles que camions-écoles visent à une intégration progressive des jeunes rroms au sein de l’école la plus proche [102]. Le degré de réticence et de crainte des parents sus évoquée dépend bien souvent de la qualité de l’accueil. Celle ci est déterminante, tant pour obtenir la confiance des parents que pour s’assurer d’une plus grande assiduité de l’enfant [103]. Ensuite, une scolarisation qui commence à la maternelle a davantage de chance d’être continue et de qualité [104]. La maternelle constitue en effet le socle éducatif de tout enfant et permet, pour les non francophones par exemple, un apprentissage de la langue française, du vivre ensemble interculturel et une première entrée dans le monde scolaire ; d’où l’importance d’une intégration ordinaire dès l’école élémentaire. Il semblerait que la solution optimale serait celle d’ajouter des soutiens spécifiques en mathématiques et français, dispensés de manière hebdomadaire. Un enseignant spécialisé peut aussi venir en renfort dans une classe recevant un ou plusieurs enfants rroms [105]. Pour ces derniers, le suivi de scolarisation doit être le même que pour les enfants non rroms, ce qui n’est pas toujours respecté par les enseignants, comme il a déjà été évoqué. Le suivi pédagogique est primordiale et se doit d’être inséré dans le livret scolaire afin d’assurer une continuité entre les diverses écoles fréquentées au cours des années (éviter les redondances, repérer les lacunes…).
Des propositions de Réseaux d’Ecoles recevant régulièrement des enfants rroms et ayant pour objectifs une communication et un échange de « meilleures pratiques », sont à noter [106]. De la même manière, les enfants rroms doivent pouvoir participer aux activités périscolaires qui permettent à leur façon un éveil, développement de la personnalité de l’enfant au contact des activités et des autres enfants.
Les structures spécialisées [107], telles que Section d’Enseignement Général et Adapté (SEGPA), peuvent constituer une solution en cas de retard scolaire sérieux mais ne doivent en aucun cas être une affectation à priori, trop souvent visible dans les pays d’Europe de l’Est. Le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) semble approprié pour les enfants rroms dont les déplacements sont effectivement très fréquents, mais là encore, ce type de scolarisation ne doit devenir un mode habituel. Certaines « classes spéciales », aussi appelées « classes rroms » ou encore « classes ghetto », si elles permettent effectivement une scolarisation ne sont pas à privilégier car elles reportent finalement les conflits entre population majoritaire et population Rrom à l’extérieur de l’Ecole. Les enfants rroms restent entre eux et, parfois, même les enseignants de ces classes sont mis à l’écart par la propre collègue [108]. Au contraire, une éducation interculturelle doit permettre de dépasser la diversité, à la fois dans la scolarisation, la socialisation mais aussi dans les apprentissages. Néanmoins, l’accent ne doit pas être trop mis sur la spécificité culturelle des jeunes rroms car les risques de stigmatisations n’en seraient que renforcés. L’enseignant doit donc à la fois se détacher de sa vision propre des choses, sans tomber dans l’écueil du « foklorisme » [109], figeant les Rroms dans des stéréotypes socioculturels dans lesquels ils ne se reconnaissent même pas.
Pour finir, de nombreux dispositifs existent donc, sur l’exemple de la France, pour accueillir dans de bonnes conditions les enfants Rroms. Les niveaux de scolarisation de ces derniers ont augmenté même si ils restent insuffisants et largement inférieurs à ceux des autres minorités et, bien sûr, des populations majoritaires. Toutefois, le manque de souplesse et de flexibilité institutionnelle explique que les réussites dans ce domaine soient en grande partie dues à la volonté et à l’engagement des enseignants [110]. Ces derniers disposent de ressources telles que la CASNAV et peuvent choisir d’en faire un usage efficient ou de les ignorer.

Conclusion

.

La question de l’intégration des Communautés Rroms en Europe demeure entière de part sa complexité. Tout d’abord le terme « Rrom » est désormais utilisé uniformément pour l’ensemble de ces communautés qui finalement sont très disparates. En France, par exemple, les Rroms ne veulent pas être désignés comme tel et préfèrent le terme « tsiganes ». Ensuite, les Rroms présents depuis très longtemps sur le territoire français ont presque tous obtenu la nationalité et sont à distinguer des « nouveaux Rroms » venant principalement de Roumanie et Bulgarie, avec qui ils ne s’entendent pas. Pour les premiers, leur situation sociale et économique est bien meilleure que pour les seconds qui vivent dans la précarité et dans les bidonvilles. Pourtant ces Rroms migrants ne sont pas ceux qui vivent dans des bidonvilles en Roumanie, par exemple, mais ceux qui ont déjà quelques moyens financiers pour le voyage. Leur migration est essentiellement économique et ils reviennent sans cesse dans leur pays natal auquel ils sont extrêmement attachés. Leur situation diverge aussi de celle des Rroms kosovars qui, eux, ne peuvent revenir et ont obtenus souvent le statut de réfugiés politiques en Allemagne. Aussi, l’idée de construction d’une nation paneuropéenne apparaît illusoire et davantage le fait d’un discours politisé au niveau européen, que proche de la réalité de terrain.
Néanmoins, il demeure essentiel d’intégrer et de faire cesser les discriminations des Rroms au sein des pays membres de l’UE. L’option multiculturelle semble constituer une bonne option dans l’optique d’un processus intégrationniste. Les minorités, roms et autres, seraient une partie d’un tout culturel jouissant des mêmes droits. La scolarisation doit pouvoir jouer un rôle clé dans ce processus en favorisant, dès le plus jeune âge, un respect et une mise en valeur de la pluralité des cultures tout en tirant des valeurs fondatrices communes, capables de produire un vivre ensemble harmonieux dans tous les domaines. Pour autant, une tendance à la pérennisation des ségrégations nationalistes semble, actuellement, plus réaliste.


Bibliographie

- Ouvrage :

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NOTES

[1] « La Situation des Rom dans une Europe élargie », DG Emploi & Affaires Sociales, Commission Européenne, 2004.

[2] Holocauste Rrom.

[3] « La Situation des Rom dans une Europe élargie », DG Emploi & Affaires Sociales, Commission Européenne, 2004.

[4] « Rapport 2007-2008 », Collectif National droits de l’homme Romeurope, 2008.

[5] BARSA Pavel, « les Roms à la croisée des chemins », Mouvements, N°18, novembre-décembre 2001.

[6] « La scolarisation des Roms en Europe : éléments de réflexion et analyse comparative », Dossier d’actualité, N°30, Octobre 2007

[7] DUEZ Jean-Baptiste, « Ces Roms qui font peur à l’Europe », La vie des idées.fr, 23 Octobre 2008.

[8] « Conseil de l’Europe : recommandations du Comité des Ministres sur l’éducation des enfants roms/tsiganes en Europe », Conseil de l’Europe, Comité des Ministres, 2006.

[9] « La Situation des Rom dans une Europe élargie », DG Emploi & Affaires Sociales, Commission Européenne, 2004.

[10] « La Situation des Rom dans une Europe élargie », DG Emploi & Affaires Sociales, Commission Européenne, 2004.

[11] Ibidem.

[12] “La cause tsigane snobée par l’Union Européenne”, Courrier International, N° 745, 10 février 2005.

[13] Conférence de Presse du 12 septembre 2008, FNASAT, Paris.

[14] E-news, European Roma Information Office, 18 septembre 2008.

[15] “Roma summit draws crowds and controversy”, in site internet : http://www.euractiv.com/en/socialeu....

[16] “Racism and the Roma. EU inspection entrusted to the Euro MP Viktoria Mohacsi”, Everyone, Group for International Cooperation on Human Rights Culture, 20 mai 2008.

[17] « NGOs want results from first EU ’Roma Summit’”, Euractive, site internet : http://www.euractiv.com/en/socialeu...

[18] Site du colloque européen du 1er au 3 décembre 2008 : http://colloqueroms.fcomte.iufm.fr/...

[19] Ibidem.

[20] Voir site de l’association La Voix des Rroms, http://www.blogg.org/blog-44189-off...

[21] Tribune de Genève, 18 septembre 2008, site : http://roms.blog.tdg.ch/

[22] FARKAS Lilla, « La ségrégation des enfants roms dans l’enseignement- La Directive sur l’Egalité raciale comme moyen de lutte contre la discrimination structurelle », Commission Européenne, DG de l’emploi, des affaires sociales et de l’égalité des chances, Unité G.2, juillet 2007.

[23] « Rapport 2007-2008 », Collectif National droits de l’homme Romeurope, 2008.

[24] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[25] « NGOs want results from first EU ’Roma Summit’”, Euractive, site internet : http://www.euractiv.com/en/socialeu...

[26] « The situation of Roma in Europe », ENAR special Shadow Report, 2007.

[27] Voir site internet du PNUD : http://www.undp.org/annualreports/2...

[28] SOROS George & WOLFENSOHN James.D, « Roma People in an Expanding Europe », in site internet : http://go.worldbank.org/5SPFE5BU40

[29] Communauté de Roms estimée à 840 000 personnes

[30] Communauté de Roms estimée à 2 millions de personnes

[31] MATYASSY Miklos, “Nouvelle Europe- Roms : en avant pour l’intégration”, Courrier International, 8 février 2005.

[32] « The situation of Roma in Europe », ENAR special Shadow Report, 2007.

[33] DANOVA RUSSINOVA S., « Taclkling the Systemic exclusion of Roma from Employment », ERRC, 2007.

[34] « Rapport 2007-2008 », Collectif National droits de l’homme Romeurope, 2008.

[35] Texte original « Black, Arabs and Gypsies should not call for information »

[36] GIL ROBLES Alvaro, « Rapport final sur la situation en matière de droits de l’homme des Roms, Sintis et Gens du Voyage en Europe », Bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme, 15 Février 2006.

[37] Ibidem.

[38] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[39] Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) ; Arrêt préfectoral de Reconduite à la Frontière (APRF)

[40] DUEZ Jean-Baptiste, « Les Roms de Seine Saint-Denis. Un éternel provisoire sincèrement. », in site internet : http://www.reseau-terra.eu/article7...

[41] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[42] DUEZ Jean-Baptiste, « Ces Roms qui font peur à l’Europe », La vie des idées.fr, 23 Octobre 2008

[43] Entretien avec MILE S., Président de l’association La Voix des Roms, Le Tigre, 2008.

[44] PIPARD THAVEZ Dominique, Accueil des Gens du Voyage-le guide de l’élu local, Editions Sorman, 2004.

[45] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[46] « La Halde », Le Tigre, 2008.

[47] Ibidem.

[48] PIPARD THAVEZ Dominique, Accueil des Gens du Voyage-le guide de l’élu local, Editions Sorman, 2004.

[49] Entretien avec MILE S., Président de l’association La Voix des Roms, Le Tigre, 2008.

[50] DUEZ Jean-Baptiste, « Les Roms de Seine Saint-Denis. Un éternel provisoire sincèrement. », in site internet : http://www.reseau-terra.eu/article7...

[51] « Rapport 2007-2008 », Collectif National droits de l’homme Romeurope, 2008.

[52] Entretien avec MILE S., Président de l’association La Voix des Roms, Le Tigre, 2008.

[53] « Rapport 2007-2008 », Collectif National droits de l’homme Romeurope, 2008.

[54] « Espagne : zones d’ombres au paradis », Courrier International, 31 Juillet 2008.

[55] INSEE, 2005

[56] MATYASSY Miklos, “Nouvelle Europe- Roms : en avant pour l’intégration”, Courrier International, 8 février 2005.

[57] « Rapport Romeurope 2007-2008 », Romeurope, 2008.

[58] « Les roms craignent une "contagion" de la "vague de racisme" italienne », AFP, Paris, juillet 2008.

[59] « Italie : le bouc émissaire idéal », Courrier International, 31 Juillet 2008.

[60] Entretien avec MILE S., Président de l’association La Voix des Roms, Le Tigre, 2008

[61] IMARISIO Marco, « Pogroms à Naples », LDH Toulon, 18 mai 2008.

[62] « La Halde », Le Tigre, 2008.

[63] DUEZ Jean-Baptiste, « Ces Roms qui font peur à l’Europe », La vie des idées.fr, 23 Octobre 2008

[64] GIL ROBLES Alvaro, « Rapport final sur la situation en matière de droits de l’homme des Roms, Sintis et Gens du Voyage en Europe », Bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme, 15 Février 2006.

[65] GIL ROBLES Alvaro, « Rapport final sur la situation en matière de droits de l’homme des Roms, Sintis et Gens du Voyage en Europe », Bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme, 15 Février 2006.

[66] MEZARD Michelle in DUEZ Jean-Baptiste, « Ces Roms qui font peur à l’Europe », La vie des idées.fr, 23 Octobre 2008

[67] Entretien avec MILE S., Président de l’association La Voix des Roms, Le Tigre, 2008.

[68] DUEZ Jean-Baptiste, « Les Roms de Seine Saint-Denis. Un éternel provisoire sincèrement. », in site internet : http://www.reseau-terra.eu/article7....

[69] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[70] KIROVA Iskra, « La décennie de l’inclusion des Roms- Combattre la discrimination raciale par le biais du développement », Chronique ONU, 2006.

[71] « Hors d’ici ! Anti-tsiganisme en France », ERRC, N°15, Novembre 2005.

[72] Ibidem.

[73] « Scolarisation des enfants du voyage et de familles non sédentaires », Education Nationale, in site internet : http://www.education.gouv.fr/botext...

[74] « Rapport 2006 », Romeurope.

[75] « Scolarisation des enfants du voyage et de familles non sédentaires », Education Nationale, in site internet : http://www.education.gouv.fr/botext...

[76] « Rapport 2007-2008 », Collectif National droits de l’homme Romeurope, 2008.

[77] Ibidem.

[78] « La scolarisation des Roms en Europe : éléments de réflexion et analyse comparative », Dossier d’actualité, N°30, Octobre 2007.

[79] Ibidem.

[80] « Sommet européen sur les Rroms : un nouvel espoir ? », Les Courriers du Balkans, 16 septembre 2008.

[81] Brevet d’Aptitude à la Fonction d’Animateur.

[82] GIL ROBLES Alvaro, « Rapport final sur la situation en matière de droits de l’homme des Roms, Sintis et Gens du Voyage en Europe », Bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme, 15 Février 2006.

[83] « La scolarisation des Roms en Europe : éléments de réflexion et analyse comparative », Dossier d’actualité, N°30, Octobre 2007.

[84] Ibidem.

[85] « La scolarisation des Roms en Europe : éléments de réflexion et analyse comparative », Dossier d’actualité, N°30, Octobre 2007.

[86] Ibidem.

[87] « Rapport 2006 », Romeurope.

[88] GIL ROBLES Alvaro, « Rapport final sur la situation en matière de droits de l’homme des Roms, Sintis et Gens du Voyage en Europe », Bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme, 15 Février 2006.

[89] Ibidem.

[90] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[91] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[92] GIL ROBLES Alvaro, « Rapport final sur la situation en matière de droits de l’homme des Roms, Sintis et Gens du Voyage en Europe », Bureau du Commissaire aux Droits de l’Homme, 15 Février 2006.

[93] « La scolarisation des Roms en Europe : éléments de réflexion et analyse comparative », Dossier d’actualité, N°30, Octobre 2007.

[94] « Spécificités culturelles et orientations pédagogiques », in la brochure Accueillir et scolariser les enfants tsiganes et voyageurs en classe ordinaire, CEFISEM de Nancy-Metz, 2000, pp.9-11.

[95] « Conseil de l’Europe : recommandations du Comité des Ministres sur l’éducation des enfants roms/tsiganes en Europe », Conseil de l’Europe, Comité des Ministres, 2006.

[96] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[97] REYNIERS Alain , « Tsiganes et Voyageurs-Identités, rapport au voyage, économie, éducation et rapport à l’école dans le contexte de la société contemporaine » , Conférence organisée par le CASNAV-CAREP de Nancy-Metz, 12 février 2003.

[98] Ibidem.

[99] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[100] « Spécificités culturelles et orientations pédagogiques », in la brochure Accueillir et scolariser les enfants tsiganes et voyageurs en classe ordinaire, CEFISEM de Nancy-Metz, 2000, pp.9-11.

[101] « Scolarisation des enfants du voyage et de familles non sédentaires », Education Nationale, in site Internet : http://www.education.gouv.fr/botext...

[102] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[103] Ibidem.

[104] Ibidem.

[105] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.

[106] « Scolarisation des enfants du voyage et de familles non sédentaires », Education Nationale, in site Internet : http://www.education.gouv.fr/botext...

[107] « Gestion de la diversité culturelle », in la brochure Accueillir et scolariser les enfants tsiganes et voyageurs en classe ordinaire, CEFISEM de Nancy-Metz, 2000, pp.12.

[108] « La scolarisation des Roms en Europe : éléments de réflexion et analyse comparative », Dossier d’actualité, N°30, Octobre 2007

[109] Ibidem.

[110] Entretien téléphonique avec HUVET Anne-Marie, Formatrice au CASNAV de Nancy-Metz et Coordinatrice du REP enfants du voyage du département 64, février 2009.