Réseau scientifique de recherche et de publication

[TERRA- Quotidien]

Le programme "FRONTIERES"

Chercheurs

Le Programme "FRONTIERES" réunit 38 chercheurs (dont 17 doctorants), rattachés individuellement à près d’une quinzaine d’organismes de recherche, regroupés pour la gestion du programme en sept équipes administratives. Ces 38 chercheurs se réunissent régulièrement pour mettre en commun leurs travaux : AGIER Michel, AUGUSTE Céline, BEAUD Stéphane, BERNARDOT Marc, BITOUN Carole, BLEVAL Laure, COLLOVALD Annie, COUTANT Isabelle, D’HALLUIN Estelle, DEDIEU Jean-Philippe, DORNEL Laurent, ENJOLRAS Franck, FASSIN Didier, FASSIN Eric, FISCHER Nicolas, FREEDMAN Jane, GAIGNARD Lise, GUENFOUD Karima, HAJJAT Abdellali, HORTAL Ivan Merino, JAKSIC Milena, KOBELINSKY Carolina , LAURENS Sylvain, MAKAREMI Chowra, MAMARBACHI Alexandre, MASURE François, MATHIEU Lilian, MAZOUZ Sarah, MONFORTE Pierre, NDIAYE Pap, NOËL Olivier, NOIRIEL Gérard, PIERRU Emmanuel, RECHTMAN Richard, SAADA Emmanuelle, SPIRE Alexis, TANDE Alexandre, VALLUY Jérôme.


AUGUSTE Céline
Doctorante (MSH-PN)
BEAUD Stéphane
(U Nantes)
BELTRAN Grégory
Doctorant (CEAf)
BERNARDOT Marc
(Clersé)
BITOUN Carole
Doctorante (GTMS)
BLEVAL Laure
(Gapp)
BOSA Bastien
(GTMS)
COLLOVALD Annie
(LASP)
COUTANT Isabelle
(ENS)
D’HALLUIN Estelle
Doctorante (Cresp)
DEDIEU Jean-Philippe
Doctorant (GTMS)
DORNEL Laurent
(GTMS)
ENJOLRAS Franck
Doctorant (MSH-PN)
FASSIN Didier
(Cresp)
FASSIN Eric
(LSS)
FISCHER Nicolas
Doctorante (IEP)
FREEDMAN Jane
(CRPS)
GAIGNARD Lise
(Cnam)
GUENFOUD Karima
(Cresp)
HAJJAT Abdellali
Doctorant (LSS)
HORTAL Ivan Merino
Doctorant (CEAf)
JAKSIC Milena
Doctorante (GTMS)
KOBELINSKY Carolina
Doctorante (Cresp)
LAURENS Sylvain
Doctorant (GTMS)
LURBE I PUERTO Kàtia
(CRESP)
MAKAREMI Chowra
Doctorante (Cresp)
MAMARBACHI Alexandre
Doctorant (LASP)
MASURE François
Doctorant (LSS)
MATHIEU Lilian
(CRPS)
MAZOUZ Sarah
Doctorante (Cresp)
MONFORTE Pierre
Doctorant (CRPS)
NDIAYE Pap
(CENA)
NOËL Olivier
(Iscra)
NOIRIEL Gérard
(GTMS)
PIERRU Emmanuel
(Ceraps)
RECHTMAN Richard
(MSH-PN)
SAADA Emmanuelle
(LSS)
SPIRE Alexis
(Ceraps)
TANDE Alexandre
Doctorant (CRPS)
VALLUY Jérôme
(CRPS)

Grégory BELTRAN Je suis actuellement en deuxième année de Doctorat d’Anthropologie Sociale à l’EHESS, sous la direction de Michel AGIER (CEAf). Ma thèse a pour terrain l’occupation de la faculté de Tours par un collectif de soutien aux demandeurs d’asile et aux sans-papiers. Cette occupation avait pour objectif de loger 9 familles primo-arrivantes de demandeurs d’asile et de revendiquer l’ouverture de places en CADA. Cette recherche se centre principalement sur les tensions, internes au mouvement, entre les militants humanitaires et les militants politiques et, plus généralement, entre le registre humanitaire et le registre politique. Les manifestations identitaires – principalement au niveau des demandeurs d’asile - sont le deuxième axe d’analyse de cette enquête. La recherche s’appuie sur une observation participante, ainsi que sur des entretiens et sur divers documents (tracts, communiqués de presse, archives vidéos…). Dans le cadre du programme « Frontières », ma recherche porte sur la place accordée, et prise, par les demandeurs d’asile au sein de la lutte. Il s’agit de comprendre dans quels cadres, souvent très restreints, les demandeurs d’asile sont passés d’objet de la lutte à sujet (processus de subjectivation). Il est également question de regarder comment, en s’installant dans le temps et en s’appropriant un espace, le mouvement a permis de retraduire ou remodeler les frontières (entre demandeur d’asile, entre demandeurs d’asile et militants), sans pour autant les annihiler (et dans certains cas, en les réactivant). En lien avec mon sujet de thèse, je travaille également sur l’accueil – au niveau local – des Roms et sur la mise en place du Plan hiver sur Tours.


Marc BERNARDOT est sociologue. Dans le cadre du programme Frontières ses recherches portent sur : 1. Les transformations des institutions de gestion de l’immigration. L’étude de l’évolution articulée de la Sonacotra, gestionnaire emblématique des foyers de travailleurs migrants, et des usagers de ces foyers lui a permis de montrer la place centrale de cette entreprise de construction dans l’aménagement urbain de la France contemporaine (Cf. « Chronique d’une institution : La Sonacotra (1956-1976) », Sociétés contemporaines) et les mutations continues des types de publics et d’usages des foyers (« Le vieux, le fou et l’Autre : qui habite encore dans les foyers ? », Revue européenne des Migrations Européennes). Les discours sur le renouvellement actuel des missions de cette institution et l’objectif affiché des pouvoirs publics d’une banalisation de son action vers de « nouveaux » publics de « nomades », « jeunes », ou « exclus », témoignent d’une volonté de transformation de l’ensemble des politiques publiques de gestion de l’altérité (cf. L’Archipel des foyers, sociologie historique de la Sonacotra (1956-2006) à paraître chez l’Harmattan). 2. Les lieux de mise à l’écart et de logement contraint. Dans le cadre d’une sociologie historique des formes d’internement, il a réalisé plusieurs monographies sur des camps répressifs en France (notamment « Au cœur de Saint-Mître : sociologie d’un centre de séjour surveillé, (1944-1945) », Déviance et Société et « Etre interné à Larzac : les Algériens dans les centres d’assignation à résidence surveillé, (1958-1962) », Politix). La thèse principale défendue dans ces publications porte sur la continuité de la gestion de ces lieux d’exception par le ministère de l’Intérieur et l’influence des camps dans la structuration du rapport à l’espace de l’institution policière (« Au pays des mille et un camps : Approche socio-historique des espaces d’internement en France au XXe siècle », les Cahiers du Cériem). Ces travaux sont actuellement prolongés par à la fois des recherches sur d’autres cas de mise en camps, cette fois « humanitaires » ou de travail (Arméniens dans les Bouches du Rhône entre 1920 et 1930, travailleurs requis indochinois entre 1939 et 1948, réfugiés franco-vietnamiens depuis 1956) qui posent la question des techniques de gestion militaires des civils, et l’observation de formes de mobilisations politiques et identitaires dans ces espaces ségrégés (cantonnements, casernements, centres de réfugiés ou de rétention, etc).


DIDIER FASSIN est sociologue et anthropologue. Dans le cadre du programme Frontières, ses recherches portent plus particulièrement sur : 1. Les formes contemporaines de l’immigration et leurs nouveaux enjeux. Après avoir travaillé, dans le cadre d’une recherche puis d’un séminaire collectifs sur la production de l’irrégularité et le mouvement des sans-papiers à la fin des années 1990 (cf notamment Les lois de l’inhospitalité, La Découverte), il s’est intéressé à la question de l’asile au début des années 2000. Dans les deux cas, il s’agissait notamment de comprendre la place de l’argumentaire humanitaire dans la régularisation des sans-papiers, selon la clause du problème grave de santé de l’article 12bis11 (voir « Quand le corps fait loi », Sciences sociales et santé et « Compassion and repression », Cultural Anthropology) et de la certification médicale dans la justification de l’asile politique, avec notamment la reconnaissance du traumatisme (voir « The truth from the body », American Anthropologist, et « The strength of weak evidence », Ethos, avec Estelle d’Halluin).2. Les frontières internes de la société française telles qu’elles se dessinent à travers ligne de couleur, mais aussi la construction de la différence culturelle et religieuse. Un premier travail avait porté sur l’histoire récente des politiques de lutte contre les discriminations (cf « L’invention française de la discrimination », Revue française de science politique). Il s’est approfondi par une étude sur les politiques locales dans la région parisienne, à la fois politique de l’Etat dans une préfecture et politique municipale dans une grande ville (cf « Faire sans dire et dire sans faire », texte en préparation avec Sarah Mazouz). Dans ce cadre, une observation et une analyse des cérémonies de naturalisation ont également été conduites. Un second travail consiste en une observation du travail de la police, et notamment de brigades anti-criminalité. Les interactions avec les jeunes des quartiers sont particulièrement étudiées. Plusieurs mini-émeutes font l’objet d’enquêtes approfondies et les émeutes de l’automne 2005 ont donné lieu à un travail d’observation. Dans le prolongement de ce travail, une approche parallèle de la police et des jeunes doit être menée avec Sarah Mazouz et Karima Guenfoud.


Alexandre MAMARBACHI Je suis doctorant à l’ISP (Institut des Sciences sociales du Politique), inscrit à l’Université Paris X - Nanterre depuis septembre 2004. Ma thèse a pour intitulé provisoire « Pour une socio-histoire de la cause palestinienne en France ». Je mène cette recherche sous la direction d’Annie Collovald. Il s’agit d’étudier les modalités par lesquelles s’est construite au cours du temps la cause palestinienne et de restituer sa trajectoire des années 1950 jusqu’aux années 2000. Pour ce faire, mon enquête vise en particulier à reconstituer les différents modes d’engagement dans cette cause, les modalités d’appropriation et les usages différenciés auxquels celle-ci donne lieu, ainsi que les trajectoires sociales et les carrières militantes des principaux « entrepreneurs » de cette cause. Je travaille à partir d’entretiens biographiques, de notes et d’observations de terrain (enquête par observation participante de type ethnographique), ainsi que d’archives publics et privés. Mon enquête de terrain se déroule essentiellement dans la ville de Pierrefitte-sur-Seine (93), et, dans une moindre mesure, à Fontenay-sous-Bois (94) et à Orly et Choisy-le-roi (94). Dans le cadre du programme « Frontières », ma recherche est en particulier axée sur : Les modes de visibilisation dans l’espace public de groupes minorisés à travers leur engagement pour la cause palestinienne. Les conditions de possibilité ou d’impossibilité de cette émergence publique. Je m’intéresse aussi aux recompositions identitaires à l’œuvre dans le cours de ces engagements, les affinités électives que ceux-ci entretiennent avec d’autres types de causes (anti-racisme, sans-papiers…), et les débouchés politiques possibles (l’investissement ou non dans un mouvement ou un parti politique) de ces engagements. Les multiples processus et interactions qui conduisent à l’inscription de la « Palestine » dans l’agenda de l’action publique locale. Il s’agit notamment des initiatives de « jumelage » et de « coopération décentralisée » entre des villes françaises et des villes ou, surtout, des camps palestiniens. Je m’intéresse en particulier ici à la façon dont certains élus et militants de gauche (surtout communistes) cherchent à solliciter les « jeunes des quartiers » afin de les sensibiliser à cette cause de « solidarité internationale ». Cette action de sensibilisation s’inscrivant dans la tradition de l’éducation populaire et dans le travail d’encadrement des jeunes des classes populaires du communisme municipal. Les tensions et conflits qui apparaissent au sein du « mouvement de solidarité avec la Palestine » liés aux enjeux de définition et de représentation publiques de la cause. Ces enjeux se révèlent notamment autour de la question du « profil » de ceux qui composent les soutiens de la cause, de son plus ou moins marquage « ethnique », de la respectabilité morale de ses porte-parole… autant d’enjeux qui réactivent et mettent en tension l’opposition entre l’universel et le particulier. Les divisions qui apparaissent dans le cours des mobilisations entre différentes composantes du mouvement qui peine chacune à se reconnaître dans le combat mené par d’autres. Ces logiques de fragmentation de la cause trouvent autant leurs fondements dans l’éclatement du sens de la cause – sa tendance historique à une certaine « dépolitisation » – que dans la fragmentation identitaire de celle-ci. Cette fragmentation se structurant essentiellement autour de clivages de classe et de génération, ainsi que de clivages « ethniques ». Ces derniers étant largement conditionnés et réactivés par les premiers. Les thématiques qui sont liées à ma recherche et sur lesquelles je travaille également sont la sociologie de la jeunesse populaire, la sociologie urbaine sur les « banlieues », et l’histoire des mouvements de l’immigration arabe en France.


Alexis Spire est chargé de recherche au CNRS et travaille au sein du Centre d’Etudes et de Recherches Administratives Politiques et Sociales (Université de Lille 2). 1. Les formes contemporaines de l’immigration et leurs nouveaux enjeux Après s’être intéressé aux formes prises par les rapports entre l’Etat et l’immigration en centrant l’attention sur les pratiques d’attribution de cartes de séjour, cartes de travail et naturalisation depuis 1945 (Etrangers à la carte, Grasset, 2005), il poursuit des recherches dans une perspective plus contemporaine sur la sociologie du pouvoir discrétionnaire des agents de préfecture. 2. Les frontières internes de la société française Il s’agirait de se demander quel est le rôle des agents de l’Etat dans la production et la certification de frontières internes de la société française, en menant une recherche avec Emmanuel Pierru sur les institutions de placement et ’indemnisation des chômeurs. Un premier type d’investigation devrait porter sur le pouvoir discrétionnaire des agents du Service de contrôle de la recherche d’emploi en matière de radiation. Ceux-ci doivent prendre des décisions de signalement alors qu’il n’existe aucune définition positive et codifiée de la « recherche active d’emploi ». L’ANPE informe ensuite la Direction départementale du travail, de l’emploi, et de la formation professionnelle (DDTEFP) des décisions de radiation concernant les bénéficiaires d’un revenu de remplacement, mais le directeur départemental est le seul à pouvoir, par délégation du préfet, prendre la décision d’exclure les demandeurs d’emploi du revenu de remplacement. Une comparaison entre les régions Nord Pas de Calais et Picardie pourrait permettre d’étudier les modalités du pouvoir discrétionnaire dans différentes configurations, au moyen d’une enquête ethnographique et de plusieurs séries d’entretiens. Cette perspective de recherche pourrait amener à formuler de façon originale la question de l’existence de discriminations comprises comme l’ensemble des pratiques reposant sur l’application de critères qui dérogent au principe de l’égalité de traitement (ces critères peuvent se rapporter au sexe, à l’âge, à l’orientation sexuelle, à la nationalité ou à l’origine « réelle ou supposée »…). C’est précisément l’existence d’un pouvoir discrétionnaire qui rend possible un résultat défavorable en raison de la prise en compte de l’un de ces critères.


Jérôme VALLUY (Univ. Paris 1, France), est professeur (Dr. MdC) de sociologie politique à l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris1 ), chercheur au Centre de Recherches Politiques de la Sorbonne (CNRS / Paris1 ) et associé au Centre d’Etudes Africaine (CNRS / EHESS), a été juge à la Commission des Recours des Réfugiés comme représentant du Haut Commissaire aux Réfugiés de l’ONU de février 2001 à juillet 2004. Il a fondé en 2003 et co-anime depuis lors le réseau scientifique TERRA (Travaux, Etudes, Recherches sur les Réfugiés et l’Asile : http://www.reseau-terra.eu). Spécialiste de sociologie politique de l’action publique il assure les séminaires « Politique et migrations » (Master-2 recherche « Etudes africaines » de Paris1 ») les « Migrations forcées, réfugiés, asile » (Master-2 prof. « Crises : interventions d’urgence et actions de développement » IEDES, Paris1). Il a dirigé le numéro intitulé "L’Europe des camps : la mise à l’écart des étrangers" de la revue Cultures & Conflits - Sociologie politique de l’international, (avril 2005 , n°57) et co-dirigé avec Gilles Lhuillier et Olivier Le Cour Grandmaison l’ouvrage collectif Le retour des camps ? Sanguatte...Guantanamo...Lampedusa... Paris : Editions Autrement, février 2007 et avec Jane Freedman, l’ouvrage collectif Persécutions des femmes. Savoirs, mobilisations, protections, Editions Du Croquant, 2007 (à paraître). Il prépare un ouvrage intitulé "La politique du droit d’asile contre les exilés" dans le cadre de son Habilitation à Diriger des Recherches (HDR). Email : valluy@univ-paris1.fr