En 2019, une organisation internationale humanitaire impliquée dans la lutte contre la faim, le World Food Program (WFP) a fait l’objet de vives critiques : cette dernière avait noué un partenariat avec Palantir, une entreprise d’analyse de données massives. [1]
En effet, Palantir a été financé par le fonds In-Q-Tel, un fonds de capital-risque de la CIA. Les logiciels fournis par la firme sont utilisés par de nombreux services de renseignements, dont la DGSI [2]. L’entreprise a également noué un contrat avec le Service fédéral américain de l’immigration dans le cadre de la politique répressive de Donald Trump à l’égard d’exilés latino-américains.
Une partie des interrogations portait sur les implications de ce partenariat en matière de protection des données. En effet, au regard de la proximité de Palantir avec des services de renseignement, comment s’assurer que les données de migrants et des bénéficiaires du WFP étaient gardées confidentielles ? Est argué le fait que Palantir n’aurait pas accès aux données personnelles traitées par le WFP : seule l’organisation humanitaire aurait la possibilité de les consulter sur ses serveurs. Cette affirmation avait été cependant mise en doute au regard du manque de transparence imputé à Palantir. Enfin autre point important, il n’a pas été précisé si la firme conserve un droit de regard sur d’autres données non personnelles gérées par le WFP.
Ce partenariat a conduit à une levée de boucliers au sein du secteur. Des tribunes et des articles ont été publiés dans la presse spécialisée [3]. Cette anecdote n’est cependant pas isolée. Il y a eu d’autres « techlash » [4]. On connait l’affaire Snowden ou Cambridge Analytica. Les humanitaires ont quant à eux dénoncé le transfert des données biométriques des Rohingyas par le Haut Comité aux réfugiés (HCR) à la Birmanie ; a été décrié l’arrêt de distributions alimentaires par le WFP aux Houthis au motif d’un refus de partage de données biométriques.
Pourtant, les ONG publient des politiques de « transformation numérique ». Des postes de « digital transformation adviser » sont créés. Un délégué à la protection nous a confié que « en 2015, ils en étaient encore au papier et au crayon et que cela n’avait rien à voir avec la période actuelle [5], où l’on souhaite tout numériser ». Et les ONG se dotent d’outils de gestion de données toujours plus pointus : intelligence artificielle, blockchains, etc. Or, les ONG sont particulièrement vulnérables aux dérives du capitalisme de surveillance et aux atteintes à la vie privée qu’il implique. Les bénéficiaires des ONG en sont les premières victimes. Leurs données peuvent être exploitées pour servir à des fins de discrimination ou de répression, dans leur pays ou lors de leur exil [6]. On en vient à la contradiction suivante : les humanitaires — des acteurs engagés dans la protection de victimes de crises — sont en train d’adopter des outils numériques qui mettent potentiellement en danger ces dernières. Eux-mêmes en sont — dans une certaine mesure — conscients. Pierrick Devidal, « policy adviser » au CICR, formule lui-même le paradoxe suivant : « Les technologies numériques sont des outils exceptionnels pour les humanitaires qui s’efforcent d’alléger les souffrances des populations touchées par les conflits et les catastrophes. (...) C’est le bon côté des choses, mais la transformation numérique rend aussi l’aide moins humaine et plus opaque. (...) Ces paradoxes numériques sont partis pour durer. » [7] Il ajoute toutefois quelques lignes plus bas : « Ainsi, dans le sillage de l’espoir et de l’engouement pour le numérique, les humanitaires doivent faire des efforts accrus pour combler le fossé numérique et éviter une éventuelle gueule de bois numérique. » [8]
L’objectif de ce working paper est de donner un premier aperçu des réponses au paradoxe qu’on a pointé. Il semble qu’il est en partie dû à des tensions propres à l’humanitaire, entre régime d’exception et approches par le droit (« rights based approach »). Il dit aussi beaucoup de choses sur la façon dont les acteurs de la solidarité internationale perçoivent le numérique. Les NTIC sont d’abord considérées comme des outils d’émancipation et sont investies de valeurs positives et d’espoirs. Mais dans le même temps, le processus de numérisation est en partie contraint. Cette dernière est en effet en partie impulsée par les bailleurs de fonds, pour lesquels le numérique apparait comme un outil de redevabilité efficace, et ce malgré les risques qu’il cause. |
Définir l’humanitaire : entre biopolitique et principes éthiques
L’humanitaire peut être défini de multiples façons, en ayant recours à différents champs de recherche. Et d’ailleurs, se définir comme « humanitaire » recouvre cependant d’autres enjeux qu’un défi scientifique ou typologique. Cet acte est également un acte de légitimation, un acte de pouvoir [9]. C’est aussi un acte de re-légitimation d’un secteur plus fragilisé qu’il semblerait, voire en état de crise, et traversé par de nombreuses tensions, du fait de son évolution. Cette « crise identitaire » serait pour partie due à une technicisation de l’aide, à une perte de sa dimension militante, ou bien à un certain rapprochement avec le secteur privé et des interactions grandissantes avec des acteurs militaires [10].
Toujours est-il qu’un praticien comme Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières (MSF) a tout d’abord défini l’humanitaire en le restreignant à des interventions urgentistes et médicales. Puis il a élargi progressivement sa définition. Dans un article publié sur le site de Crash, il indique trois « balises » pour naviguer dans le paysage flou de l’aide : le contexte de crise (qu’il définit comme une rupture brutale d’équilibre) ; l’indépendance du champ politique, nécessaire à une action déployée en confiance ; et enfin l’intention du geste humanitaire, le souci de l’autre et non la défense d’intérêts [11].
On se concentrera ici sur deux conceptions — a priori opposées — de l’aide. L’humanitaire est tout d’abord décrit comme une zone de non-droit, marquée par un régime d’exception, mais il existe aussi une conception normative de l’humanitaire, fondée sur des principes éthiques.
Une façon de définir l’humanitaire est ainsi normative. Pour différencier ce qui en relève ou non, les humanitaires se réfèrent à des cadres éthiques, entre autres aux principes forgés par le CICR : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité, universalité. [12] Ces principes permettraient de préserver la dignité des bénéficiaires. Ils sont également essentiels afin de préserver ce qui a été conceptualisé comme « espace humanitaire ». Rony Brauman le décrit comme suit : il s’agit d’« un espace symbolique, hors duquel l’action humanitaire se trouve détachée [de son] fondement éthique et qui se constitue à l’intérieur des repères suivants : accès, dialogue, indépendance, impartialité. Ceci implique d’une part la liberté de dialogue, la possibilité de parler librement avec les gens au service de qui on travaille, sans subir de pression systématique de quiconque. C’est une question élémentaire de dignité qui ne va pourtant pas d’elle-même. Il faut d’autre part la liberté de mouvement et d’évaluation des besoins, dans toute la mesure où les conditions pratiques le permettent, bien sûr. » [13]
Cette analyse normative de l’humanitaire peut aussi relever de l’ordre de l’affectif. La « raison humanitaire » repose pour Didier Fassin sur la valorisation de la vie humaine, placée au-dessus des autres valeurs. La raison humanitaire repose donc sur une morale de la compassion et le fait de considérer la vie comme un bien ultime, soit une forme de « biolégitimité ». Ce terme — comme l’auteur le précise — désigne l’ensemble des dispositifs pour administrer et favoriser l’existence des êtres humains, et dépasse les institutions politiques. L’anthropologie médicale s’est aussi penchée sur le corps souffrant de la victime, expérience aux limites du dicible : comment dire la douleur ? Mu par l’empathie du praticien, l’acte humanitaire se fait une expérience de l’universel [14]. Toutefois, le corps victimaire n’est pas simplement un objet de compassion, il peut aussi faire l’objet d’une biopolitique.
Le sans-frontiérisme a pu se rapprocher dans les années 1980 de l’antitotalitarisme, cependant le mandat initial des organisations humanitaires n’est pas la défense des droits de l’homme. [15] La mission d’une ONG est la simple délivrance de soin et de vivres à des populations dans des situations de crise. Le cœur de l’action humanitaire serait le droit à la vie. D’ailleurs, Hugo Slim, acteur reconnu pour ses travaux en éthique, définit le principe d’humanité comme tel : « En ce sens, l’humanité est l’attitude humaine de prendre soin des autres humains en raison d’une profonde et universelle conviction que la vie est meilleure que la mort, et que vivre bien signifie être traité humainement » [16]. Mais l’acte humanitaire serait réduit à la simple préservation de la « vie nue », et donc à la protection d’un corps sans droits, hors du régime du politique, d’un « homo sacer » pour reprendre les termes de Giorgio Agamben. Pour Bernard Hours l’impératif de sauvegarde de la vie humaine relève d’une forme de biopolitique. Il se ferait aux dépens — paradoxalement — des droits humains, et donc, comme on peut l’ajouter, du droit à la vie privée : « Traquer à la surface de la planète les hommes victimes, sans se référer à “l’homme dans sa globalité”, voilà qui semble qualifier une approche antihumaniste des droits de l’homme. Ceux-ci n’apparaissent plus que comme le prétexte idéologique de l’intervention (au nom de) doublée d’une indifférence au statut de sujet humain de la victime. » [17]
Pour continuer dans cette veine, on peut se référer à Michel Agier. Ses travaux traitent de l’exclusion des exilés de la Cité, dont l’appartenance conditionne l’accès aux droits. Rappelons que Michel Agier utilise le terme de « gouvernement humanitaire » : il décrit ainsi un dispositif dédié à la gestion des indésirables. Ce dispositif est mondialisé, réticulaire. Il se déploie sur plusieurs continents et adopte plusieurs formes. Il inclut des ONG, mais aussi des intervenants publics et privés, des acteurs gouvernementaux ou non. Le camp de réfugiés en est l’incarnation la plus aboutie et complète. Le gouvernement humanitaire et les camps reposent donc sur les mêmes triples caractéristiques : l’exclusion, l’extraterritorialité et l’exception.
Le gouvernement humanitaire se déploie donc dans des zones extraterritoriales, décrites comme des « hétérotopies », concept forgé par Foucault en 1967 dans sa conférence « des espaces autres ». [18] De par leur situation excentrée, les camps sont la traduction géographique de l’exclusion sociale des réfugiés. Ainsi Léopoldine Manac’h et Romain Huet ont pu rattacher la condition migratoire à l’expérience de la défamiliarisation, de la perte de toute possibilité de vie privée. Les exilés sont, de fait, réduits à être « ballotés » de non-lieu en non-lieu [19].
Deuxièmement, le gouvernement humanitaire est un espace d’exception. Dans le sens où il serait placé en dehors du système juridique usuel. Les ONG tendent en effet à intervenir dans des espaces d’exception : les camps ou des centres de rétention administrative (les CRA), décrits notamment par Nicolas Fischer. [20] Il s’agit d’espaces de non-droit, à la définition juridique incertaine, comme les hotspots par exemple, [21] les zones d’attente [22], etc. Et les ONG travaillent dans des situations de crises, de conflits ou de catastrophes. Ce sont potentiellement des moments de suspension du droit commun, pendant lesquels peuvent être instaurés des états d’urgence ou bien des régimes juridiques dérogatoires. Cela est lourd de conséquences en matière d’application de lois de protection des données, comme on le verra.
Enfin, le gouvernement humanitaire est un espace d’exclusion, de gestion des indésirables. Michel Agier emprunte à Hannah Arendt sa figure de l’apatride. Il se réfère également aux réflexions d’auteurs sur les parias, les surnuméraires, dont le gouvernement se traduit par leur identification, leur contrôle, leur mise à distance et enfin leur exclusion de la Cité. Michel Agier met donc en regard le criminel, ayant perdu ses droits, bannis de la Cité, et la victime. D’où une balance entre un modèle sanitaire (prophylactique) et sécuritaire (policier).
L’humanitaire n’aurait pour finalité que la préservation de la vie des bénéficiaires ? On pourra nuancer ce point : les humanitaires au nom de leur mandat de protection se doivent de prendre en compte les droits des bénéficiaires et leur sont redevables. Il existe donc une tension entre régime d’exception et prise en compte des droits des bénéficiaires. On verra qu’on retrouvera cette balance au sujet du numérique humanitaire.
Le numérique humanitaire : solutionnisme ou numérisation contrainte ?
Malgré les différents scandales qu’on a évoqués en ouverture, les NTIC sont associées pour les humanitaires à des valeurs positives. Les projets de cartographies participatives permettraient l’émancipation des bénéficiaires. Les applications de Chatbot amélioreraient la communication entre ONG et victimes de conflits. Dans le même temps, les intelligences artificielles garantiraient une meilleure qualité de l’aide permettant un gain d’efficience. La biométrie et les blockchains réduiraient la fraude et faciliteraient la traçabilité de l’aide. On note d’emblée qu’il existe une conception « instrumentale » du numérique : les NTIC sont considérées comme mobilisables en vue d’améliorer la réalisation d’une action spécifique. Ainsi, Patrick Vink, co-créateur de Kobotoolbox, un logiciel de collecte de données, définit le numérique humanitaire comme « l’utilisation de la technologie pour améliorer la qualité des efforts de prévention, d’atténuation, de préparation, de réaction, de récupération et de reconstruction ». [23]
Dans un premier temps, on restera très descriptive pour comprendre ce que c’est au juste le numérique humanitaire. Notre premier tableau permettra d’avoir un premier aperçu des acteurs impliqués dans le processus de numérisation du secteur, d’avoir une première idée des types d’outils utilisés par les ONG, ainsi que des valeurs et imaginaires qu’ils y associent.
La date de naissance du numérique humanitaire est consensuellement considérée comme coïncidant avec le tremblement de terre survenu à Haïti, en janvier 2010. La numérisation du secteur était déjà amorcée, depuis la fin des années 1990, grâce à la diffusion progressive de logiciels de cartographie informatique et le décloisonnement d’images satellitaires permettant leur usage dans des opérations humanitaires. La démocratisation de la téléphonie mobile dans les pays du Sud Global a pu jouer également, permettant la mise en place de programmes de transferts monétaires ou encore de dispositifs de santé connectée. Cependant, l’ampleur de la réponse humanitaire [24] à la crise haïtienne de 2010 et sa médiatisation visibilise la place du numérique. [25] La presse est fascinée par le travail de crowdsourcing de volontaires en ligne. Des groupes de cartographes bénévoles s’étaient en effet impliqués dans la gestion de crise. [26] Ils cartographiaient à distance la catastrophe en collectant des données sur des réseaux sociaux et des numéros d’urgence. Leur tâche était de sélectionner des données afin de localiser les besoins et les acteurs présents sur place. Ils se chargeaient de les labéliser de façon coordonnée afin de permettre leur classement. Ils devaient ensuite s’assurer de leur exactitude ainsi que de leur représentativité, pour enfin les publier sur des logiciels de cartographie [27]. Ont été pointées les différentes limites de ces projets : primo l’utilisation ou non de ces cartes par les ONG, déjà submergées d’information, et peu enclines à faire d’emblée confiance à de nouveaux types d’acteurs, extérieurs au monde humanitaire ; [28] secundo la potentielle présence d’une fracture numérique, les personnes n’ayant pas accès aux réseaux sociaux ou à des téléphones mobiles pouvaient être exclues de ce type de processus. D’où des réflexions sur la façon de la dépasser, grâce au développement de formations en littératie numérique des populations, à une amélioration de la connectivité locale, etc.
Par la suite, certaines organisations de volontaires vont se structurer et s’impliquer dans des projets de cartographie, comme ceux portés par le Stand-By Force. Parfois en collaboration avec des ONG, comme le groupe Digital Humanitarian network. Parallèlement, on assiste à une professionnalisation du travail cartographique au sein des ONG (via l’utilisation de drones ou d’images satellitaires). Des projets de cartographie participative ont été aussi organisés. Leurs démarches s’inspirent de la géographie radicale. Ces derniers cherchent en effet à favoriser l’inclusion de participants locaux. Ils ambitionnent de cartographier des lieux en intégrant d’autres formes de représentations de l’espace. Cartographier un lieu permettrait la réappropriation d’un territoire invisibilisé par exemple. Le numérique est donc paré de toutes les vertus : il favorise la participation, il serait émancipateur. Ce type de projet repose sur différents présupposés qu’on peut déconstruire : la valorisation apriori et non-critique de savoirs locaux, la réification d’une structure sociale de type communautaire. La dimension participative de ces initiatives a également ses propres limites en fonction du statut des participants et de leurs modes d’implication. [29]
Mais pourquoi les ONG valorisent-elles les approches participatives ? Premier élément de réponse : les humanitaires se doivent d’être redevables auprès de leurs bénéficiaires. Cela implique le fait de rendre compte des programmes que les ONG délivrent. Cela signifie aussi pour les humanitaires le fait de minimiser les dynamiques de pouvoir circulant entre les ONG et les personnes secourues. Cela peut se faire en favorisant leur participation, via des mécanismes de consultation sur la nature et la qualité de l’aide. Le numérique semble être un outil adapté à ce type de finalité. Les ONG peuvent avoir recours à des lignes téléphoniques, des groupes WhatsApp ou encore des agents conversationnels. Ces mécanismes de communication ont plusieurs limites : l’existence de fracture numérique (selon les infrastructures locales, le contexte culturel, le degré de littératie des bénéficiaires), et les rapports de pouvoir existants, comme l’a montré Mirca Madianou. Il n’est pas simple de faire des retours critiques à des ONG dont on dépend pour sa survie. [30] À vrai dire, les approches participatives se limiteraient bien souvent à une approche restreinte de la participation. Lisa Daoud dans son rapport d’étude pour le groupe URD — montre comment elles tendent à se limiter à des dispositifs de recueil de retours des bénéficiaires [31]. En outre, ces derniers resteraient exclus du design des outils numériques leur étant imposé. D’où le développement de laboratoires technologiques locaux, en écho à l’agenda de localisation de l’aide [32], comme le Localization lab [33] datant de 2012. Il promeut l’usage de technologies « open sources » et la défense de la diversité culturelle et linguistique. Autre exemple, l’organisation Werobotic, créée en 2015, prône des approches participatives du déploiement de drones humanitaires. [34] Ces efforts d’inclusion peuvent cependant se faire injonction, et peuvent se rapprocher d’imaginaires néolibéraux. Ces derniers se cristallisent dans la figure du bénéficiaire-entrepreneur. [35] Ce narratif se retrouve également dans la multiplication de projet de transferts monétaires : l’allocation de ressources financières permettrait de laisser libre le bénéficiaire de ses choix de consommation, ce qui serait une forme d’empowerment. Or les programmes de transferts monétaires doivent prendre en compte les réglementations des institutions financières, notamment en matière de mesure de lutte contre le blanchiment et de contreterrorisme. D’où des lourdeurs administratives, ralentissant des programmes humanitaires [36], et des enjeux en matière de protection des données. D’où la tentation d’adopter des cryptomonnaies et blockchains pour désintermédier les opérations de cash transferts et contourner les acteurs tiers. [37] La chercheuse Margie Cheesman rappelle cependant que ces projets sont confrontés aux résistances des États. [38]
Le numérique représente donc un espoir d’émancipation pour les humanitaires. Il semble une solution idéale pour impliquer les bénéficiaires, réduire les inégalités entre ONG et victimes de crise. Mais entrent également en scène les bailleurs de fonds. Or, les ONG se doivent d’être redevables à leur égard. Mais qu’est-ce que signifie au juste le terme de redevabilité ? Il possède une double facette. Comme on l’a vu, sa première facette concerne les bénéficiaires. Il s’agit de prendre en compte leur voix, d’assurer la conduite de son mandat afin de leur garantir la qualité de l’aide. Elle concerne aussi les bailleurs. Les ONG doivent rendre compte de leur action, prouver aux bailleurs que leurs fonds ont bien été distribués. D’où une multiplication d’audits et de rapports. Ce besoin de redevabilité prendrait racine dans la crise de légitimité touchant l’humanitaire dans les années 1990. Elle serait en partie déclenchée par l’échec de l’intervention de la communauté internationale au Rwanda. [39] Joël Glasman a montré comment, en réaction, se sont progressivement structurés des mécanismes de redevabilité, permettant d’assurer la qualité de l’aide. Ont été forgés des indicateurs standardisés, comme ceux développés par le projet Sphere en 1997, ainsi que différentes méthodologies d’évaluation, de monitoring, et d’audit par des bailleurs. [40] Joël Glasman revient ensuite sur la quantification progressive du secteur, qui s’est traduit par un investissement moral des statistiques. Y recourir faciliterait une délivrance impartiale de l’aide, ce quand bien la mauvaise qualité des données est déplorée au sein du secteur.
La nécessité d’être redevable de son action est d’autant plus forte que les besoins augmentent et le manque de financement se creuse. Il suffit de se référer au graphique suivant, qui montre l’évolution des financements onusiens.
Plusieurs facteurs expliquent l’accroissement de ce phénomène, qui s’accélère depuis 2020 environ : le choc économique résultant de la pandémie de Covid19 ; l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a concentré une partie des dons du public sur cette zone et contribué à l’augmentation de pénuries alimentaires dans le reste du monde ; l’impact du réchauffement climatique, se traduisant par une augmentation de catastrophes et des besoins alimentaires (sécheresse et risque de famine dans la Corne de l’Afrique).
Parallèlement, les bailleurs gouvernementaux diminuent leurs fonds : le bailleur anglais — le Department for international development (DFID) — a baissé ses financements de 0,7 % à 0,5 % du PIB, l’Australie et l’Italie de même, la Suède, gros bailleur, a baissé de 15 % son budget alloué à l’aide. [41] Seule la Commission européenne a augmenté son budget de 900 millions à 1,4 milliard d’euros. Notons également que le DFID a fusionné avec le ministère des Affaires étrangères, ce qui fait qu’on parle maintenant de Foreign, Commenwealth and development Office. Cette fusion va en effet de pair avec une baisse de personnels et de financements [42].
Et là encore, recourir au numérique pour assurer la redevabilité de son action parait être une bonne idée. Dans certains cas, les bailleurs poussent à la numérisation des programmes, notamment concernant la biométrie. Le récent rapport de l’organisation sur les droits en ligne, the Engine Room, est clair sur ce point :
« Les attentes en matière de reporting financier ont poussé les organisations à vérifier l’exactitude de leur comptabilité. Cette pression découle en partie du désir des donateurs de maximiser leurs contributions — une demande qui se traduit de plus en plus par l’exigence d’une mise en œuvre plus efficace des programmes. Ces dernières années, le niveau de connaissance des dépenses souhaité par les donateurs, ainsi que leur insistance sur l’efficacité, ont rendu les solutions technologiques (et leurs promesses de vérifiabilité et de transparence) plus attrayantes ». [43]
Deuxième conséquence du poids des bailleurs : adopter une démarche innovante — afin d’assurer une aide plus efficiente. Il existe au sein du secteur une vision « instrumentaliste » du numérique, réduisant les nouvelles technologies à un moyen d’amélioration de l’allocation de l’aide. La publication du rapport a été suivie d’une foire à l’innovation, de différents meetings, le bailleur anglais DFID a créé un fonds d’investissement pour l’innovation humanitaire. Et des laboratoires d’innovation se multiplient dans les ONG, dans un contexte de rapprochement avec le secteur privé. Kristin Sandvik surligne qu’en 2008 le « Guiding principles for public private collaboration for humanitarian action » publié par l’OCHA et par le World Economic Forum ne contenait pas mots les termes d’« innovation », ou d’« effectiveness ». Elle note une évolution rhétorique et à partir de 2009 le terme « effectiveness » prend une importance grandissante jusqu’à être inscrit à l’agenda du World humanitarian forum en 2016 [44]. L’efficience acquiert un statut de norme. Être innovant devient un impératif moral. Afin de remplir leur mandat humanitaire, les organisations ne doivent pas rater le coche technologique : les NTIC permettraient de mieux répondre aux besoins des bénéficiaires. Yves Daccord, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, déclare ainsi que « l’innovation n’est dès lors plus un choix, mais une obligation ». [45] Adopter des technologies innovantes permettrait d’assurer la redevabilité et l’efficience de l’aide. Il s’agit d’allouer précisément les fonds selon les besoins, et de prendre des décisions ciblées et efficaces.
D’où le succès des approches dites « Data driven decision ». Il s’agit de disposer d’information en temps réel afin de pouvoir adapter son action à un contexte volatile. D’où la création d’organes, comme Datapop Alliance et Global Pulse, visant à favoriser le développement du Big data dans l’humanitaire. Cependant, certains praticiens continuent de surligner la mauvaise qualité des données humanitaires, collectées dans l’urgence [46], sans concertation. D’où des données potentiellement redondantes, stockées en silo. D’où des appels à une meilleure coordination de la gestion d’information [47], et donc des initiatives de bases de données ouvertes — comme celles développées par The Center for humanitarian Data, ou encore des tentatives de favoriser l’interopérabilité entre bases de données d’ONG. L’idéal serait de pouvoir anticiper le cours des événements, en recourant à des systèmes d’alerte rapide, voire plus récemment à de l’intelligence artificielle, afin d’anticiper des catastrophes ou des déplacements de population. [48] Sachant au passage que Mark Duffield rappelle comment ce mouvement accompagne l’évolution des techniques de gestion de risque, [49] et une nouvelle façon de « lire » les catastrophes, et constituerait pour Claudia Aradau de nouvelles formes d’épistémologie des crises. [50]
Mais si le numérique peut permettre, aux yeux des acteurs, une plus grande efficience des opérations, il est aussi accompagné de nouveaux risques. Dans un post de blog du CICR, le diagnostic est clair : « Avec la transformation numérique du secteur humanitaire, on doit faire aujourd’hui avec la présence d’une nouvelle forme de menace numérique. (...) Les opérations numériques contre des organisations humanitaires impartiales peuvent causer des dommages à plusieurs niveaux. Elles risquent d’avoir un impact direct sur la sécurité et l’intégrité du personnel et des opérations humanitaires. Ces opérations peuvent également causer des dommages à une échelle beaucoup plus large en affectant les personnes qui recherchent une protection et une assistance vitales. » [51]
Certes, Mark Duffield a pu montrer comment le recours à des dispositifs cartographiques centrés sur des images satellitaires ou des drones [52] permet d’agir à distance, malgré un accès sur le terrain complexifié par la multiplication des attaques ciblant les humanitaires. Le numérique permettrait de dépasser les enjeux de souveraineté propre à toute intervention humanitaire. Mais, le numérique n’est pas un espace neutre, bunkerisé et protégé, permettant le pilotage à distance d’opérations de façon sécurisée. Kristin Sandvik montre bien la balance entre un espace d’intervention démultiplié, permettant l’action à distance, et la réduction de ce même espace, où les ONG sont également confrontées à l’exercice de la souveraineté des États, souhaitant — entre autres — conserver le contrôle des données collectées sur leur population [53]. Ajoutons pour finir que le cyberespace tend également à devenir un espace de projection de conflictualités interétatiques. Et les ONG humanitaires sont ainsi concernées par diverses cyberopérations : le CICR en janvier 2022, le CICR a été victime d’une campagne de hacking exposant les données de 500 000 bénéficiaires des services de Rétablissement des liens familiaux (RFL). [54]
NOTES
[1] WFP, Palantir et le Programme Alimentaire Mondial forment un partenariat pour améliorer l’aide humanitaire mondiale, 5 février 2019, https://fr.wfp.org/communiques-de-p... Nous précisons que l’implication de Palantir dans l’action humanitaire remonte à 2013 et au Typhon philippin, et que le WFP a travaillé avec Palantir depuis 2017 (les premiers contacts avec l’entreprise remonteraient à 2015 au Forum économique mondial) SCHROEDER Andrew, Directrelief, Palantir Technology Enables Intelligent Typhoon Response, 22 novembre 2013, https://www.directrelief.org/2013/1... ANYADIKE, Obi, Spies Sans Frontières ?, The New Humanitarian, 07/03/2016, https://www.thenewhumanitarian.org/...
[2] Précisons que cette agence cherche à retrouver une forme de souveraineté numérique : Intelligence Online, Palantir,Athea, ChapsVision : les grands enjeux du retard d’OTDH, Intelligence Online, 18/09/2023 https://www.intelligenceonline.fr/s... IZAMBAR, Antoine, Après le géant Palantir, la DGSI peaufine son outil de big data, Challenges, 16/09/2023https://www.challenges.fr/entrepris...
[3] PARKER, Ben, New UN deal with data mining firm Palantir raises protection concerns, 05/02/2019 https://www.thenewhumanitarian.org/...
[4] Techlash, Anglicisme, mot valise composé de « tech » et « backlash ». Il désigne un « sentiment fortement négatif à l’encontre des technologies modernes et des grandes sociétés technologiques. » https://dictionary.cambridge.org/di...
[5] L’entretien date de décembre 2019.
[6] MICHAELSEN, M., THUMFART, J., “Drawing a line : Digital transnational repression against political exiles and host state sovereignty.” European Journal of International Security, 2023, 8(2), p.151-171. doi:10.1017/eis.2022.27
[7] “Digital technologies are exceptional assets for humanitarians striving to alleviate the suffering of populations affected by conflict and disasters.(...) That’s the bright side.The digital transformation is also making aid less human and more opaque. (...) These digital paradoxes are here to stay.” DEVIDAL, Pierrick, ""Back to basic" with a digital twist : humanitarian principles and dilemmas in the digital age.", Humanitarian Law & Policy, 02/02/2023, https://blogs.icrc.org/law-and-poli...
[8] “So in the wake of the digital hope and hype, humanitarians need to make accrued efforts to bridge the digital divide and to avoid a potential digital hangover.” DEVICAL, Pierrick, ibid.
[9] « Elle est ligne de partage dans les esprits ; elle organise les perceptions, les discours, les pratiques. Elle est constamment négociée, bougée (y compris imperceptiblement) et remise en jeu par ses usages. », Ibid.
[10] AUDET, François. « L’acteur humanitaire en crise existentielle : les défis du nouvel espace humanitaire. » Études internationales, volume 42, numéro 4, décembre 2011, p. 447–472. https://doi.org/10.7202/1007550ar « Cette tension — à la fois crise de croissance et crise d’identité — est profonde et générale. Elle tire le mouvement humanitaire vers deux “sorties”, deux fins et deux reconversions : la privatisation de l’humanitaire d’une part, l’humanitaire d’État d’autre part » AGIER, Michel, Gouverner les indésirables, des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Paris, Flammarion, 2008,352 p.
[11] BRAUMAN, Rony, MSF L’Action humanitaire, https://msf-crash.org/fr/publicatio...
[12] « Les principes humanitaires définissent ce en quoi consiste l’aide humanitaire : apporter une aide vitale aux populations dans le besoin, sans établir aucune distinction pénalisante entre elles. Ils distinguent l’aide humanitaire des autres activités, de nature notamment politique, religieuse, idéologique ou militaire. » Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO), Les Principes humanitaires, https://civil-protection-humanitari... Protection civile et Operation d’Aide humanitaire européennes, Les principes humanitaires.
[13] BRAUMAN, Rony, Humanitaires, le dilemme, Entretien avec Philippe Petit, Paris Textuel, 1996, p. 43
[14] FASSIN, Didier, « Et la souffrance devint sociale. De l’anthropologie médicale à une anthropologie des afflictions », Critique, 2004/1-2 (n° 680-681), p. 16-29. DOI : 10.3917/criti.680.0016. URL : https://www-cairn-info.ezproxy.utc....
[15] DAVEY, Eleanor, Idealism beyond borders, the french revolutionary left and the rise of humanitarianism, 1954-1988 ; Cambridge University Press, 2015,346p.
[16] SLIM Hugo, CICR, The Power of humanity : of being human now and in the future, 30 juin 2019, https://blogs.icrc.org/law-and-poli... « Humanity in this sense is human behaviour that cares for other humans because of a profound and universally held conviction that life is better than death, and that to live well means being treated humanely in relationships of mutual respect. » FAST, Larissa, Unpacking the principle of humanity : Tensions and implications, IRRC, No. 897/898, 2016
[17] HOURS, Bernard, L’idéologie humanitaire ou la spectacle de l’altérité perdue. Paris : Les Éditions L’Harmattan, 1998, 173 p. Collection « Logiques sociales » DELPLA, Isabelle, Humanitaire et biopolitique, Pouvoir et vie, in MIQUEL, Antoine, MIHALI, Ciprian (dirs.) Actes de l’Université Européenne d’Eté de Nice, Juillet 2003. https://shs.hal.science/halshs-0084...
[18] FOUCAULT Michel, « “Des espaces autres” », Empan, 2004/2 (no 54), p. 12-19. DOI : 10.3917/empa.054.0012. URL : https://www.cairn.info/revue-empan-...
[19] MANAC’H, Léopoldine, HUET, Romain, « Expérience de l’exil, de la précarité et performativité politique. Un questionnement philosophique sur l’expérience sociale de “l’exilé” ». Implications philosophiques, 2018.
[20] FISCHER, Nicolas, « Un lieu d’exception ? Retour sur le statut de la rétention administrative dans un contexte démocratique », Politix, 2013/4 (N° 104), p. 181-201. DOI : 10.3917/pox.104.0181. URL : https://www.cairn.info/revue-politi...
[21] RODIER,Claire, « Le faux semblant des hotspots », La Revue des droits de l’homme, 13 | 2018, URL : http://journals.openedition.org/rev... ; DOI : https://doi.org/10.4000/revdh.3375 BEULAY, Marjorie, CHAUMETTE, Anne-Laure, DUBIN, Laurence, EUDES, Marina, « Encampés de quel(s) droit(s) ? », Institut francophone pour la justice et la démocratie ; BASILIEN,GAINCHE, Marie Laure, « Les droits de migrants en Europe : la normalisation de l’exception », in G. Marti & E.Carpano, L’Exception en droit de l’Union européenne, PUR, 2019, p. 249-264.
[22] CHOWRA, Makaremi, « Les “zones de non-droit” : un dispositif pathétique de la démocratie. » Anthropologie et Sociétés, volume 32, number 3, 2008, p. 81–98. https://doi.org/10.7202/029717ar
[23] VINCK Patrick, Humanitarian Technology, World Disasters Report 2013, International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies, 2013, www.ifrc.org/PageFiles/13465.... pdf « the use of technology to improve the quality of prevention, mitigation, preparedness, response, recovery and rebuilding efforts ».
[24] A la date 13 août 2010, USAID avait engagé plus de 655 millions d’USD en approvisionnements, subventions et soutien
[25] Notre revue de presse chronologique et thématique nous a permis de vérifier l’existence d’une rupture datant de 2010 dans la couverture du numérique humanitaire.
[26] Le collectif humanitarian open street map (HOT) était déjà intervenu en octobre 2009 lors d’une tempête tropicale aux Philippines. Le collectif Mapaction effectuait des missions depuis 2003 lors d’un tremblement de terre en Iran. Il avait déjà effectué une mission préalable à Haiti en 2008. Sahana est un logiciel de coordination de gestion d’information, qui a été utilisé par les équipes de volontaires en ligne en 2010. Il a été créé au Sri Lanka en 2004 après le tsunami. Le groupe Crisis commons qui met en relation gestionnaires de crises et volontaires techniques a été créé en mars 2009. Mentionnons aussi le groupe de recherche américain EPIC destiné à l’indexation d’informations provenant de réseaux sociaux lors de crises. https://epic.colorado.edu/ Voir aussi les différents rapports publiés sur le sujet antérieurement à la crise de 2010. Coyle, Diane and Patrick Meier. New Technologies in Emergencies and Conflicts : The Role of Information and Social Networks. Washington, D.C. and London, UK : UN Foundation-Vodafone Foundation Partnership, 2009. Patrick Meier, Jennifer Leaning, Applying Technology to Crisis Mapping and Early Warning in Humanitarian Settings,working paper, 2019.
[27] ERTZSCHEID, Olivier, Secousses syntaxiques et tremblements motorisés : Google, Twitter et Haïti, janvier 2010, https://affordance.framasoft.org/20... BOERSMA Kees, FONIO Chiara, Big data surveillance and crisis management Routledge studies in surveillance, 2019, p.246
[28] OCHA UN FOUNDATION, VODAFONE FOUNDATION, « Disaster Relief 2.0 : The Future of Information Sharing in Humanitarian Emergencies », 2011, https://hhi.harvard.edu/publication...
[29] SPECHT, Doug (ed.), Mapping crisis, Participation, datafication and humanitarianism in the Age of Digital Mapping, University of London press, 2020, 276 p.
[30] MADIANOU, Mirca, ONG CORPUS, Jonathan, LONGBOAN, Liezel, CORNELIO Jayeel S., The Appearance of Accountability : Communication Technologies and Power Asymmetries in Humanitarian Aid and Disaster Recovery, Journal of Communication, Volume 66, Issue 6, December 2016, Pages 960–981, https://doi.org/10.1111/jcom.12258
[31] DAOUD, Lisa, Qu’avons-nous fait de la redevabilité ? Revue des théories et pratiques dans les interventions d’aide en contexte de crise et post-criste, Groupe Urgence-réhabilitation- développement, 17/03/2019 https://www.urd.org/wp-content/uplo...
[32] On trouverait des premières traces de cet impératif au milieu des années 2000, l’expression s’est depuis ancrée dans les discours et normes humanitaires. Il s’agit de rééquilibrer les relations entre parties prenantes, en donnant plus de place aux organisations locales dans la délivrance des programmes. Coordination sud, la localisation de l’aide plus de proximité permet-il d’assurer l’autonomie des projets déployés. COORDINATION SUD, ONGLAB, La localisation de l’aide, plus de proximité permet-il d’assurer l’autonomie des projets déployés ?, 2019 https://www.coordinationsud.org/wp-...
[33] https://www.localizationlab.org/ Le site affirme travailler au développement de logiciels dans quelques 220 langages.
[34] CHENEY,Catherine, A robotics group offers ideas to ’shift power’ to drive localization, Devex, 14 April 2022,https://www.devex.com/news/a-roboti...
[35] BACQUE Marie-Hélène, BIEWENER Carole, « l’empowerment, un nouveau vocabulaire pourparler de Participation ? », Réseau Canopé, « Idées économiques et sociales », 2013/3 N° 173, p. 25 à 32
[36] THEILER, Zach, How vague money-laundering and counter-terror rules slow aid, The New Humanitarian, 23/05/2023 https://www.thenewhumanitarian.org/...
[37] MALLARD, Grégoire, SABEt, Farzan, SUN, Jin, “The humanitarian gap in the Global sanctions Regime, Assessing Causes, Effetcs, and solutions.”Global governance, 26, 2020, 121-153
[38] MARTIN Aaron, SHARMA Gargi, DE SOUZA Siddharth Peter, TAYLOR Linnet, VAN EERD Boudewijn, MCDONALD Sean Martin, MARELLI Massimo, CHEESMAN Margie, SCHEEL Stephan, DIJSTELBLOEM Huub, « Digitisation and Sovereignty in Humanitarian Space : Technologies, Territories and Tensions », Geopolitics, march 2022.
[39] Comme le rapporte Jean-Hervé Bradol, membre de MSF : « Pour le monde humanitaire, “le Rwanda a été un électrochoc”, avec la prise de conscience qu’“on n’était pas à la hauteur”, estime le médecin, devenu par la suite président de MSF. “Au niveau médical, les limites de notre efficacité nous ont poussés dans les années suivantes à faire des gros progrès”. » AFP, « Le génocide au Rwanda, un “électrochoc” pour le monde humanitaire », La Croix, 05/04/2014, https://www.la-croix.com/Actualite/...
[40] GLASMAN, Joël, Humanitarianism and the Quantification of Human Needs Minimal Humanity, Routledge, Taylor & Francis Group, 2019. LAURENT Catherine, BAUDRY Jacques, BERRIET-SOLLIEC Marielle et al., « Pourquoi s’intéresser à la notion d’“evidence-based policy” ? », Revue Tiers Monde, 2009/4 (n° 200), p. 853-873. DOI : 10.3917/rtm.200.0853. URL : https://www.cairn.info/revue-tiers-...
[41] Le Figaro, AFP, Suède : le nouveau gouvernement fait des coupes drastiques dans l’aide internationale, 8 novembre 2022, https://www.lefigaro.fr/flash-eco/s...
[42] WORLEY William, Dispute erupts at UK Labour Party conference over restoring DFID, 27 septembre 2022 https://www.devex.com/news/dispute-...
[43] « Extensive financial reporting expectations have resulted in pressure for organisations to verify the accuracy of their accounting. This impetus stems in part from donor desire to maximise their contributions– an ask that is increasingly translated into demands for more efficient program delivery. In recent years the level of insight into spending that donors desire, along with their insistence on efficiency, has made technological solutions (and their promises of verifiability and transparency) more appealing. » The Engine Room, Biometrics in the humanitarian sector, A current look at risks, benefits and organisational policies, Juillet 2023. https://www.theengineroom.org/wp-co...
[44] SANDVIK, K.B. Now is the time to deliver : looking for humanitarian innovation’s theory of change. Int J Humanitarian Action 2, 8,2017, https://doi.org/10.1186/s41018-017-...
[45] https://medium.com/21croixrouge/lin...
[46] FAST, Larissa, « Diverging Data : Exploring the Epistemologies of Data Collection and Use among Those Working on and in Conflict », International Peacekeeping-p.796-732, Routledge, 2017, : https://doi.org/10.1080/13533312.20...
[47] SCHOEMAKER, Emrys, CURRION, Paul, PON, Bryan, « identity at the margins : identification system for refugees », Caribou digital, 2018, https://assets.publishing.service.g...
[48] BEDUSCHI, A., MCAULIFFE M. Mc, 2021. « Artificial Intelligence, migration and mobility : implications for policy and practice » In MCAULIFFE, M., TRIANDAFYLLIDOU, A., eds., World Migration Report 2022, International, Organization for Migration (IOM), Geneva.
[49] DUFFIELD Mark, Post humanitarianism governing precarity in the digital world, Cambridge : Polity Press, 2018. ARADAU Claudia, VAN MUNSTER Rens, Politics of catastrophe genealogies of the Unknown, New security studies, Prio, Routledge 2011.
[50] TOBIAS Blanke, ARADAU Claudia, Algorithmic Reason, The New Government of Self and Other, Oxford : Oxford University Press, 2022
[51] “With the digital transformation of the humanitarian sector, a new layer of digital threats is today a sad reality. (…) Digital operations against impartial humanitarian organizations can cause harm at several levels. They risk directly impacting the safety and integrity of humanitarian personnel and operations. Such operations can also cause harm on a much broader scale by affecting people who seek essential protection and assistance” RODENHAUSER, Tilman, STAEHELIN, Balthasar, MARELLI, Massimo, Safeguarding humanitarian organizations from digital threats, 13/10/2022 : https://blogs.icrc.org/law-and-poli...
[53] Kristin Bergtora Sandvik (2015) : The humanitarian cyberspace : shrinkingspace or an expanding frontier ?, Third World Quarterly,
[54] CICR, Cyberattaque contre le CICR, notre analyse, 16/02/2022 https://www.icrc.org/fr/document/cy.