mai 2004
Emmanuel FilholLes Tsiganes alsaciens-lorrains à Crest / 1915 - 1919
PUG
9782706111877
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Un chapitre
à propos
Chapitre publié en ligne avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur. Copyright © 2004 PUG
présentation de l'éditeur
Un camp de concentration français pendant la Première Guerre mondiale, le mot n’est-il pas trop fort ? C’est cependant le terme qui convient depuis la fin du XIXe siècle, inventé par les Espagnols lors de leur guerre contre Cuba, et repris par les Anglais pour la guerre des Boers.
A Crest, au cœur de la Drôme, ont été internés dans un ancien couvent les Tsiganes alsaciens-lorrains que le début de la Grande Guerre a déplacés et regroupés. Les conditions matérielles de leur internement sont dures, mais non insoutenables, et, pendant quatre longues années - de 1915- à 1919, bien après l’armistice - se met en place une administration qui doit gérer la vie quotidienne - surveillance, hygiène, école, travail -, tandis que se multiplient les formes de résistance, dont témoignent les correspondances entre familles ou avec l’administration, et les plaintes de la population.
C’est là un dossier original, qui aborde des faits qu’on a préféré oublier, avec la rigueur de l’historien et la sympathie de l’homme pour un peuple décrié : " Qui ne ressent pas profondément ne comprend pas ".
Cet ouvrage relate les conditions d’internement des Tsiganes alsaciens-lorrains lors de la première guerre mondiale, un épisode ignoré- et refoulé- d’une histoire humaine en marge des grands évènements militaires. Un épisode totalement méconnu et peu glorieux de notre histoire qui apporte un éclairage particulier sur le "racisme ordinaire et la peur de l’étranger en temps de guerre". Il n’existe à ce jour aucun ouvrage qui rende compte de ces évènements et qui donne enfin la parole à ces oubliés de l’Histoire. Un ouvrage grand public très bien documenté disposant de documents authentiques.
Mots clefs
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Table des matières
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Remerciements ................................................................ 8
Préambule ........................................................................ 9
Introduction ..................................................................... 11
Tsiganes en Dauphiné :
de l’hospitalité à la répression ........................................ 12
« Alsaciens-Lorrains romanichels » ............................... 19
Les archives des camps ................................................... 26
Un camp d’internement pour les Tsiganes ............... 31
Avant Crest ...................................................................... 32
Le dépôt de Crest ............................................................ 40
Organisation générale du dépôt surveillé ................... 48
Administrer ..................................................................... 53
Gestion économique ....................................................... 58
Aspects de l’internement .............................................. 67
Un univers sous surveillance ........................................ 67
La vie quotidienne au camp .......................................... 80
L’école et l’éducation religieuse .................................... 90
Le travail .......................................................................... 97
Subir, résister .................................................................. 121
Témoignages d’internés tsiganes ................................. 122
Transferts et libérations .................................................. 133
L’attitude de la population ............................................ 153
Résistances et répressions .............................................. 159
Conclusion ...................................................................... 169
Bibliographie ................................................................... 179
Chapitre choisi
LA PRÉSENCE DES TSIGANES dans le sud de la France remonte à plusieurs siècles. Des groupes de gens se disant « Égyptiens [1] » circulent à travers la Drôme et les régions voisines dès la fin du Moyen Âge. Ils s’y installent au cours de la deuxième moitié du XVe siècle.
Tsiganes en Dauphiné : de l’hospitalité à la répression
L’attitude qui prévaut à leur égard est au début assez tolérante et plutôt bienveillante. Ce peuple inconnu, étrange autant qu’étranger, suscite auprès des populations citadines un mélange d’admiration et de crainte. Les « Égyptiens » bénéficient fréquemment de la protection de l’Église et des autorités laïques. Ainsi le chapitre de Saint-André de Grenoble d é l i v re, en mars 1442, à Philippe, comte de la Petite-Égypte et à sa troupe, une somme de deux florins. En ce même pays, de Dauphiné, à Romans, cinq ans plus tard, Barthélemy, comte de la Petite-Égypte, est gratifié, par le pouvoir municipal, d’une aide également de deux florins pour l’amour de Dieu [2]. (...) - Lire la suite au format PDF :
NOTES
[1] On suppose que les Tsiganes, originaires du nord de l’Inde, ont quitté ce pays aux environs du Xe siècle, peut-être même avant. Certains de leurs noms jalonnent un itinéraire migratoire. On les a dits Bohémiens parce que leurs ancêtres sont venus de Bohème, au début du XVe siècle, munis de lettres de protection signées par l’empereur Sigismond. Ils ont été baptisés Égyptiens, puis Gitans, parce qu’on les a crus originaires de « Petite Égypte » – un territoire fertile dans le Péloponnèse. Là, ils ont été pris pour des Atsingani (d’où Tsiganes), du nom donné par les Grecs à une secte d’Asie mineure qui pratiquait les arts divinatoires et la musique. Les Tsiganes constituent plusieurs gro u p e s nettement diff é renciés, qui se distinguent en particulier par le nom qu’ils se donnent : les Sinté ou Manouches (le mot Manus signifie « homme »), les Gitans ou Kalé (noirs), enfin les Roms (littéralement les « hommes »).
[2] Cité par François de Vaux de Foletier, Les Tsiganes dans l’Ancienne France, Paris, Éditions Géographique et Touristique, « Connaissance du Monde », 1961, p. 31-32.