Réseau scientifique de recherche et de publication

[TERRA- Quotidien]

Le programme "ASILES"

Recherche

Le projet vise à mettre au jour les représentations, pratiques, usages et conceptions des individus, des corps et de la personne qui se développent dans les cadres (camps, ghettos, zones de transit, centres d’accueil, etc) définis par les interventions humanitaire et sécuritaire touchant des populations mobiles et précaires (réfugiés, déplacés, sinistrés, migrants clandestins, demandeurs d’asile,etc). Les enqu^tes ethnographiques relèvent de trois entrées ou points de vue : les récits, les corps, les espaces.


Le projet vise à mettre au jour et confronter les représentations, pratiques, usages et conceptions des individus, des corps et de la personne qui se développent dans les cadres définis, directement ou en creux, par les interventions humanitaire et sécuritaire à l’échelle mondiale, et touchant des populations mobiles et précaires.


● Les recherches portent sur des catégories identitaires aujourd’hui émergentes, associées aux figures de la souffrance et/ou de l’illégalité, faisant l’objet de stigmates sociaux et de polémiques publiques : réfugiés, déplacés, sinistrés, migrants clandestins, demandeurs d’asile,etc.


● Elles portent sur des espaces également émergents tels que les camps, ghettos, zones de transit, centres d’accueil, et autres espaces de confinement soumis ponctuellement ou durablement à des interventions policières ou humanitaires. La définition de ces espaces hors-lieux et de ces catégories liminaires se construit en relation avec ces interventions et les principes qu’elles imposent de manière hégémonique, « constituante » ; pour autant, elle ne tient pas seulement de l’assignation ; elle est au contraire une définition complexe et contradictoire, éventuellement conflictuelle. La recherche donnera une place importante à la question des stratégies et tactiques de refus, résistance ou contournement développés par les sujets.


Le projet envisage d’aborder ces questions et de s’interroger sur les nouveaux terrains de recherche qui leur correspondent en privilégiant trois entrées ou points de vue : les récits, les corps, les espaces.


● L’enquête sur les récits s’interrogera sur le poids des contextes de formation et d’énonciation des témoignages (dans les zones de transit, centres d’accueil, commissions et tribunaux) et sur leurs enjeux (accès à la protection, aux soins ou à la libre circulation).


● Le point de vue des corps s’attachera au dévoilement des usages sociaux du corps, lieu d’inscription des violences (corps morts, meurtris, malades, souffrants et soignés), mais aussi ressource mobilisée devant les institutions.


● Le point de vue des espaces cherchera à comprendre les cadres matériels où se retrouvent victimes et indésirables, et à rendre intelligibles les phénomènes de resocialisation, de politique et d’ouverture dont ils sont le lieu.


L’échange interdisciplinaire s’appuiera en grande partie sur des terrains d’enquête ethnographiques clairement situés, en Europe, en Afrique, au Moyen Orient et en Amérique latine. D’une part, ces expériences devront « dialoguer » avec diverses autres approches des mêmes populations et questions (sciences politiques, sociologie politique et historique, psychiatrie, études littéraires). D’autre part, nous envisageons de développer et renouveler un paradigme commun de réflexivité anthropologique auquel le sujet se prête doublement :


● premièrement quant au thème de la recherche : quelle « conception de la personne » se forme dans ces nouveaux contextes, au-delà des aires géo-culturelles classiques ? ;


● deuxièmement quant à la méthode : l’échelle mondiale de la réalité dont nous traitons invite à repenser les conditions d’une anthropologie générale : moins comparatiste que transversale, plus attachée à penser de manière contradictoire les nouvelles catégories communes et émergentes, qu’à, strictement, inventorier des « réponses » locales.