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Transdisciplinarité, humanisme, éducation, technologie et faits sociaux (2016/...)

Crise du socialisme et dépassement, où vers la fondation d’une nouvelle philosophie politique d’essence humaniste post pandémie mondiale COVID 19-2020

De quelques réflexions pour une pertinente praxéologie politique. Contribution à une épistémologie guadeloupéenne.

David Boucaud Chargé d’enseignement, membre associé CREDDI (Centre de Recherche en Economie Droit Développement Insulaire) Université des Antilles.

1. L’état de la réalité politique

La politique ne dispose plus de socles idéologiques, de références idéelles, portés par les partis traditionnels. Ce phénomène, s’ajoute à une quête identitaire de Guadeloupe, et constitue le double bind2 guadeloupéen. Alors que l’agir politique3 du Président Emmanuel MACRON, requestionne l’épistémologie française , voici qu’il se pose la question de la définition d’une épistémologie Guadeloupéenne. Au nom d’un pragmatisme à tous crins, la pensée politique a été expurgée de la praxéologie politique, rendant l’acte politique insipide et incompréhensible générant crise du sens, et donc crise sociale. La pandémie mondiale liée au COVID 19, nous oblige, et interroge, fondamentalement, le modèle socio-économique égotique, ultra libéral, « déshumain », dominant. La société est morcelée, désarticulée et l’individualisme prévaut, à défaut d’un idéal de société partagé. Les élus sont jugés incapables, inopérants, sans pourtant l’émergence d’une alternative politique. Ce mouvement est amplifié par plusieurs phénomènes observables :

L’interpretativisme médiatique

La fonction informationnelle des médias a évolué vers le sensationnel, car le marketing médiatique prévaut sur la neutralité et la pluralité de l’information . L’audimat est devenu le seul juge d’un modèle économique médiatique produisant non plus des journalistes, des chroniqueurs, ..., mais des stars, capables de drainer de l’écoute, de l’audience, et payées en conséquences.

L’individualisme numérique de la globalisation informationnelle

Le développement exponentiel des réseaux, a créé un monde agile, virtuel, et furtif, extrêmement difficile à stabiliser. Désormais, ce sont les émotions qui produisent l’action, la réaction, plus que l’analyse, l’approfondissement. Nous sommes sous la dictature d’une communication instantanée, non vérifiée, mais terriblement mobilisatrice. L’instabilité comportementale sociologique qui était l’apanage des petites économies insulaires, est maintenant globale, et nous assistons à une insularisation mondiale, répandant le mal vivre, ainsi les virus.

Outsourcing de la société

Une nouvelle gouvernance sociétale est exigée par la population, qui bouscule les organisations traditionnelles. Il est question de pouvoir développer une gouvernance, un management politique agile et morphogénétique, susceptible d’être en résonance avec le peuple. Une remise en cause des modèles institutionnels classiques , passant d’une organisation administrative napoléonienne, vers une organisation plus en capacité de répondre aux exigences modernes de réactivité et d’adaptabilité. Probablement un retour vers une gestion politique de proximité, dans un cadre identitaire mieux affirmé.

2. La société évolue vers d’autres repères

La suprématie de l’économie, des modèles économiques, est en fin de cycle de vie. Aujourd’hui, il est question d’approche, de modèle qualitatif au bénéfice de l’humain : un paradigme sociétal 10 nouveau . Qualité de vie, dignité, existence, bonheur, sont les nouveaux repères de la société. Un projet politique doit intégrer ces repères au risque d’être violemment rejeté par une population « en marche » vers ses fondamentaux. Dans l’histoire mondiale, l’Europe a colonisé11 tous les pays de la planète, sauf le Japon, les deux Corées, le Libéria. Encore que le Libéria soit un pays créé par les américains pour renvoyer "chez eux" les descendants d’esclaves, les afro américains, le Libéria a donc une réalité historique singulière : c’est une création de la société nationale d’Amérique de colonisation, pour y "renvoyer" les esclaves libérés et leurs descendants. On compte selon les organisations internationales, entre 193 et 195 pays souverains. La plupart des pays d’Afrique (une soixantaine) a obtenu sa souveraineté durant la deuxième moitié du 20ieme siècle, jusqu’au Soudan du Sud en 2011. L’Ethiopie, elle, aura connu une très courte colonisation de 1936 à 1941, en première moitié du XXième siècle. Aux Amériques et Caraïbes, c’est Antigua la dernière souveraine en 1981, mais d’une manière générale, les Amériques et les grandes Antilles sont devenus souveraines, fin 19ième siècle, et les îles des petites Antilles, en deuxième moitié du 20ième siècle. L’influence coloniale, perdure, avec, en particulier, en Afrique, en Inde, et sous nos contrées, le Commonwealth et le Franc CFA (devenant ECO en 2020). Au fond, le monde a été européanisé, et l’influence culturelle, sinon la domination économique perdure. L’histoire d’avant les colonisations est mal connue, l’occidentalisation des pensées est effective, le modèle sociétal, le mode de vie occidental sont effectifs. Les sociétés n’ont pas connu un continuum endogène de leurs progressions, mais un gap, un détournement culturel et sociétal exogène qui s’est imposé. La question est à partir d’où pensons-nous, à partir de quoi raisonnons nous12 ? Guadeloupe a été colonisée par la France en 1635, deuxième colonie française un siècle après le Canada. Et dès 1641 arrivent les premiers esclaves d’origine africaine, en Guadeloupe. Mais l’européanisation de Guadeloupe débute dès 1493, avec les espagnols. Et le nom Guadeloupe est tiré de l’arabe Ouad el oub (rivière d’amour), ainsi dénommé par C. COLOMB. Kaloukaera (terre de gommiers) était le nom de Guadeloupe, pour les Amérindiens. Les amérindiens étaient présents à Kaloukaera environ 3200 ans avant l’arrivée des espagnols. Que savons-nous des amérindiens ? Quel est leur leg culturel à notre identité ? 32 siècles d’histoire amérindienne, 5 siècles d’histoire européenne telle est l’histoire de cette terre de Guadeloupe. C’est ainsi, entre extermination et asservissement. On ne refait pas l’histoire, mais on peut l’écrire, et nous sommes à cette heure. Le PIB de Guadeloupe est d’environ 10 milliards de dollars US, et le PIB de la France est d’environ 2600 billions de dollars US. Autrement dit quasiment inexistant dans le PIB national. La population locale représente environ O,6 % de la population française. Mais avec les Outre-mer, la France dispose de 11 millions de Km2 de ZEE (dont 86000 km2 pour Guadeloupe, pour une superficie terrestre de 1702 Km2). Les ZEE sont des zones de ressources potentielles, de souverainetés, et stratégiques. 97% des ZEE de la France sont en Outre-Mer. La pensée insulaire évolue, elle ne se résume plus à une seule perception géographique, terrestre, mais aussi maritime. La place de Guadeloupe, dans l’histoire du monde a aussi évolué, et cette conscience d’avoir participé à un mouvement mondial d’hégémonie européenne, procédant d’une déportation d’esclaves d’origine africaine vers les iles à sucre , puis d’une colonisation de ces pays d’Afrique, consacrent une terre inconnue, et un désir ardent, inconscient souvent, de terre nouvelle.

3. L’émergence d’un besoin sociétal

Nous sommes passé du besoin d’argent au besoin de vie

Hyper information sociétale et développement d’une nouvelle intelligence intuitive

Le concept de cerveau social convient bien à l’appréhension de cette nouvelle intelligence intuitive, qui produit des actions sociétales, en « vol d’hirondelles », avec des vagues, mais dans une cohésion surprenante, où il n’est point besoin de parler pour se comprendre. Une nouvelle compétence managériale politique est l’aptitude à l’accordage sociétale qui participe d’un management émotionnel et intuitif. Il ne s’agit plus seulement de comprendre le peuple, mais de le sentir.

Du fanatisme politique à la résonance politique, fulgurance d’une intelligence collective

Les egos politiques surdimensionnés, les formatages intellectuels sont rejetés par une population qui ne croit plus au génie, mais au génial, plus à l’homme providentiel, mais à l’homme réel. Le discernement de la population a complétement évolué, et l’usage des symboles, métaphores, est inopérant, et perçu comme artificiel, et donc suscitant méfiance, défiance, rejet. La population veut entrer en communion avec son leader, qui doit sonner « vrai ». C’est désormais la résonance politique qui supplante, la raisonnance politique. Il ne s’agit plus d’éblouir l’électeur, le séduire, mais d’être cet électeur.

Le nouveau consommateur politique

C’est la fin des programmes politiques traditionnels où fusaient toutes sortes de promesses, pour des jours meilleurs, du travail, du logement, des écoles.... La population considère cela comme le minima de l’action politique. Ce qui importe c’est un « produit politique » qui fonctionne autour de trois principes, sans sombrer dans une utopie : les conditions de vie, le développement des potentialités identitaires, les conditions de la régulation de l’action politique.

4. La leçon des dernières élections

Les dernières élections ont indiqué deux faits majeurs : l’abstentionnisme, et le désir profond de nouveauté politique.

Les leçons du cycle de vie politique

Nous sommes en fin de cycle de vie politique, où il apparait que le devoir civique, est accompli par une minorité, qui elle-même, manifeste un désir profond de renouvellement, de nouveauté politique. Ainsi, ce ne sont pas les hommes politiques qui sont choisis ou rejetés, il s’agit plutôt d’indications quant au désir de ce monde nouveau , exprimées à la fois par cette masse silencieuse (abstentionnistes) des non votants, et l’expression des choix des votants.

Caractéristiques du nouvel homme politique L’identification politique ne se fait plus, ni par rapport à un homme, ou un parti, mais sur la base de la résonance politique. Il s’agit de vibrer avec sa population, d’être accoucheur d’esprit, accoucheur de société vertueuse. Plus que jamais, la philosophie politique est convoquée, non pas pour fonder un parti mais pour proposer au peuple une société vraiment vivante. Cela suppose, une expérience de vie, des compétences transpersonnelles, développées par des aptitudes artistiques, une vraie sincérité communiquée.

Jeunisme versus baron ?

Le jeunisme, n’est pas une question d’âge pour le peuple, mais plutôt la capacité de l’homme politique à développer ce monde nouveau, remplaçant cette manière de faire de la politique, en fin de cycle. Le peuple, ne veut pas d’homme politique agité, prétentieux, sourd, mais un homme sage, quel que soit son âge Ce principe, est porté par des mouvements de jeunes, mais aussi par les gilets jaunes, les sardines, en Italie, la contestation sociale au Chili, et l’émergence du mouvement primera linéa...

La montée d’un intégrisme libéral, la fin de la politique

Le désir de changement de société, a ouvert la voie à un intégrisme libéral, quelques fois climatosceptiques, en Europe (Italie, Grande Bretagne), aux Amériques (Etats Unis, Brésil), ainsi qu’un fort pli libéral de La France, dont la pandémie COVID19 actuelle, remet en cause, la dynamique et la doctrine, pour un indépassable humanisme.

Phraséologie politique sociétale « Nous voulons un élu qui soit une caisse de résonance intelligente et congruente ». Un Etat capable de répondre aux besoins humains de son peuple.

Phénomène de « nuque raide » Il ne s’agit plus de parler pour le peuple, mais par le peuple. L’élu doit incarner Moise, et conduire le peuple vers cette terre promise, où se trouve un épanouissement individuel et collectif. Les aspirations du peuple, au bonheur, à la réalisation, sont quasi métaphysiques, essentielles. Le concept de félicité sociétale est approprié pour indiquer l’aspiration profonde de la population qui a désormais la nuque raide face aux pratiques politiques traditionnelle.

Colère sociétale

Quand j’écrivais ces lignes, en début 2018, je n’imaginais pas, à quel point, cette colère sociétale, allait s’exprimer à travers les gilets jaunes. La colère sociétale est l’expression visible du message sous-jacent des abstentionnistes et du sens des derniers votes appelant à un renouvellement politique global, très loin du populisme, et surtout, l’âpreté de la révolte contre la réforme des retraites.

Fin des modèles prédictifs politiques, détournement de l’électorat et illusion statistique.

Nous sommes passés d’un électorat politique à un monitorat sociétal. Nous assisterons probablement à une diminution drastique de l’abstentionnisme, dès lors que les hommes politiques sauront traduire ce monitorat sociétal, en projet de management politique. L’insularisation du monde, rend difficile les modèles statistiques prédictifs, pour favoriser le développement de la prospective sociétale, qui s’appuie sur trois leviers : résorption de la pauvreté, développement de la société inclusive, bien-être au travail. Le seuil de pauvreté de la Guadeloupe, ne correspond pas à la réalité, le rapport au travail comporte encore trop les stigmates du féodalisme, la marginalisation et la catégorisation de la population ne favorisent ni la cohésion sociale, ni la sécurité sociétale.

L’impossible réconciliation

Il ne s’agit plus de réconcilier le peuple avec la politique, mais de lui proposer ce monde nouveau, sur les préceptes, ici développés, avec respect et dignité humaine.  Complexification d’un langage politique émergent Résonance, congruence, paradigme, transpersonnel, accordage, morphogenèse, sont les nouveaux, mots, concepts de politique de ce monde nouveau. D’autres outils doivent émerger, une grille de lecture de la société, holiste, complexe, capable de s’interroger face à des événements sidérants, tels l’incendie de Notre Dame de Paris, la pandémie COVID 19, intervenant comme un catalyseur, un révélateur de nos sociétés (solidarité européenne, impact de la pollution humaine, nécessité de la décroissance, expertise médicale cubaine, relocalisation, état-providence, capacités sanitaires, ...)

5. Naissance d’une nouvelle grammaire politique

Intégrer pour diriger, réguler pour ajuster, décider pour développer. Tout programme politique écrit en respectant ces bases lexicales et grammaticales, deviendra audible. La société est vivante, la politique doit être vivante, il faut une stabilité dynamique, plutôt qu’un établissement statique, c’est une révolution organisationnelle des institutions napoléoniennes.

Défiance politique

Plus que de la méfiance, la population aujourd’hui est dans la défiance politique. Elle n’y croit plus, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Elle ne croit plus non plus à l’incompétence du populisme, et elle rejette tout dictat, d’où qu’il vienne. Il ne faut plus être « politicien », mais politiquant.

Leadership avant-gardiste et moderniste

J’ai eu l’occasion de le dire, lors d’une intervention pour une Ville de Guadeloupe, à l’ensemble des élus et du personnel de l’époque. Le politiquant, doit éclairer la voie politique pour parvenir à ce monde nouveau, cela suppose l’acceptation de l’évolution conceptuelle, le développement d’une grammaire politique, authentiquement, nouvelle.

Communion sociétale

Eléments de réflexion pour une politique socio-humaine nouvelle- CREDDI-Université des Antilles David BOUCAUD-Avril 2020 Il faut avoir vécu dans un milieu pour le ressentir, le comprendre. Le problème du gouvernement actuel est précisément celui-là, à défaut, un principe d’immersion politique devrait être développé pour permettre à ceux en charge de population d’être plus réalistes quant au pilotage des institutions, stage, séminaire, immersion du décideur politique, dans la « vraie vie ». Plutôt que de supprimer l’ENA, il serait souhaitable d’y renforcer une pédagogie de formation action.

La réalité de la quête politique sociétale et la distorsion persistante du personnel politique Le sens du langage du peuple :
- De l’emploi, pas du travail (impersonnel)
- De la vision, pas de l’ambition (politicienne)
- De la proximité, pas de la flatterie (populiste)

6. Petite histoire d’une grande révolution locale ou de nos rendez-vous manqués

Il ne s’agit plus seulement, aujourd’hui de symboliser, d’inspirer pour entrainer l’adhésion des populations, il faut INCARNER. Incarner, c’est avoir une pensée claire et perceptible, joindre les actes à la parole, et pratiquer pragmatisme et proximité intelligente.
- Une pensée claire et perceptible : ne plus se dire socialiste, mais être socialiste, fraternel, solidaire, humain, avec en ligne de mire, les intérêts supérieurs de la préservation et du développement durable psycho-économique des Guadeloupéens, de La Guadeloupe avant tout. Il ne s’agit pas de la mort de la pensée politique, il s’agit de rendre vivante la pensée politique. De ce point de vue, la référence à Paul VALENTINO, peut servir cet objectif. Il incarne à la fois, la verticalité et l’enracinement qui doivent être l’apanage des hommes politiques du 21ième siècle. A l’instar d’un Ignace, mort pour la liberté du peuple, Paul VALENTINO, est entré en « résistance politique » dans un contexte Vichyste, ou il eut été bien plus confortable de se rallier à la pseudo institution à la botte du pouvoir Allemand et représenté sur place par Le Gouverneur SORIN.
- La verticalité de cet homme nous oblige, et nous conduit à rechercher aux tréfonds de nos consciences politiques, l’implication fondamentale qui doit nous habiter : nous voulons un peuple libre, digne, souverain, et s’inscrivant dans la postérité des humanités. Aucun arbre ne pousse sans racines, et l’homme politique doit être l’artisan du réenracinement de son peuple, si tant est besoin. Paul VALENTINO, nous a ouvert ces voies, et en des temps sombres, il s’est dressé face aux fusils, pour s’opposer à l’obscurantisme, jusqu’à être humilié, jeté au cachot, au bagne de Guyane ; comme un rebus de la société, tandis qu’il en était une lumière.
- Nous voici aujourd’hui, au tribunal de notre histoire, où il nous appartient d’entrer en résistance politique face à la domination de la superficialité, d’une vision politique brutale, infondée, sacralisant les égoïsmes à l’autel du dieu économie. Des mots, des paroles, des postures, de l’évanescent constituent l’incroyable théâtre, ou l’on donne au peuple ; l’illusion d’en être l’acteur. Nous en appelons, à Paul VALENTINO, et disons ce manifeste, où à l’instar de la Loi TREVENEUC de 1872, voici le temps de la politique authentique. Non nous ne sommes pas orphelins, nous sommes les enfants d’Ignace, les fils spirituels de grands hommes au rang desquels, il ne peut être fait l’impasse de ce père fondateur de la société Guadeloupéenne ; Paul VALENTINO. L’économie n’est pas notre dieu, mais notre serviteur. Le conseil départemental est une institution, Paul VALENTINO, par sa vaillance, y a laissé un message indélébile qui porte au firmament les valeurs de La République : liberté, égalité, fraternité. Le Conseil Départemental est un ancrage en nous même, depuis cette époque, il m’apparait fondamental, indispensable de sanctuariser ce patrimoine politique qui est le ciment de Guadeloupe. Il ne se pourrait exister d’autres institutions plus emblématiques de nos aspirations à nous même, notre Guadeloupéanité. Sanctuariser ce patrimoine signifie être à l’heure de nous-même, et il ne saurait être de questions trop grandes pour une Guadeloupe fière et tournée vers son avenir, au-delà des clivages et frilosités hérités d’une histoire avilissante. Comment accepter l’égarement inspiré d’un Etat feignant l’irresponsabilité des élus locaux aux fins de se disculper de son devoir à l’endroit de ses anciennes colonies ? Comment perdurer dans un modèle centre-périphérie promotrice d’illusions de la quasi- départementalisation de 1946 à l’incomplète décentralisation, de la périphéricité européenne à la consécration d’une loi NOTRE, qui n’est pourtant pas la nôtre ? Ce visionnaire que fut Paul VALENTINO, personnage unique et insuffisamment connu et reconnu par Le Guadeloupéens, est d’une actualité et d’une modernité, d’une atemporalité, ou il avait tort d’avoir raison trop tôt. Car aujourd’hui, sa pensée politique, près d’un siècle après, apporte des réponses qui relèvent d’un bon sens politique à nul autre pareil :
- Il est décentralisateur et opposé à la départementalisation, il veut faire du Département, l’espace d’un gouvernement local
- Grand défenseur d’une autonomie financière et législative du département
- Opposé avant l’heure à l’assimilation législative
- Partisan d’une compétence locale douanière, fiscale et budgétaire
- Et j’en passe .... A l’instant d’une refondation de la pensée politique, du « faire politique », il est alors temps de questionner Paul VALENTINO sur la profondeur et la trajectoire jadis tracée par lui sur l’avenir de notre devenir, du dire et du faire Guadeloupe, en cet aube du 21ième siècle.

7. Une perspective

Il s’agit de la philosophie et de l’attitude, politiques. L’écosophie Comme réponse possible, d’un nouveau mouvement humaniste et socialiste, cela suppose : 1. Un nouvel imaginaire politique en perspective 2. Habiter notre société 3. Trois piliers : environnement, social ; et mental Le nouvel homme politique Une petite histoire du beau, du bon et du vrai et émergence d’un modèle vivant et vivifiant, pour ce monde nouveau. Nous y parviendrons 1. Par le réenchantement de la politique qui n’est pas utopie 2. L’évolution du socialisme scientifique au socialisme humaniste 3. Le développement d’une méthodologie pour une grammaire politique audible et congruente. La politique post moderne Les dernières élections (USA, Brésil, Argentine, France, Angleterre, Européennes...), ont mis en lumière, une crise de la pensée politique, au profit d’un pragmatisme populiste, sans idéal, basé sur les principes d’un capitalisme, sans âmes, sans états d’âme. L’égoïsme, et l’individualisme, l’économisme, poussés à l’extrême, prévalent, devenant un modèle suscitant fanatisme, incivisme, abstentionnisme. On assiste à la dilution des partis classiques (PR, PS, LFI...), au profit de conglomérat expurgé de philosophie politique, ou de simplisme populiste, faisant la part belle aux extrémistes. Ce « nouveau monde », n’en n’est pas un, car vide d’hommes, mais une effroyable machine à broyer, culpabiliser les êtres, jusqu’à devenir non plus des ménages, ou même des unités économiques, mais des sources fiscales, au profit d’un société déshumaine. Ce « nouveau monde » est taisant, atrocement, sur la culture, le social, la santé, la souffrance au travail, la vieillesse, le sport... Toutes choses faisant l’humain. Ce « nouveau monde » ignore la portée douloureuse de certaines expressions évoquant, l’ignominie du colonialisme, injustement qualifié de « découverte », tandis qu’il s’agissait d’extermination, d’asservissement... Car l’Europe, a colonisé la quasi-totalité de la planète, à coup de mousqueton, de mitrailles, de boulets, soumettant par la violence, la force, tous les habitants qualifiés de sauvages, indigènes, au prétexte fallacieux d’une évangélisation, mais bien réel, d’une appropriation économique d’un modèle mercantiliste dominant. L’affaire toujours pendante, de la Montagne d’or, en Guyane, en est la parfaite illustration au 21ième siècle. Les iles de la Caraïbe sont les témoins de cette immonde histoire. Elles disposent globalement, de souveraineté, tout en demeurant assujetti à leurs anciennes dominations, via le Commonwealth, la justice, le pouvoir militaire... (ainsi que pour les anciennes colonies d’Afrique subissant le Franc CFA et le contrôle militaire...). Ainsi ce nouveau monde, a des allures fortes de l’ancien monde, en Guadeloupe, aux caraïbes, et les perspectives d’un mode de pensée européaniste, n’ouvrent le champ qu’a une reproduction surannée, d’un partage né de la révolution française (Gauche/Droite), et des encyclopédistes du siècle des lumières, une rationalité matérialiste. Les mêmes causes, produisant les mêmes effets, tant que nous ne serons pas en capacité de produire une pensée originale, avec une identité propre, nouvelle, nous serons dans la reproduction de modèle, dans le cadre d’un raisonnement circulaire. Changer de paradigme, changer de modèle : un paradigme insulaire Toute réflexion pertinente, se doit d’être contextualisée et procéder d’une identité culturelle. Une pensée naturalisée et naturalisante, qui fonde l’économie insulaire, maritime et patrimoniale, comme les trois piliers fondamentaux d’une voie endogène de développement, en économie ouverte. Celle-ci ne peut s’exercer que dans le cadre d’une gouvernance agile, et ancrée dans un socle idéologique et organisationnelle, congruents pour Guadeloupe. Il est patent, que la réalité politique, le modèle économique local, sont bien loin de cette approche, où domine une vision continentale, et métropolitaine, du développement et de l’organisation territoriale qui sont des montagnes de non-sens et d’absurdité, tant en matière d’aménagement du territoire, que de transcription locale des politiques publiques nationales. Il ne s’agit pas tant d’adaptabilité, d’habilitation, mais d’efficience, effectivité et effectivité de l’agir politique. Ce ne sont pas les variables du modèle qu’il convient de changer, mais le modèle tout entier qui doit être la variable, souple, adaptable, agile. Une notion de cycle des politique publiques et économiques locales, doit être considérée, et on ne peut rigidifier l’offre : souplesse dans la production agricole, souplesse dans l’hébergement touristique, fédéralisation des spécificités micro régionales, plutôt qu’uniformité institutionnelle, dynamisation des économies locales, sous le modèle des SEL (système d’échange local), instauration de gouvernance fédérale Atlantique et Caraïbes. Il ne se peut y avoir d’uniformité, tandis que le monde est diversité. Un modèle ne peut être plaqué sur une société, mais doit résulter de cette société. La question ne pouvant être que l’articulation de cette émergence sociétale, au reste du monde. C’est pourquoi tout système colonial est hérésie, annihilation, déculturation, et finalement appauvrissement sociétal, humain, puis économique, à terme.

Tant que l’on conservera l’homme au service de l’économie, le modèle de colonisation, sous ses formes actuelles, modernes, perdurera, jusqu’à l’aggravation des écosystèmes, y compris naturels. Et l’on en constate, aujourd’hui, les effets avec la pandémie mondiale COVID 19 Il est urgent de renverser ce mouvement, qui n’est que parce qu’une poignée de capitalistes, avide de démesure financière, le souhaite, asservissant le monde à l’hégémonie monétaire. Nous sommes au temps de cette politique postmoderne, où l’essence humaniste, socialiste, d’une société humanisante27 est plus que jamais convoquée comme seule alternative à l’extinction accélérée du genre humain. Guadeloupe doit pouvoir exister, et s’articuler au reste du monde. Nous sommes une minuscule épingle, à l’échelle du monde, mais une grande puissance, à nulle autre pareil, des points de vue de la biodiversité naturelle, culturelle et humaine. Nous avons conservé des pratiques et savoir-faire ancestraux, qui ne se retrouvent même plus, dans les pays d’origine de la population Guadeloupéenne (Afrique, Inde, .... le cas par exemple de certaines danses hindoues, chantsTamoul ,certaines expressions de langues africaines ...) Au 21ième l’européanisation du monde, se poursuit, et fait peser une réelle menace sur la biodiversité mondiale, et l’industrialisation initiée au 19ième siècle, et sa sœur l’économisation du monde, connaissent une accélération exponentielle, autant que périlleuse. Les NPI (nouveaux pays industrialisés), ont pris le relais de cette impulsion anglaise du début du 20ième siècle, et aujourd’hui, les quatre dragons d’Asie (avec des taux de croissances, en moyenne de 2,5-3%, contre 1,7 pour la France (avant pandémie)), ont désaxé la dynamique de l’industrialisation, européenne, tout en poursuivant la diffusion de leurs modèles de développement. Les contraintes d’économie d’échelles, de coûts d’approches, d’exiguïté du marché interne, font que Guadeloupe ne sera jamais une espace d’industrialisation. La pollution des sols oblige au développement d’un système de production agricole spécifique, contraignant les stratégies d’autarcie et d’autosuffisance. Le genre de vie, le modèle de consommation et les habitudes alimentaires ne sont pas favorables, à un développement intégré, endogène et contraint. La gouvernance institutionnelle, pis les gouverneurs ont été remplacé par des préfets, où les « bourgmestres », par des maires, où des paroisses, par des communes, font coexister de surprenantes juxtapositions, ainsi une région mono départementale, les fêtes patronales, religieuse, dans un état laïque, une mise en place de 5 EPCI, sans définition de périmètre pertinent (économie d’échelles, au regard des coûts de congestion), et d’évaluation de l’efficacité démocratique. La question n’est donc pas seulement statutaire, où institutionnelle, elle est beaucoup plus vaste, et concerne l’émergence d’un modèle original de société Guadeloupéenne.

Bibliographie thématique (sélection)

Antonio NEGRI (2006), Fabrique de porcelaine : pour une nouvelle grammaire du politique, Stock David BOUCAUD (2009), Management complexe, donner du sens à l’organisation, Alysée David BOUCAUD (2012), Management transpersonnel, Edilivre universitaire, David BOUCAUD (2018), Psychologie spiritualiste, Editions universitaires européennes David BOUCAUD et alii (2011), Manager à la Guadeloupe, société des économistes de la Guadeloupe Federico MAYOR (1999), Un monde nouveau, Odile Jacob Laurent de BRIEY (2009), Le sens du politique, essai sur l’humanisme démocratique, Wavre, Mardaga Victorin LUREL (2012), Lettre ouverte à mes compatriotes de l’hexagone, Armand COLIN Walter MIGNOLO (2015), La désobéissance épistémique : rhétorique de la modernité, logique de la colonialité et grammaire de la décolonialité, Peter Lang Guy TYROLIEN (1990) De Marie Galante, à une poétique Afro Antillaise, L’Harmattan Jean Samuel SAHAI (2013), Adagio pour La Da, Les indiens des Antilles de Henry SIDAMBAROM à Aimé CESAIRE, Atramenta, 2013 Gérard LAURIETTE (1972), De la rédaction à la dissertation- du régionalisme à l’universalisme-initiation à la vie intérieure, Editeur G. LAURIETTE, Bibliothèque Schœlcher de La Martinique Guy CORNELY (1968), Pêle Mêle, Grassin Lucien DEGRAS (2005), Le jardin créole, Jasor