Transdisciplinarité, humanisme, éducation, technologie et faits sociaux (2016/...)
(TICE : Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation)
Lors du quinquennat de 2007, le système éducatif et ses acteurs ont connu de nombreuses mises en place et injonctions ministérielles pour utiliser les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), notamment pour les questions liées à l’évaluation au niveau national et pour le suivi des élèves. Ainsi de l’application "Base Éleves". Elle comportait dans sa première version des informations particulièrement sensibles comme la nationalité, l’année d’arrivée en France le cas échéant et encore la culture d’origine. Des craintes ayant saisies une partie de la communauté éducative sur un usage dévoyé qui pourrait être fait du suivi des élèves en difficulté (ostracisation ; parcours spécialisés d’office ; suivis sociaux intrusifs…), de nombreux enseignants ont refusé d’appliquer ces consignes. 3000 d’entre eux ont donc constitué le collectif des "enseignants désobéissants", en application du devoir de conscience dans l’exécution de leurs missions. Et ils en ont ensuite payé le prix fort en perdant : qui tout ou partie de ses traitements sur des périodes plus ou moins longues ; qui ses fonctions de direction d’école ; qui a connu des refus de promotion et pour les meneurs dont le chef de file Alain Refalo, un abaissement d’échelon indiciaire. Bien sûr, il n’y a pas de Tic qui soit intrinsèquement bienveillante, pas plus que malveillante. Il s’agit simplement d’identifier l’intention qui est poursuivie dans les usages qui en sont faits.
Contacter l’organisateur : florent.pasquier@inspe-paris.fr
Florent Pasquier, Maître de conférences en Sciences de l’éducation en poste à l’Espé de l’académie de Paris, école interne de l’université Paris-Sorbonne, depuis 1998. Ses recherches portent sur l’étude des approches holistiques de l’acte éducatif, croisées avec d’autres disciplines et théories plus anciennes, comme la philosophie, la sociologie ou le personnalisme, et d’autres plus modernes comme les neurosciences, les IHM (interfaces homme machines) ou la question de la conscience. À la suite d’une période d’engagement dans l’éducation populaire, il conçoit et met en œuvre les bases d’une "pédagogie intégrative et implicative" qui poursuit et actualise le courant de la pédagogie coopérative et de projet. Il réalise ainsi une synthèse de démarches en développement personnel, professionnel et collectif.
Les intervenants de la journée du 8 février 2016 sur les "TICE bienveillantes" ont fait part de leurs expériences et points de vues. Les enregistrements vidéo peuvent être visionnés à partir du lien en fin d’article.
Quatre supports de présentation ("Préao" - diaporama de diapositives) sont disponibles en téléchargement, ainsi qu’un article. |
"Du praticien réflexif au praticien designer".
Auteur : Frederique Longuet, Enseignante à l’ESPE Paris Sorbonne et membre du comité de pilotage des projets numériques. Elle fait partie d’un groupe de recherche Paris 3 Sorbonne Nouvelle dont le thème porte sur la translittératie (ANR TRanslit). Elle s’intéresse depuis plusieurs années à la construction identitaire des enseignants de langues, aux outils d’évaluation qualitative et sociale, aux approches collaboratives, aux dispositifs numériques web 2.0 dont Spoc et classe inversée ainsi qu’à la créativité dans l’apprentissage des langues.
Résumé : Notre communication propose d’interroger la formation professionnelle des enseignants de langues en prenant en compte les nouvelles réalités de la société numérique marquée par les notions d’intelligence collective, de réseau social et de communauté d’apprentissage (Wenger, 2005). Nous partons du constat que la formation professionnelle des enseignants de langues s’inscrit majoritairement dans un modèle normatif et dans une méthodologie d’enseignement des langues fondée sur la seule certification des savoirs fondamentaux (Huver et Springer, 2011). Il nous a semblé nécessaire de renverser cette optique formative (Longuet, 2015) pour mettre en valeur l’activité sociale de création (Schön, 1992 ; Bucciarelli, 1994, 2001) à partir de projets collaboratifs TIC. Le parti pris de notre approche consiste à montrer que grâce au collectif l’enseignant peut devenir un « moi en action » capable d’actualiser « ses potentialités » (Rogers, 2005) et de construire avec ses pairs une représentation dynamique de la professionnalisé.
Auteur : Olivier Grugier, Maître de conférences - sciences de l’éducation. ESPE de l’académie de Paris - Université Paris-Sorbonne. Laboratoire EDA - Université Paris Descartes. Intervenant à l’IUT GTE – Université d’Orléans. Maire adjoint et conseiller communautaire en charge des affaires scolaires.
Résumé : Notre intervention s’appuie sur le discours d’élèves de la maternelle et de l’école élémentaire à propos du fonctionnement d’un objet présent dans les classes d’aujourd’hui : le tableau interactif. Cet objet à écran tactile, présent en classe mais pas à la maison, est l’occasion à travers des rencontres de développer une familiarité pratique (Martinand) et ainsi de faire potentiellement acquérir des connaissances et compétences dans le domaine de la technologie numérique. C’est à partir d’une interprétation des discours et des représentations graphiques des élèves que l’on identifie des connaissances liées aux usages, parfois naïves, pouvant servir de fondement dans l’apprentissage de nouveaux outils numériques.
"Peut-on compter sur la bienveillance des machines ?",
Auteur : Eric Bruillard, Professeur des universités. Directeur du laboratoire STEF. Rédacteur en chef de la revue STICEF. Membre du groupe de travail Education - enseignement élémentaire - WG 3.5 du TC3 de l’IFIP. Membre du bureau de l’ IARTEM (international association for research on textbooks and educational media).
"Programmer, déboguer à l’école - Pour une éducation cognitive autour des erreurs",
par :
Michèle Drechsler, Docteure en sciences de l’information et de la communication, laboratoire CRE Université Lorraine , IEN Conseillère TICE du recteur de l’académie d’Orléans-Tours.
Résumé : L’attitude rogérienne, loin de se confondre avec une simple « écoute compréhensive » favorise en même temps l’apprentissage et le développement personnel de l’apprenant. Elleamène les élèves à engager toutes leurs ressources personnelles dans les apprentissages. Lors de notre communication, nous montrerons la place de la programmation dans les nouveaux programmes. En faisant référence à Papert et à Piaget et aux travaux du MIT de Resnick, nous présenterons les compétences mobilisées lors des activités de programmation. Nous appuierons nos propos à partir d’exemples de projets menés à l’école maternelle. Les ordinateurs peuvent devenir des objets pour penser avec, des instruments pour réfléchir, mobilisant des compétences transversales dans le domaine de la métacognition, invitant la réhabiliter le statut des erreurs à l’école.
Présentant un ou plusieurs intervenants à la suite, elles sont accessibles dans cette play-list.
9H00 Accueil et ouverture de la journée par Florent Pasquier et Laurent Petit, PU en SIC, chargé de mission numérique à l’Espé.
9H20 Georges-Louis Baron (PU sciences de l’éducation à Paris-Descartes)
9H45 Etienne-Armand Amato (MCF à UMLV, laboratoire DICEN-IDF) "Analyse des pratiques numériques au profit du transfert éducatif de compétences cognitives"
10H10 Olivier Grugier (MCF ESPE. Equipe EDA - Université Paris Descartes) "Le tableau interactif à l’école primaire, objet d’apprentissage ? Ce que comprennent des élèves sur son fonctionnement"
10H50 Michèle Drechsler (IEN Conseillère Tice 1er degré Acad. Orléans-Tours) "Programmer, déboguer à l’école. Pour une éducation cognitive autour des erreurs"
11H15 Jerome Valluy (MCF-HDR Univ. Paris I équipe COSTECH) : "Entre Charybde (MOOC) et Sylla (classe inversée) : penser l’éditorialisation numérique pour l’enseignement supérieur en fonction des usages et besoins estudiantins".
13H30 Eric Bruillard (PU ENS Cachan – IFE) : "Peut-on compter sur la bienveillance des machines ?"
14H10 Yann Leroux (psychanalyste & geek. Auteur de "Les jeux vidéo ça rend pas idiot"
14H40 Frédérique Longuet (Enseignante à l’ESPE. ANR TRanslit Paris 3) "Du praticien réflexif au praticien designer"
15H20 Florent Pasquier (MCF ESPE Paris), "Représentations et réalisations d’étudiants de Master MEEF sur les "Tice bienveillantes".
15H45 Milad Doueihi (Chaire d’humanisme numérique de Paris-Sorbonne et des Bernardins) "Paidea et humanisme numérique"
16H15 Philippe Meirieu (PU émérite en sciences de l¹éducation) "Pour que le numérique fasse école, pas de bienveillance sans exigence" (à voir à partir du milieu de la vidéo de Milad Doueihi).