Le programme "ZONES FRONTIERES"
CRPS / LAU / REV-CIRCEFT
Responsables Patrick BRUNETEAUX, Cédric FRÉTIGNÉ, Daniel TERROLLE Les séances se dérouleront de 14h à 16h dans la salle de réunion du CRPS (3e étage, entrée rue Cujas) à la Sorbonne, à l’exception de la dernière séance qui se tiendra salle 216, Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Jeudi 10/02/2011 Thème :
Argumentaire : Alors que la violence physique et le corps des dominants sont largement étudiés par les historiens et sociologues depuis Thucydide jusqu’à Elias en passant par Kantorowitz, la même perspective est largement abandonnée aux criminologues et psychologues de la déviance et de la pathologie dès lors qu’il s’agit des plus dominés. Chez les sociologues, la notion de capital physique est encore très peu défrichée alors qu’elle constitue un concept clé pour appréhender les modes opératoires des classes populaires tant au travers de la domination masculine que des formes de dissidence (braquages, bandes, prédation en prison) ou de caporalisation (agents de sécurité, légion...). L’expression physique de la domination suppose ainsi de croiser l’énergie corporelle des dominants et celle des dominés tant celle-ci interroge directement non seulement une modalité des luttes de classement (exhibition de style dans les diverses scènes publiques) mais aussi les luttes physiques sérialisées des dominés dans l’espace public ou la soumission de la force de combat dans la logique de l’ordre établi. Un des défis sociologiques consiste à penser les opérations plus ou moins conscientes par lesquelles les fractions qui investissent le plus le corps, parviennent, sur le modèle de Corps et âmes, à instrumentaliser ce qui peut devenir une ressource contre ou, au contraire, au service du système.
Intervenant :
Thomas SAUVADET, Docteur en sociologie, Chercheur associé au CERMES 3,
Équipe CESAMES, Université René Descartes, EHESS, INSERM.
Titre de l’intervention : « Corps forts et corps fragiles : “caïds” et “clochards” d’une cité HLM, de l’imaginaire à la réalité »
Jeudi 10/03/2011 Thème :
Argumentaire : S’interroger sur les SDF comme sujets de droit nécessite de dépasser une attitude du sens commun qui se contente d’affirmer seulement ce statut sans analyser les conditions mêmes de son exercice. Or le droit français lie très fortement l’exercice de pouvoir agir en justice à la possession d’un domicile, d’où la question centrale : est-on sujet de droits si, faute de domicile, on ne peut agir en justice ? Si en théorie les SDF, lorsqu’ils sont domiciliés et/ou bénéficient de certificats d’hébergement, sont des sujets de droit et des personnes juridiques, cependant, dans les détails et les silences des textes ainsi que dans la pratique, force est de constater qu’ils ne bénéficient pas de tous les avantages attachés à la personnalité juridique : le régime qui leur est appliqué est souvent spécifique, et s’écarte alors du droit commun. Si l’on ajoute la question du non-recours, comment les SDF peuvent-ils faire valoir leurs droits ?
Intervenante :
Marion JENKINSON, doctorante en droit public, CERSA, Université Paris II
Panthéon-Assas.
Titre de l’intervention : « Les SDF : personnes juridiques, sujets de droit ?
Jeudi 28/04/2011 Thème :
Argumentaire : Dans le glissement de l’Etat social vers l’Etat pénal qui entreprend de normaliser l’ensemble de ceux pour qui le précariat est devenu le régime ordinaire de mise au travail, l’Etat, dans sa posture néolibérale a-t-il seulement les moyens de ce qu’il prétend ? N’est-il pas victime des contradictions de ses choix politiques ? Ces dernières n’impliquent-elles pas qu’il délègue alors sa mission de sécurité publique, comme il l’a fait pour l’urgence sociale, au domaine privé ? Avec quelles conséquences pour les citoyens les plus paupérisés et les autres ? Intervenant : Laurent BONELLI, Maître de conférences en sciences politiques, Groupe d’analyse politique, Université de Paris-Ouest-Nanterre La Défense Titre de l’intervention : « Police de la misère et misère de la police ».
Jeudi 12 /05/2011. Thème :
Argumentaire : Classiquement, l’étude des situations « extrêmes » vécues par ceux que l’on désigne symptomatiquement sous le nom de « dominés » conduit à mettre en exergue des formes de dépossession de soi. Appréhendées ainsi, ce sont autant de « non expériences » dont le chercheur semble finalement n’avoir que peu à dire. Les travailler au contraire comme autant d’expériences inédites permet d’interroger les formes d’affirmation de soi malgré tout, de préservation d’un quant à soi qui transcende cette logique purement négative de la privation. Ne peut-on pas dire que, paradoxalement, sur le modèle de James Scott et des exemples qu’il relève dans le monde de l’esclavage, ou encore de celui des camps ou de tous les stigmatisés, ce sont ceux qui sont affrontés aux conditions extrêmes qui ont le plus de chances, sociologiquement parlant, de se dédoubler et d’objectiver un univers de souffrances avec lequel ils ne peuvent pas ou plus « adhérer » ?
Intervenante :
Claudia GIROLA, Maître de conférences en sociologie, CSPRP, Université Paris
7 Denis Diderot
Titre de l’intervention : « De l’individu négatif à la personne : la lutte quotidienne d’une vie sans abri »
Jeudi 09/ 06/ 2011 Thème :
Argumentaire : Les travaux contemporains sur les politiques de criminalisation des migrants et des figures de l’altérité mettent en évidence les modalités de redéfinition des frontières externes et internes des sociétés contemporaines sur la base de la désignation de l’étranger comme une menace contre la sécurité, l’identité et l’autochtonie stato-nationales. Quel modèle d’interprétation de ces politiques globales peut-on proposer à partir de la notion anthropologique et politique des « guerres de capture ». Il apparaît que celle-ci permet d’analyser conjointement la triple action des Etats (militarisations/privatisations), des marchés (dérégulations/segmentations) et des productions culturelles (néoracismes/autoethnonymies) dans cette configuration actuelle typique de la mutation postcoloniale qui consiste à inclure en excluant.
Intervenant :
Marc BERNARDOT, Professeur de sociologie, CIRTAI/TERRA, Université du
Havre
Titre de l’intervention : « Harceler, trier, déterritorialiser : guerres de capture et altérités »
Contacts : patrick.bruneteaux@univ-paris1.fr / cedric.fretigne@u-pec.fr / daniel.terrolle@wanadoo.fr