Mots clefs
Anvers | Adaptation | dépolderisation | Déplacement des activités économiques | Aménagement du territoire | Anthropologie | Belgique |auteur-s
- Bruzzone Silviarésumé/extrait
Présentation du cas et des axes de recherche.
à propos
Présentation du cas et des axes de recherche.
Date
avril 2011En Europe, bien qu’on ne puisse pas parler de déplacés environnementaux dans un sens strict du terme, on remarque quand même l’existence de pratiques liées au changement climatique qui entrainent des déplacements, si non de population, au moins d’activités économiques.
C’est le cas par exemple de la transformation de la destination d’usage de la terre suite à la mise en œuvre de la pratique de dépolderisation ou, en anglais, managed retreat. Il s’agit d’une technique qui a acquis une importance croissante dans les pays affectés par l’érosion côtière, liée à la hausse du niveau de la mer en conséquence du changement climatique. La Grande Bretagne en particulier, mais aussi les Pays Bas et plus récemment la Belgique et la France sont concernés. L’idée est que face à la hausse du niveau de la mer les traditionnelles défenses ne représentent plus une solution durable, ni d’un point de vue économique, ni en terme d’efficacité, dépolderiser représente une pratique alternative pour les anciens polders agricoles – c’est à dire les terres gagnées dans le passé à la mer grâce à de systèmes de protection - les barrages sont perforés ou baissés pour laisser l’eau envahir la terre. La terre qui est ainsi submergée fonctionne comme frein aux phénomènes d’inondation majeur (liés le plus fréquemment aux tempêtes ou à l’effet des marées). Il s’agit d’une technique très intéressante du point de vue anthropologique car elle renverse le traditionnel processus de conquête de l’homme sur la mer, pour redonner de l’espace à l’eau.
Le présent travail se concentre sur un cas de dépolderisation en Belgique, près d’Anvers. Il s’agit de la transformation – actuellement en cours - de 600 hectares de terre agricole en zone inondable : 70 exploitations agricoles laisseront progressivement la place à un milieu naturel, créé par dépolderisation qui a une fonction défensive (contre les inondations) et une haute valeur écologique.
La réflexion sur la portée et les conséquences de cette reconversion dans l’usage des terres lié au changement climatique est encore très peu développée.
En particulier, comment le processus de transformation dans l’usage de la terre est géré - du point de vue économique mais aussi sociale, culturel - non pas par les acteurs du terrain : décideurs politiques, agriculteurs, mais par d’autres stakeholders ?
Dans quelle mesure le changement climatique devient donc un nouvel enjeu dans le processus de décision et de mise en place des politiques liées à la gestion du territoire ?
Étant donné le cout foncier des terres agricoles et le manque constant de disponibilité en particulier dans les Flandres, dans quelle mesure les activités concernées pourront effectivement être déplacées ou seront plutôt obligées de cesser ?
Dans ce dernier cas, quelles sont les mesures de compensation ?
L’hypothèse qui anime ce travail est de considérer qu’un des effets majeurs du changement climatique sur le territoire européen concernera le changement de destination d’usage du sol ; ce qui implique la nécessité de faire face à cette perspective par des études qui approfondissent l’analyse de la nature et de la portée du phénomène, et l’analyse de l’adoption des mesures pour sa prise en charge politique.