Le programme "TRANSGUERRES"
"Transformations des guerres. Dispositifs privés et publics de mobilisation et de gestion de la violence". Programme pluriannuel (2006-2008) de recherche collective financé par l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre d’un appel d’offre "blanc" (sans contrainte thématique) en sciences humaines et sociales. Le programme est dirigé par Michel AGIER, (Directeur du Centre d’Etudes Africaines de l’EHESS) en collaboration avec Remy BAZENGUISSA (Lille 2, CEAf).
TRANSFORMATIONS DES GUERRES. Dispositifs privés et publics de mobilisation et de gestion de la violence.
3 ans, de janvier 2007 à décembre 2009.
Michel AGIER (IRD, EHESS, CEAf) en collaboration avec Remy BAZENGUISSA (Lille 2, EHESS, CEAf).
Agence Nationale de la Recherche (ANR) : Appel d’offres "blanc" en Sciences Humaines et Sociales 2005.
EHESS / CEAF
IRD / ENSA.M
1 - Contexte scientifique et objectifs du projet
Ce projet d’étude articule deux domaines trop souvent séparés : les études régionales et locales des affrontements et conflits réels, classiques, d’un coté ; de l’autre les considérations sur les phénomènes de modernisation des moyens et des doctrines concernant la question de la sécurité collective, et des différentes forces appelées à l’assurer. Ces deux domaines de réflexion peuvent aussi être lus en fonction des zones géographiques où se déroulent les affrontements réels, et qui distinguent en gros d’une part « le Sud », et d’autre part les Etats du « Nord » qui consacrent généralement de telles ressources budgétaires et économiques au domaine militaire que les modernisations techniques, l’intervention des acteurs économiques du marché, et in fine les institutions politiques nationales changent radicalement les conditions d’emploi de la force.
Le projet ci dessous, rassemblant des équipes de spécialistes de l’EHESS et des chercheurs de différents niveaux qui leur sont liés, vise à susciter les rencontres permettant de dépasser l’opposition entre « spécialistes de terrain » et « théoriciens », en prenant en compte et confrontant des terrains d’enquête et d’analyse de différentes échelles. Une question parcourt les différentes échelles et problématiques du projet, celle de la redéfinition des rapports entre privé et public. D’un côté, les mobilisations locales violentes font passer la violence des mondes privés jusqu’à des formes socialisées de milices rurales ou urbaines. D’un autre côté, la privatisation des interventions armées des pays du « Nord », celle des organisations et des personnels exécutant les tâches guerrières ou sécuritaires, tendent à défaire l’unité de temps et d’espace de la guerre, à sous-traiter et démultiplier ses opérations, et à réduire le rôle opérationnel des États. L’une et l’autre tendances se rejoignent autour de questions comme la stabilisation des milices guerrières en forces mercenaires, ou comme les circuits mondiaux/locaux du trafic d’armes.
2 - Description du projet, méthodologie
Ce projet comprend deux axes : d’un côté, les formes rurales et urbaines de mobilisations violentes et, de l’autre, les transformations technologiques des guerres et les nouveaux dispositifs sécuritaires et humanitaires. Le premier axe vise à rendre compte comparativement de trois configurations typiques – le « groupement néo-segmentaire », le « vigilantisme » et les « écuries ». Ces configurations semblent dépendre des dispositifs de gouvernementalité spécifique. Le second axe s’intéresse au contexte de la guerre elle-même. Celle-ci est abordée du point de vue de ses conditions technologiques et des phénomènes de privatisation des organisations guerrières et sécuritaires à l’échelle globale. Elle fait également l’objet d’enquêtes sur le « dispositif humanitaire » qui accompagne ou prolonge le conflit armé. L’attention sera portée sur le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés et sur les « populations civiles » en tant que catégorie construite par les cadres guerriers et humanitaires.
Les études sur le premier axe seront conduites à partir d’enquêtes empiriques de terrain. Ainsi, chacune des configurations de mobilisation sera respectivement appréhendée sur des sites d’enquêtes sélectionnés : la Nouvelle-Calédonie, la Côte d’Ivoire et le Congo-Brazzaville. Ce travail de terrain réalisera ainsi une visée comparative.
Le travail de recherche et d’analyse sur les acteurs non étatiques s’appuiera sur une veille documentaire et bibliographique constante durant les trois années du projet autour des productions internationales sous diverses formes (ouvrages, articles scientifiques, rapports, littérature grise) dans l’analyse de la transformation des guerres et des nouveaux rapports entre institutions publiques et privées dans la gestion de la violence. Ce travail théorique sera complété par neuf enquêtes de terrain dans les grands centres de réflexion et de décision stratégiques américains et européens (Washington, New York, Londres, Bruxelles, Genève et Paris) pour analyser plus précisément les paramètres et les dynamiques de ces changements globaux.
Quant aux enquêtes sur le dispositif humanitaire et de contrôle formé par le HCR et autour du HCR, se dérouleront tout à la fois en Europe, en Afrique de l’Ouest et en Afrique du nord. Il s’agit d’appréhender le dispositif sur quatre « fronts » : 1) celui des politiques publiques et des réactions du monde associatif ; 2) celui des camps de réfugiés. 3) Celui des stratégies du HCR et de la définition de sa politique. 4) Celui des dispositifs humanitaires mis en place tout au long des parcours de fuite. 5) Enfin, celui de la reconstruction identitaire par les acteurs sociaux impliqués dans le conflit.
3 - résultats attendus
Ce projet vise à :
Contribuer à la compréhension des conflits violents par l’analyse fine des processus de médiation entre les appareils d’État et les formes locales de mobilisation.
Contribuer à la compréhension des nouvelles formes de conflit par les processus de porosité entre sphère publique et sphère privée.
Former de doctorants à la recherche sur les conflits.
Faciliter la prise en compte de la réflexion stratégique dans les institutions et disciplines universitaires classiques
Participer aux échanges et efforts notamment européens en matière d’établissement d’un réseau de compétences en Europe.
Disséminer des résultats de la recherche dans le milieu académique et auprès d’institutions impliquées dans les opérations de désarmement, démobilisation et réintégration
Etendre les compétences françaises au sein des instances internationales et l’aptitude à répondre à leurs sollicitations dans ces domaines, en particulier auprès des institutions européennes concernées (Bruxelles et Strasbourg) en suscitant des échanges et rencontres avec les centres de réflexion comparables.
Nom | Prénom | Emploi actuel | Discipline |
ABDERRAHIM | Anas | Doctorant EHESS | Histoire |
AGIER | Michel | DE-EHESS DR-IRD, CEAf | Anthropologie |
ATONDI | Ibéa | Doctorante EHESS | Histoire |
BAZENGUISSA | Rémy | MC-Lille-1, CEAf | Sociologie |
BOBO | Samuel | Doctorant (Univ. Bouaké, C-I) | Sociologie |
BRIGOT | André | Professeur | Sciences économiques et sociales |
CHAUVEAU | Jean-Pierre | DR-IRD, ENSA.M | Socio- anthropologie |
COURBET | Alice | Doctorante EHESS | Anthropologie |
DUMAS | Hélène | Doctorante EHESS | Histoire |
KOUAMÉ | Georges | Doctorant (U. Abidjan-Cocody) | Ethno-sociologie |
LE PAPE | Marc | CR-CNRS, CEAf | Sociologie |
MAKKI | Sami | Chargé de conf. EHESS | Sociologie |
MARTIN | Baptiste | DoctorantEHESS | Anthropologie |
NAEPELS | Michel | CR-CNRS, GTMS | Anthropologie |
OUATTARA | Hervé | Doctorant (U. Abidjan-Cocody) | Ethno-sociologie |
ROLLAND | Stellio | Doctorant EHESS | Anthropologie |
SCARELATTIS | Giulia | Doctorante EHESS | Anthropologie |
SUAREZ | Natalia | Doctorante EHESS | Sociologie |
TALLIO | Virginie | Doctorante EHESS | Anthropologie |
VALLUY | Jérôme | MC-Univ. Paris-1 et CEAf | Science politique |
YENGO | Patrice | CEAf, Codesria | Anthropologie |